Il y a quelques mois, le gouvernement britannique a signé la fin de la vente des véhicules thermiques sur son territoire dès 2030, et la fin de la vente des véhicules hybrides 5 ans plus tard. Sûrement de l’humour anglais, lorsqu’on sait le nombre hallucinant de marques mythiques qui siègent au Royaume-Uni. Sans toutes les citer, il y a Bentley, Rolls-Royce, Aston Martin, Jaguar, Lotus, Caterham, Morgan, Ultima, Noble, McLaren, Radical… La pilule a encore du mal à passer aujourd’hui, mais apparemment les marques font avec.

En novembre dernier, le président de Bentley a annoncé que la marque plus que centenaire allait devenir une marque de voitures 100% électriques dès 2030 car, pour lui, l’avenir de l’automobile, c’est la fée électricité. On ne va pas entrer dans des débats interminables pour savoir si oui ou non l’électricité est l’avenir (la réponse est non, pas vraiment), cela ne nous intéresse pas. Le type de carburant choisi dépend seulement de l’utilisation que vous faites de votre véhicule. Cela dit, la marque a annoncé également vouloir n’utiliser que des terres rares recyclées pour ses batteries. Intéressant, tout en étant un peu utopiste. Pour avoir travaillé sur les terres rares en classe de Première, je peux attester du fait que les terres rares ne sont pas recyclées, pour le moment, car il n’y a pas de marché et que cela reste trop coûteux. Espérons pour Bentley que cela fonctionne.

Pour le rival de toujours de Bentley, et son ancien propriétaire, Rolls-Royce, il en va de même. Mais un petit bond en arrière pourrait faire peur. En 2011 déjà, Rolls avait présenté un modèle unique à motorisation électrique, la 102 EX. Une Phantom électrique, audacieux de la part d’un constructeur qui a une clientèle si conservatrice – c’est V12 ou rien. Incompris, ce concept a été remisé au placard. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, de l’essence a coulé dans mes veines, et Tesla a redistribué les cartes de l’automobile. BMW, détenant Rolls-Royce depuis 2003, fait des progrès sur la motorisation électrique, grâce à son engagement en Formule e et à la commercialisation depuis 2013 de sa i3, la citadine électrique. Dernièrement, les bavarois ont sorti le iX3, le SUV électrique, et s’apprête à lever le voile sur la i4. Pourquoi parler de BMW dans un paragraphe sur Rolls ? Tout d’abord parce que, encore une fois, BMW détient Rolls-Royce, et que la marque anglaise se doit de ne faire aucune erreur lorsqu’elle propose un véhicule à ses clients. Ainsi, autant que les expériences se fassent sur la gamme BMW, dont la clientèle est moins exigeante que celle de Goodwood. Une éventuelle Phantom électrique serait dans les cartons, et l’hybridation d’un Cullinan serait une excellente idée.

Aston Martin a loupé son départ concernant l’électrique avec une Rapide E, la déclinaison électrique de sa sublime limousine, limitée à 155 exemplaires. D’abord annoncée pour 2018, nous ne l’attendons plus, le projet ayant été écarté désormais. Mais c’est Aston, donc on leur pardonne. D’ici 2030, la marque va pourtant devoir associer des moteurs électriques aux moteurs thermiques qui composent la gamme Aston. D’ailleurs, pour montrer que la marque sait faire des hybrides, elle commercialise la Valkyrie, l’hypercar ultime, celle qui fera tomber les chronos de n’importe quel circuit. Attendue comme le Messie, la Valkyrie s’attend également… Bientôt, paraît-il, le DBX — découvrez-le ici — proposera une motorisation hybride. Un équipement bien venu quand on sait que tous ses concurrents proposent ou vont proposer une telle motorisation. Pour une fois qu’Aston serait dans l’air du temps…

Comme dit dans l’introduction, Jaguar va abandonner ses gros moteurs. Nous devrons donc dire adieu aux merveilleux V8 à compresseur et devrons nous consoler sur les F-Type R, les XE SV Project 8, Project 7. Avouez qu’il y a pire comme cadeau d’adieu, mais cela fait toujours mal de quitter des amis si attachants… D’ici 2025, demain quoi, toutes les Jaguar seront électriques. Si l’on voit le monde avec un œil écolo, cette nouvelle est bonne. Mais si on le voit d’une manière purement économique, c’est un virage très cher qui n’apporte, pour l’instant, pas ses fruits, le I-Pace ne se vendant pas comme des petits pains… La marque souhaite monter en gamme pour concurrencer Bentley et Aston Martin. Ambitieux le Jaguar…

Chez McLaren, la transition se fait en douceur, avec un passage par l’hybridation, avec l’Artura notamment, à découvrir ici. Hybride pour la performance, mais hybride quand même. La Speedtail, la réinterprétation de la mythique McLaren F1 de Gordon Murray, est également hybride, tout comme la P1 de 2013, et sa remplaçante, qui devrait arriver d’ici 2 à 3 ans. Les dirigeants ont également avoué qu’une McLaren électrique allait arriver avant 2030… Un crève-cœur ? Attendez de lire la suite…

Eh oui, il y a pire que McLaren. En Italie, l’arrivée d’une Ferrari 100% électrique serait réalité avant 2030. Pour faire passer la pilule, encore une fois, la marque mythique a d’abord conçu des voitures totalement folles à motorisation hybride. La première hybride de la marque est arrivée en même temps que la P1 de McLaren, elle se nommait Ferrari LaFerrari. Forte de 963 chevaux, cette hypercar était mue par un V12 atmosphérique de 800 chevaux auquel les ingénieurs de la marque ont eu la bonne idée d’intégrer une technologie directement venue de la F1, le Kers, délivrant 179 chevaux. 800 + 179 ne fait pas 963 mais les puissances des moteurs électriques et des moteurs thermiques ne s’additionnent jamais, ou presque. Puis, un vide. Pendant près de 6 ans, aucune nouvelle de la technologie hybride chez Ferrari, sauf pour la Formule 1. Et c’est alors que la marque prend tout le monde de court et sort la voiture de série la plus puissante du monde : la SF90 Stradale, à découvrir ici. 1000 chevaux, en vente libre. Ce qui constituait une prouesse avec la Bugatti Veyron en 2005 est devenu banal aujourd’hui, en 2021. Sur le circuit de Fiorano, celui de Ferrari, la SF90 Stradale collerait une seconde pleine à la LaFerrari. A ce niveau de performances, grapiller un dixième c’est déjà excellent, alors une seconde… Mais, pour avoir entendu des mécaniciens manœuvrer avec une SF90 Stradale par la seule force des 220 chevaux électriques, une Ferrari qui ne fait pas de bruit cela semble inconcevable. Une page se tourne, mais je crois que je vais relire les chapitres précédents…

Toujours en Italie, Lamborghini travaille depuis longtemps sur la remplaçante de l’Aventador, sortie en 2011. Si ses performances vieillissent plutôt bien, son moteur ne prend pas une ride. Mais le taureau enragé a signalé que sa remplaçante, dont on ne sait pas encore le nom, se devra d’être hybride. Avant de sortir vos couteaux pour aller taillader les dirigeants de la marque, regardons plutôt les solutions d’hybridation que souhaite utiliser Lamborghini. Avec la Siàn FKP 37 et la Terzo Millenio, Lamborghini a montré qu’ils souhaitaient aller à contre-sens par rapport aux autres marques avec non pas des tonnes de batteries et d’innombrables moteurs électriques, mais plutôt des supercondensateurs. L’utilisation de ce superlatif donne l’aspect d’une technologie digne de films de science-fiction. Eh non. En effet, si cette solution n’est utilisée nulle-part ailleurs, c’est parce qu’elle ne colle pas à la philosophie de toutes les marques. Ne développant que 34 chevaux, ces supercondensateurs ne peuvent être utilisés que pendant un très court instant. Alors, pourquoi Lamborghini l’utilise ? Parce que cette technologie promet de ne peser que 34 kg. Contrairement aux autres marques qui annoncent une prise de masse de plusieurs quintaux pour, certes, plus de puissance. Ainsi, l’adoption de cette technologie dans la Sian ne la pénalise pas tant que ça sur son rapport poids/puissance, chiffre bien plus intéressant à regarder que seulement la puissance. Alors, la remplaçante de l’Aventador portera toujours un V12 derrière ses occupants, mais avec un ou des supercondensateurs.

Retournons au pays du Brexit, pour parler d’une autre marque, qui me fait rêver depuis tant d’années, qui a été ma première expérience en voiture de sport, qui plus est sur un circuit. Que demander de mieux ? Si Colin Chapman savait ce que va devenir sa petite entreprise… Pour les plus connaisseurs, vous aurez compris que la petite entreprise – qui connait une belle crise d’ailleurs, puisqu’elle arrête la production de 2 de ses modèles, c’est-à-dire une diminution de 66,66% de sa proposition commerciale – se nomme Lotus. L’Elise et l’Exige ont pris la porte, seule l’Evora résiste encore un peu, mais pas pour très longtemps. Pour faire parler de son actualité, les marques automobiles de sport se doivent de fanfaronner pour exister. Lotus, qui n’a pas eu une actualité très riche depuis la sortie de l’Evora, c’était en 2008, a décidé de se lancer dans le segment des hypercars. Dans ma tête, l’ange dit que c’est une bonne idée pour montrer ce que la marque sait faire ; le diable dit que ça ne va pas avec le leitmotiv de la marque : light is right, en gros le poids est l’ennemi. Or, une hypercar embarque forcément des technologies avant-gardistes, et donc lourdes. De plus, cette hypercar sera électrique. Rien qu’à écrire Lotus électrique j’ai des fourmis dans les doigts. L’utilisation de batteries et de moteurs électriques coûte très cher en poids. Et comme si cela ne suffisait pas, Lotus annonce une puissance ahurissante, avant elle, aucune marque n’avait annoncé un tel chiffre, de 2000 chevaux, soit plus de 4 fois la puissance de la plus puissante des Lotus Evora. Quant au poids, la marque annonce 1680 kg à sec. Lourde, très lourde pour une Lotus, presque deux fois la masse de la plus légère des Elise. Ça, c’est si on voit le verre à moitié vide. Si on le voit à moitié plein, on peut dire que 1680 kg c’est la masse la moins élevée de toutes les hypercars électriques. Le sourire commence à revenir ?

Et lors de la Renaulution, Luca De Meo a annoncé avoir signé un partenariat avec Lotus, pour Alpine (si vous souhaitez avoir plus de renseignement sur la Renaulution, c’est ici). La marque au A bleu devenant une marque 100% électrique, et Lotus également. La remplaçante de la fabuleuse A110 reposera sur la même base que la future Lotus Elise. Espérons que ce partenariat se passe mieux que le précédent concernant Alpine, qui a divorcé avec Caterham 2 années après la signature du contrat. L’avenir nous le dira.

En Suède, la marque Volvo souhaite devenir une firme 100% électrique d’ici 2030. Appartenant au groupe Geely depuis 2010, Volvo s’est déjà essayée à la motorisation dite sans émissions avec la jeune marque Polestar. Alors qu’elle était la griffe sportive de la marque suédoise, Polestar est devenue la marque avant-gardiste du groupe Geely. Son premier modèle, le bien nommé Polestar 1, annonçait déjà la couleur, avec une motorisation hybride disposant de la plus grande autonomie en 100% électrique : près de 120 km. Si 120 km ce n’est pas beaucoup pour un véhicule électrique, sachez qu’une Toyota Prius IV, la dernière, ne propose que 50 km d’autonomie. Ensuite, le Polestar 2 est arrivé, avec une carrosserie non plus de coupé comme le premier modèle mais celle d’une berline un peu surélevée, me rappelant les BMW Série 6 GT. Sauf qu’ici, il est électrique. Ainsi, Volvo bénéficiera d’ici la décennie prochaine des technologies développées par Polestar, à l’instar de bien des marques…

En effet, la marque mythique Porsche a développé sa berline électrique Taycan grâce à une jeune société d’hypercars électriques Rimac. Ce nom vous est sans doute inconnu. Pourtant, l’entreprise a fait parler d’elle à cause d’un accident grave survenu lors du tournage de la première saison de The Grand Tour, l’émission de l’ancien trio de Top Gear May-Clarkson-Hammond, où ce dernier a fait plusieurs tonneaux avec la première réalisation du Croate, la Concept-One. Forte de 1224 chevaux, cette dernière représente une vision du futur de l’automobile de sport, bien différente de celle de Tesla. Ensuite, est venue la C-Two, le deuxième modèle de la jeune firme, avec 1914 chevaux. Intéressé par ces prouesses dans un pays où l’automobile n’est pas un pilier majeur, Porsche a décidé d’entrer dans le capital de Rimac. Aujourd’hui, ils détiennent environ 15,5% du capital de la marque. De grandes choses sont en train de se passer au sein du groupe Volkswagen avec des passages de marques sous le giron d’autres, mais rien n’est vraiment sûr, alors nous n’en diront rien, et attendons les prochaines nouvelles, officielles, d’ici la mi-2021.
Restons en Allemagne, et regardons le trio premium. BMW a sa gamme i, avec la i3, i3s, iX3 et bientôt i4. Ses déclinaisons hybrides se distinguent des versions 100% thermiques avec la lettre e qui remplace les lettres i ou d, respectivement pour les essences et les diesels. Mercedes débute dans le marché de l’électrique avec la gamme EQ, avec le SUV EQC puis EQA, les versions électriques des GLC et GLA. Bientôt verrons-nous la limousine EQS, sur base de Classe S. Pour l’hybridation, la marque à l’étoile applique le badge EQ Power. Audi commence sa gamme électrique avec le SUV e-tron, décliné en Sportback, en SUV coupé. Puis, dernièrement, une berline-coupé 100% électrique e-tron GT et la RS e-tron GT, à découvrir ici. En somme, entre les trois marques, celle qui paraît la plus en avance est BMW. Elle a sorti la BMW i3 dès 2013 quand les autres ont attendu 5 ans pour lancer leurs premières voitures électriques.




De l’autre côté de l’Atlantique, Ford commence l’électrification de sa gamme, et annonce que tous les modèles importés en Europe seront 100% électriques dès 2025. Leur premier modèle électrique, le Mustang Mach-e, se vend plutôt bien et, d’après certains avis, serait réussi. Le trouvant grossier, je n’en suis pas fan. Mais si ses ventes permettent à la marque de pouvoir continuer à développer des Mustang, des vraies, alors pourquoi pas… Les rumeurs parlent déjà d’une Mustang électrique, d’autres disent qu’elle sera proposée en hybride, mais ma préférée parle d’un V8 de plus de 7 litres de cylindrée. Désolé chers ours polaires, mais cette rumeur me donne envie de l’entendre hennir, ce cheval au galop.
Chez General Motors, rien ne bouge vraiment, étant donné que le groupe ne propose plus aucun modèle sur le sol européen, exceptée la Chevrolet Corvette C8. La première à moteur arrière, un crime ? D’après les essais, non, d’après l’histoire non plus, mais son âme est perdue. Elle est visible à Tours, dans le showroom de Chassay.

Comme je le disais précédemment, General Motors ne distribue plus aucune marque en Europe. Ils ont retiré les gammes Chevrolet et Cadillac pour laisser plus de place à Opel, ces dernières étant des Chevrolet rebadgées. Sauf qu’en 2017, Opel a été racheté par PSA (devenue Stellantis par la fusion avec FCA) pour en faire une marque de véhicules 100% électriques. Encore une… Sauf que cette annonce a été faite en 2017, soit 4 ans avant toutes les autres marques précédemment citées. De là à dire que Peugeot lit l’avenir… Aujourd’hui, la gamme d’Opel propose une Corsa e, et bientôt un Mokka e, qui sont toutes deux des Peugeot 208 et 2008 électriques, avec un dessin allemand, robuste. Avec le temps, Opel proposera peut-être de vrais modèles personnels, mais pour l’instant l’heure est à la rentabilité maximale.

Toujours chez Stellantis — plus d’informations sur cette fusion ici —, Fiat débute l’électrique avec la très réussie 500e. Mais nul doute qu’avec les accords avec PSA, les synergies vont permettre l’électrification de toute la gamme, notamment celle des autres marques, comme Alfa Roméo, Jeep, Lancia… Concernant la marque de luxe du groupe, Maserati, la dernière née MC20 — à découvrir ici — sera bientôt électrifiée, puis sera proposée en 100% électrique. Le SUV Levante devrait bientôt être électrifié, tandis que les berlines commencent la fin de leurs vies, et risquent de n’être proposées qu’en version hybride avec une déclinaison électrique. À l’image de Jaguar, Maserati nous a tout de même gâtés avec des Ghibli et Quattroporte Trofeo et leurs V8 monstrueux, ou encore la radicale mais aseptisée GranTurismo MC Stradale. Merci à eux.
En France, outre Peugeot et Citroën qui commencent doucement dans l’électrique, Renault pense à la remplaçante de la Zoe, la Renault 5 électrique, présentée lors de l’annonce de la Renaulution.

L’électrique semble être l’avenir. Espérons que nous ne nous trompons pas, comme cela a été le cas avec le diesel. L’électrique répond à quelques usages, je l’admets, mais pas à tous. Les innovations sur les moteurs thermiques se sont faites en plusieurs décennies grâce au sport automobile. Aujourd’hui, les voitures électriques de route arrivent avec plus d’innovations que les Formule e. Les connaissances doivent prendre leur temps pour qu’elles soient réellement viables. Mais les législations ne vont pas dans ce sens. Electricité et sportivité, même si bluffantes l’une avec l’autre, ne peuvent donner autant de sourire que le mélange air/carburant. Mais attendez ! Porsche a annoncé travailler sur un carburant synthétique lors de la présentation de la 911 GT3, à découvrir ici. Ce carburant baisserait les émissions polluantes de près de 85%. Le compte n’y est pas si l’on considère que les voitures électriques ne provoquent pas de pollution à l’usage. Sauf que, de la « source à la roue », la voiture électrique et la voiture thermique roulant avec du carburant synthétique produirait la même quantité de CO2. Un sourire se dessine sur mon visage, d’autant que ce carburant serait compatible avec la dernière GT3 sans modification aucune. Incroyable, mais vrai d’après la marque. Les tests débuteront l’année prochaine. D’ici là, continuons à rouler.