
Le poids, le poids et encore le poids. Obnubilé par la masse de ses voitures, Colin Chapmann s’évertuait à répondre, après chaque victoire sur sa Seven, la même phrase « light is right ». Si les Lotus Elise, Exige et Evora ont pris une retraite bien méritée, il n’en était pas encore totalement terminé du moteur à combustion interne, avec la Lotus Emira et ses deux propositions : 4 cylindres ou V6, les deux turbocompressés et en provenance de Mercedes-AMG. Toutefois, avec son rachat par Geely et les prises de décision des gouvernements, Lotus s’est engagée dans l’électrique. En témoigne son premier modèle sans échappement, l’hypercar Evija. La plus puissante du monde, elle développe 2000 chevaux pour 1680 kg. Trois modèles étaient également en préparation. La Type 130, la future Lotus Elise conçue en collaboration avec Alpine pour sa future A110. La Type 131, berline Lotus que l’on espère intéressante. Et la Type 132, le SUV selon Lotus. Déjà, deux choses qui ne vont pas ensemble : SUV et léger ne font pas bon ménage. Ne partons pas pessimistes, et voyons ce qu’il propose cet Eletre. Dans la langue portugaise, le mot Eletre signifie électrique, mais dans les pays de l’Est, cela signifierait venir à la vie. On est loin du sentiment d’appartenance à la famille Lotus que nous proposait l’Elise… Car cette dernière s’appelle ainsi en référence à la fille de son décideur, le fameux Romano Artioli. Passons.

A quoi ressemble ce SUV ? Eh bien purement et simplement à un SUV électrique comme un autre à première vue. Partis d’une feuille blanche, le bureau de design de Lotus basé en Grande-Bretagne a dessiné un SUV dont on retrouve certains éléments inspirés des voitures de sport de la marque. Comme bon nombre de SUV électriques, et de Lotus normales, l’empattement est très long, les roues positionnées aux quatre coins du châssis et les porte-à-faux réduits à leur plus simple appareil. Ainsi, le SUV mesure plus de 5,1 mètres de long et près de 2,2 de large (rétroviseurs compris). L’empattement atteint 3 mètres tous ronds. Les références aux Lotus basses se retrouvent avec cette face avant plongeante. Ethel l’affirme : l’Eletre est dessinée par le vent, ou curved by air pour Shakespeare, comme toutes les Lotus. C’est pourquoi l’auto est parsemée d’ouvertures, d’évents, laissant glisser l’air pour qu’elle rencontre le moins de perturbations possibles. Le pare-chocs avant est ouvert à ses extrémités. Les passages de roues avant comptent des ouvertures devant et derrière.

Tandis que les passages de roues arrière n’en comptent que derrière eux. Des ailettes s’invitent également sur le hayon du coffre, sans lien au milieu pour gagner un maximum de poids, ainsi qu’un becquet actif. Ce dernier comprend 3 positions, lesquelles sont définies selon le mode de conduite sélectionné. L’avant comte également une grille active avec des « pétales » s’ouvrant et se refermant suivant le besoin en refroidissement de la partie moteur. La carrosserie est fabriquée en aluminium. Pour accentuer son côté baroudeur, l’Eletre a choisi des roues de 23 pouces. Dotées d’inserts en fibre de carbone, ces jantes sont conçues afin de laisser passer au mieux l’air. A l’arrière, un bandeau lumineux sur fond noir se colore de quatre teintes, et ce en fonction du niveau de charge de la batterie. Ce bandeau comprend également les clignotants. A l’approche du véhicule, soit avec la clef, soit avec le portable, le SUV donne une chorégraphie à son propriétaire. Tel un paon faisant sa roue pour charmer sa promise, Eletre allume ses phares avant et arrière, ouvre sa grille avant et ses poignées de portes. Tout cela nous invite à grimper à bord.

L’accueil se veut simple, mais efficace. On est loin de la quête de l’essentiel et rien d’autres des Elise S1. Comme dit précédemment, elle est la plus techno des Lotus. Nous retrouvons alors les dernières technologies et modes dans l’habitacle. Sur un tableau de bord en matériau visuellement de qualité trône un écran central flottant de 15,1 pouces. Un autre écran se trouve derrière le petit volant devant les yeux du conducteur, quand un dernier s’étale de tout son long devant le passager. Entre les deux sièges avant, la séparation est conçue en matériaux de qualité et recyclés. Elle comprend deux portes-gobelets de tailles différentes ainsi qu’un espace de chargement à induction. Concernant les écrans, l’interface répond à certains critères, notamment celui de l’accessibilité. Ainsi, 95% des fonctionnalités sont ainsi accessibles en 3 touches seulement. L’interface est également personnalisable et immersive. Son côté Lotus… qui est à retrouver également dans la présence de boutons physiques. Si chauffage, climatisation, fermeture des portes etc. sont activables via l’écran, des boutons physiques existent tout de même, pour les plus old school des propriétaires. Et ce même si une commande vocale dernier cri est installée dans la voiture.

A l’arrière, deux configurations sont possibles, une banquette ou deux sièges séparés par un mur de Berlin made by Lotus. Dans la dernière situation, l’accoudoir central accueille des rangements, un chargeur à induction, des portes-gobelets ainsi qu’une tablette tactile – encore une ! – de 9 pouces, permettant aux occupants arrière de commander le chauffage de leur partie de l’habitacle. Ils apprécieront aussi la connectivité 5G de la voiture, tout comme le système audio. Signé du manufacturier britannique KEF, d’entrée de gamme, nous retrouvons 15 haut-parleurs et 1380W de puissance. En option, le même équipementier propose une puissance de 2160W distribuée via 23 haut-parleurs. Un son accompagnant la « montée en régime » du moteur sera de mise aussi, ainsi qu’à l’extérieur. Terminé le plaisir de rouler silencieux en électrique, il faudra désormais composer avec ce son. Par chance, Lotus n’a pas choisi le pire équipementier, loin de là, puisqu’il s’agit de la société mancelle Sound To Sight.

Technologique et bien équipé, Eletre n’en oublie pas moins d’être relativement avant-gardiste et moderne avec des systèmes d’aides à la conduite poussés. Les rétroviseurs caméras renvoient, naturellement, ce qui se passe derrière la voiture. Mais, sur ces mêmes éléments aérodynamiques, nous retrouvons 2 autres caméras de chaque côté. L’une sert à lire la route, à la filmer, afin de donner une image précise de la voiture dans l’environnement, utile lorsque le conducteur doit faire des manœuvres. L’autre scanne également la route pour le système LIDAR, fierté de l’Eletre. LIDAR, c’est pour Light Detection And Ranging. Une autre première, puisque c’est la première fois qu’un tel système est installé sur un SUV de série. L’automobile est bardée de capteurs, de caméras et de radars afin de proposer le fin du fin des systèmes de conduite autonome du marché. Si besoin, un radar escamotable sort de sa cachette pour communiquer de nouvelles informations sur la route.

La route, l’Eletre va la surplomber et, espérons pour Lotus, l’arpenter plutôt deux fois qu’une. Pour réaliser ce SUV, Lotus a travaillé avec des bureaux partout dans le monde, en Chine, en Suède, en Allemagne. Le véhicule est d’ailleurs assemblé à Wuhan, une ville dont on a beaucoup entendu parler, et pas forcément en bien. Lotus a créé une nouvelle plateforme baptisée EPA, pour Electric Premium Architecture. Comme bon nombre de ses concurrents, le SUV a choisi une plateforme dite skateboard, avec les batteries disposées au plus bas du plancher afin de baisser le centre de gravité. Eletre a choisi d’être intégrale, avec un moteur sur le train avant et un sur l’arrière-train. Environ 600 chevaux électriques animeront le SUV, de quoi atomiser le 0 à 100 km/h en 2,95 secondes très exactement. Nous attendons de vraies données vérifiées. Cela dit, nul doute qu’une accélération de la sorte fera chuter l’autonomie maximale, donnée pour 600 km WLTP normée. Concernant la recharge, Lotus promet que sur une borne 350 kW, il sera possible de récupérer 400 km d’autonomie en seulement 20 minutes.

Un Hyper-SUV, voilà comment Lotus vend son Eletre. Soit. Pourtant, à première vue, il ne s’agit que d’un énième nouveau SUV, rien de plus. Lotus sait qu’il va y avoir discorde dans la sphère automobile. On nous promet une conduite très communicative, un engagement certain du conducteur, enfin tous les éléments qu’on est en droit d’attendre d’une Lotus. Sa cible semble être bien différente de celle de l’Emira ou de feu l’Elise. Le directeur Matt Windle espère que sa vision sera partagée, celle où l’Eletre se retrouvera aux côtés de l’Emira dans le garage des propriétaires. Car, pour lui, l’Eletre a l’âme d’une Lotus et la polyvalence d’un SUV. Après tout, elle est née anglaise et élevée dans le monde.
2 réponses sur « Lotus Eletre »
[…] pari fou de Geely avec Lotus commence déjà à payer. Le grossier SUV Eletre, à peine distribué, devient déjà le modèle le plus commandé de la marque. Comme si […]
[…] entamée par l’arrivée de l’Evija continue avec les premières livraisons du pachyderme Eletre. Et l’annonce de la fin de la collaboration d’entre Lotus et Alpine pour les futures A110 et […]