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Zenvo Automotive

Penser différemment, c’est l’assurance d’être remarqué. Être remarqué contribue à se faire connaître, et se faire connaître permet de vendre ses voitures. Zenvo pense réellement différemment. Mais est-ce que ses pensées tiennent la route ?

Koenigsegg CC8S

Certains pays sont plus fournis en marques automobiles que d’autres. Prenons la France. Aujourd’hui, elle compte trois grandes marques : Citroën Peugeot et Renault, des généralistes qui veulent monter en gamme. Nous pouvons rajouter Alpine, qui assemble un seul modèle depuis 2017, Bugatti si on considère la marque comme française, et c’est à peu près tout. Pas beaucoup donc, mais par le passé, la France regorgeait de grands noms de l’automobile. Delage, Delahaye, DeDion Bouton, Panhard-Levassor, Bollée, j’en passe… L’Allemagne, malgré les problèmes économiques qu’elle a connus pendant le 20ème siècle, possède beaucoup de grandes marques. Audi, BMW, Mercedes, Volkswagen, Porsche… et d’autres évidemment. L’Italie, pareil. Alfa Romeo, Ferrari, Lamborghini, Pagani, Maserati, Fiat, Lancia. Alors que, dans les pays scandinaves… Volvo ? Oui. Elle se tourne volontiers vers la sécurité routière plutôt que sur les performances de ses voitures, et c’est une bonne chose. Mais depuis maintenant près de 20 ans, deux pays scandinaves proposent des voitures de sport. Koenigsegg est fondé en 1995 par Christian Von Koenigsegg en Suède. Seul pendant un moment, une nouvelle marque est venue au monde en 2007, Zenvo.

L’histoire de la création de l’entité, de la marque Zenvo, si nous devions la résumer aujourd’hui avec vous, nous dirions que ce sont d’abord des rencontres, des gens qui se sont complétés, des atomes crochus. Le yin et le yang, les pôles nord et sud de deux aimants. Au départ, il y a un homme, Troels Vollertsen. Ingénieur danois, on l’aurait deviné par son nom, il est une sorte de géo-trouve-tout. Passionné d’automobiles, il considère que les voitures de sport sont puissantes et rapides, et veut en faire une, à lui. Et, dans le même temps, réussir à faire une voiture danoise, ce qui n’existe pas ! Il réalise des plans, chez lui, d’une potentielle supercar, mais seulement dans le côté mécanique, absolument pas dans le design. Comme beaucoup d’artisans, il lui manque également les fonds… Alors, il tente d’en trouver. Les plans commencent à aboutir, mais la réalisation ne peut se faire s’il n’a pas l’argent… C’est en 2007 qu’un financier du nom de Jesper Jensen retentit aux oreilles de Vollertsen. Ce dernier a fait fortune dans la création de logiciels informatiques, et accepte de suivre Troels Vollertsen. Pour le dessin, ils font appel à un bureau de design, Hermann & Brandt Design Consultancy. Le dessin arrêté, les solutions techniques aussi, la mise au point faite, la Zenvo est prête à être dévoilée au grand public. Pour cela, il faut choisir un évènement de taille. Le Salon de Genève voit toutes les super ou hypercars de la planète depuis des lustres. Zenvo pense à un autre évènement. C’est lors de la Grande Parade des Pilotes des 24H Du Mans 2009 que les Danois dévoilent leur vision de l’automobile d’exception. Et cela fait fureur !

Zenvo ST1
Zenvo ST1 Intérieur

Annoncée en vidéo, son premier bain de foule a eu lieu le vendredi 12 juin 2009 dans les rues du Mans. Devant les yeux de centaines de passionnés et de moins amateurs, de manceaux et venant de plus loin, la Zenvo ST1 roule à allure de sénateur pour montrer ses lignes acérées. Agressive à souhait, elle mélange les codes. Très trapue, elle n’est pas haute, à peine 1,2 mètres de haut, elle est cela dit très large, un peu plus de 2 mètres sans les rétroviseurs, et est longue de 4,66 mètres. Des dimensions qui impressionnent également par la largeur « d’épaules » de la voiture, qui semble avoir ajouté un kit carrosserie pour l’élargir. Les phares avant laissent passer l’air pour améliorer le refroidissement de son équipement mécanique. Belle, c’est un mot qu’on ne dirait pas inventer pour elle. Agressive, bestiale, presque intimidante, la Zenvo ST1 ne fait pas dans la demi-mesure dans son design extérieur, et l’intérieur est du même acabit. Volontiers tourné vers la sportivité, la Danoise n’est pas celle qui accueille le mieux ses 2 occupants. Tout ou presque est inédit, avec un volant trois branches simple, un habitacle recouvert d’alcantara. Les sièges semblent maintenir comme il faut les occupants. Et, miracle, une boîte manuelle à 6 rapports trône au centre du tunnel central. A quoi sert-il ? A guider la partition du moteur, en l’occurrence une variante d’un moteur américain. D’une cylindrée de 7 litres, le moteur vient d’une Chevrolet Corvette C6 Z06, qui développait d’origine 550 chevaux. Zenvo ne trouve pas cela suffisant.

Les ingénieurs décident d’y accoupler un compresseur, quand le moteur évolue bas dans les tours, et un turbocompresseur, quand l’aiguille tutoie la zone rouge. Ainsi, il y a toujours du couple du couple du couple, et pas d’effet turbo que l’on ne maîtrisait pas encore à l’époque. Avec une refonte totale du bloc américain, la cylindrée avance 6,8 litres. Elle doit d’ailleurs son nom à sa double suralimentation : ST1 pour Supercharger (compresseur) Turbocharger (turbocompresseur) 1. Zenvo a cru bon de n’envoyer la puissance qu’aux deux roues arrière, qui doivent supporter une déferlante de couple. Ce moteur tout à fait unique sur le marché dispose jusqu’à 1104 chevaux à 6.900 tours/minute et de 1430 nm de couple à 4.500 tours/minute. Selon le mode de conduite, le moteur délivre une puissance différente. En mode Wet, la puissance est de 650 chevaux, en Sport de 850 équidés et seulement en Race, les 1104 chevaux. Malgré ces chiffres impressionnants et cette configuration propulsion, la ST1 annonce un temps de 3 secondes piles pour atteindre les 100 km/h depuis l’arrêt. Elle serait capable de filer jusqu’à 375 km/h. Le tout dans une voiture d’une masse de 1.376 kg à sec, et dans le meilleur des cas.

Zenvo ST1 profil
Zenvo ST1

Car Zenvo s’adapte à ses clients. Une carrosserie tout carbone ? Pas de problème, ils peuvent la faire. Teinte d’une certaine couleur ? Allons y. Les Zenvo mettent du temps à sortir d’usine, puisqu’il n’en sort que 5 par an. Le jeu en vaut-il la chandelle ? D’après l’essai de Jeremy Clarkson pour Top Gear en 2013 d’une première version de ST1, la réponse est plutôt négative… Faite intégralement au Danemark, ne dérivant de presqu’aucune pièce de la grande série, une Zenvo est une pièce unique… et c’est là son problème. Et comme elle était nouvelle lors de l’essai, certains défauts ont été visibles… Comme la surchauffe des freins, de l’embrayage. Même après un retour au Danemark pour revoir ces problèmes et faire à nouveau de belles images, la ST1 s’est enflammée, dans le premier sens du terme. Le moteur à combustion interne est devenu externe, ce qui n’a pas emballé notre ami Clarkson…

Après l’essai, la marque a revu sa voiture. Le moteur est revu de fond en comble, et perd en cylindrée ce qu’il gagne en réactivité, ce qui ne semblait pas faire défaut sur le précédent mais pourquoi pas. De 6,8 litres, on passe à un 5,8, avec toujours autant de cylindres et de puissance. Pour ne pas rester sur cet échec filmé, Zenvo change le nom de son œuvre, de ST1 à… TS1.

Malgré ce malencontreux incident, Zenvo ne s’est pas arrêté là et a continué d’améliorer sa voiture. En août 2012, l’homme d’affaires Jesper Jensen quitte ses fonctions de PDG de l’entité pour se concentrer sur d’autres projets internationaux. Depuis lors, c’est Angela Hartman qui occupe cette fonction. Au mois de mars 2016, Zenvo présente une première variante de la TS1, la TS1 GT. Comme son nom l’indique, elle se destine à une autre utilisation que la ST1. Plus civilisée. De là à dire qu’elle est civile… On nous promet un habitacle plus cossu, accueillant mieux ses occupants, mais la réalité est là. Comme Paris sera toujours Paris, Zenvo restera Zenvo, et la marque de ne s’empêcher de retirer de la matière là où c’est possible, de mettre du carbone alors qu’on aurait voulu du cuir… Une forme d’art, la simplicité, pour se concentrer sur le reste : la conduite. En l’occurrence, Zenvo annonce avoir construit son propre moteur, un V8 5.9 de 1104 chevaux, qui utilise la même suralimentation que le précédent. Un nouveau moteur, pour une voiture qui reste somme toute relativement identique à la première mouture, c’est étonnant. Mais c’est sans doute pour cela que le nom a changé, de ST1 à TS1. Parmi les changements entre les deux moteurs, celui de la position du vilebrequin, positionné désormais à plat. Une orientation que l’on retrouve désormais chez Ferrari et McLaren pour la « grande série ». Toujours est-il qu’ainsi pourvu, la TS1 GT est capable de performances toujours aussi respectables. 3 secondes pour le 0 à 100 km/h, une vitesse de pointe supérieure à 370 km/h, le tout dans un écrin relativement chaleureux, on a connu pire. De plus, en bonne GT qui se respecte, elle abandonne la boîte manuelle pour une boîte double embrayage à 7 rapports, que la marque annonce comme maison.

Zenvo TS GT
Zenvo TS GT

A l’opposé, Zenvo signe un partenariat avec Rebellion, une écurie automobile engagée alors en LMP2 dans le WEC, World Endurance Championship. L’écurie et la marque entamaient toutes deux leur dixième années d’existence. En parallèle, Zenvo a voulu rendre encore plus radicale son hypercar, en ne la réservant que pour la piste. Ainsi naît la TSR, pour Racing. Ou Rapide. La ST1 est tellement bien pensée dès le départ que presqu’aucun changement extérieur n’est perceptible, excepté cet énorme aileron qui trône au-dessus de la malle arrière. Elle partage la même fiche technique que sa sœur TS1 GT, avec 1104 chevaux, 1140 nm de couple, et une masse naturellement plus basse, même si elle n’avance pas de chiffre exact. Le seul qu’elle annonce, sa vitesse maximale, limitée électroniquement à 325 km/h.

Depuis 2009, Zenvo assemble la même voiture, dans quelques variantes différentes, mais somme toute assez semblables. Mais au Salon de Genève 2018, Zenvo propose (enfin) une version plus méchante de son hypercar, une version sans aucun artifice, faite pour la performance, et que cela. Au programme, un moteur revu et corrigé capable de sortir très exactement 1198 chevaux. Intégralement faite de fibre de carbone, elle ne pèse que 1495 kg. De quoi faire tomber le rapport poids/puissance à 1,24 kg/cheval. C’est peu. Le régime est là, mais pour conserver l’intégrité des occupants et garantir des performances à la hauteur de la puissance, il faut un travail aérodynamique poussé. Voilà pourquoi il a été revu, et que nous voyons un aileron un peu étrange sur la partie arrière de la voiture… Cet appendice a fait sensation au rendez-vous helvète car il est mobile.

Zenvo TSR-S
Zenvo TSR-S

Non seulement il sert d’aérofrein comme celui des McLaren Senna, Porsche 918 Spyder, et autres, mais il prend de l’angle également dans le sens de sa longueur. Je m’explique. Cette partie en fibre de carbone est montée sur deux vérins hydraulique, un de chaque côté de la voiture. Suivant l’inclinaison du volant, l’aileron va bouger de droite à gauche (comme les volets d’une Pagani Huayra) pour accroître l’appui sur la roue intérieure, délaisser un peu celle extérieure au virage pour lui permettre de tourner un peu plus vite et donc de mieux négocier le virage. Par exemple, si l’on prend une longue courbe à gauche, le volant incliné légèrement vers cette direction, l’aileron va passer de sa position horizontale vers une position oblique, avec la partie la plus basse du côté de la roue arrière gauche, pour accroître l’appui sur le côté gauche. Et inversement. Baptisé Centripatel Wing, cet aileron fait office de fierté pour la marque, qui ne cesse de faire le tour du monde avec sa TSR-S. Au rayon des accélérations, la nouvelle venue est capable d’abattre le 0 à 100 km/h en 2,8 secondes et le 0 à 200 km/h en 6,8. Malheureusement, cette Zenvo n’a jamais tourné sur aucun circuit réellement pour voir de quoi elle était capable. Malgré tout, elle a réussi son coup de communication avec cet aileron unique au monde. Son tarif se fixe à 1,45 millions d’euros, mais la personnalisation est, soi-disant, sans limite, alors la facture peut augmenter.

En 15 ans, Zenvo n’a pas sorti beaucoup de modèle, pour ainsi dire qu’un seul vrai : la ST1. Oui, elle a connu des évolutions, elle est passée de ST1 à TS1, une version plus utilisable, la TS1 GT, une pistarde la TSR et la pistarde homologuée la TSR-S. C’est peu, en 15 ans. Mais Zenvo fait encore partie de l’univers de l’automobile exotique. Et un nouveau modèle serait en préparation. Un véhicule que nous attendons de pied ferme !  

Zenvo TSR-S
Zenvo TSR-S

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis diplômé en journalisme automobile en 2023.

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