
Depuis 1973, c’est la même rengaine. La Lotus Seven, formidable voiture née dans les années 60, est revue, encore et encore par les ingénieurs de Caterham. Garagiste devenu propriétaire de la licence de la Seven, Caterham fabrique pour les passionnés des répliques de cette voiture iconique. La recette est la plus simple qui soit. Un capot en étui à cigarette, deux phares ronds, des roues aux quatre coins du châssis, un cockpit rejeté sur le train arrière. Et techniquement, moteur thermique à l’avant, jamais plus de 4 cylindres – tant mieux ! – une boîte manuelle au milieu des deux sièges qui transmet la puissance aux roues arrière. Avec Tony Fernandes à la tête de la marque, Caterham a rejoint la Formule 1 pour quelques années et a souhaité donner une nouvelle identité à la marque en fabriquant un deuxième modèle en collaboration avec Renault. Le projet anglais a capoté, mais ce travail franco-britannique a donné naissance plus tard à l’A110. Caterham travaille en même temps sur la Seven et pousse le curseur de la puissance au maximum, tout en descendant celui du poids. La 620R naît, avec un rapport poids/puissance de 620ch/tonne. Ça laisse rêveur. Point de vue électrique en revanche, Caterham semblait encore au point mort. Jusqu’à maintenant.
Il n’y a pas plus pure qu’une Caterham. Le remplacement du moteur thermique par un électrique pourrait donc donner enfin des sensations à cette motorisation muette. En tous cas, tel est le projet avec le concept Seven EV. La marque met les bouchées double en présentant, peu après, la Project V. Et, pour le coup, tout change. Le look délicieusement désuet de l’éternelle gamme disparaît au profit d’un design plus audacieux. De plus, il s’agit d’un coupé ! Il est le plus long modèle jamais imaginé par la marque : 4,25 m. À la tête du design de la marque, un Français qui a fait son petit bonhomme de chemin, M. Anthony Jannarelly. Il signe ici un élégant coupé sportif… électrique. De la Seven, il ne garde rien, ou presque. Quelques détails, comme les phares ronds, rappellent l’intemporel modèle. En revanche, ceux qui ont suivi de près la résurrection d’Alpine, avec Caterham, verront ici des points communs entre le projet C120 et ce modèle nommé Project V. Une véritable source d’inspiration qui donne naissance ici à un design plus ambitieux, plus radical et futuriste.


Du futur ? Dans une Caterham ? Où va-t-on ? À l’intérieur, c’est pire encore. Ça y est, la marque pour qui le plaisir de conduite, et la déconnexion totale du monde extérieur, ou plutôt la reconnexion avec ce qui compte vraiment, installe un écran tactile dans son tableau de bord… Il ne manquerait plus que les sièges massants ! Plus longue, elle est également plus logeable. Grâce à cet espace supplémentaire, la Project V ambitionne d’être une 2+1, voire 2+2 en option. Hâte de voir l’installation du/des passager(s) arrière… Derrière le volant, inédit lui aussi, le conducteur aura droit à plusieurs modes de conduite. Au choix, Normal, Sport, et Sprint, augmentant à chaque fois la puissance et la réponse-moteur. Quand auparavant on jaugeait tout cela au pied…
Mais les temps changent, paraît-il… Alors, changeons avec lui. C’est ce que, pour une fois, Caterham souhaite faire ici, en se pliant aux ordres de la motorisation électrique. D’un point de vue technique, la Project V rappelle un peu l’Alpine A110 E-Ternité. Comme elle, elle limite sa puissance pour préserver un comportement digne d’une sportive plaisir et contrôler son poids. Ainsi, sa batterie de 55 kWh alimente un moteur électrique de 272 chevaux. Il distribue cette puissance aux roues arrière seulement. Et grâce à l’utilisation massive d’aluminium et de fibre de carbone, la masse devrait se stabiliser autour des 1190 kg. Tel est l’objectif des ingénieurs anglais. Le plaisir étant priorisé, les performances ne sont pas mirobolantes. Le 0 à 100 km/h est tout de même effacé en 4,5 secondes, et la vitesse maximale s’établirait à 230 km/h. Du point de vue des pneumatiques, la Project V confie ses liaisons au sol à Michelin, des Pilot Sport 4S. Sa batterie permettrait une autonomie de 400 km, se chargeant de 20 à 80% en 15 minutes minimum. Le tout pour un tarif avoisinant les 80.000 €.

Si l’on suit la démarche de la nomenclature Caterham, et que les objectifs sont atteints, la Project V pourrait s’appeler 228e, pour un rapport poids/puissance de 228 chevaux par tonne. Un chiffre identique à celui de l’Alpine A110 thermique actuelle. Au même prix… Pour voir cette voiture sur la route, il faudra attendre. Caterham parle de 2025-26. Un horizon plutôt proche pour une marque dont les connaissances en termes de motorisation électrique sont proches du néant. Wait and see comme ils diraient !
