Catégories
Nouveautés

Rolls-Royce Spectre

Parce qu’une Rolls-Royce reste une voiture – si, si, malgré ses dimensions et son inaccessibilité pour le commun des mortels, une Rolls est une voiture – elle doit se plier aux réglementations européennes concernant la transition énergétique. Après s’être essayé à l’électrique avec son concept 102EX, Rolls-Royce renoue avec cette motorisation pour un véhicule de série. Le 24ème opus de la saga James Bond donne son nom à cette automobile unique en son genre. Si elle est nouvelle de A à Z, elle n’en demeure pas moins une Rolls-Royce électrique et non pas une électrique arborant le Spirit Of Ecstasy. La différence ? Fondamentale.

Rolls-Royce 102EX

Une Rolls-Royce, par nature, est silencieuse. Mais, par nature, un moteur thermique a des inconvénients sur ce point, que Henry Royce avait déjà souligné lorsqu’il a essayé une voiture électrique au début du XXème siècle. Pas de bruit, de vibrations, ni d’odeurs, la motorisation électrique semble être en totale adéquation avec ce que souhaite proposer Rolls-Royce. Après le concept incompris 102EX de 2011, une Phantom électrique trop en avance sur son temps, le double-R trouve la technologie au point et décide de proposer une voiture électrique de série. Son nom : Spectre, comme le 24ème opus James Bond.

Nous ne l’entendrons pas arriver, c’est certain. Si son tarif de base sera compris entre celui du Cullinan (344.400€) et de la Phantom (463.200), ses dimensions le sont aussi. Avec 5,45 mètres de long, ce coupé ne prend pas la place de la Wraith mais celle de la Phantom Drophead. Bien évidemment, elle reprend les derniers codes stylistiques de la marque, avec cette calandre « Panthéon » élargie encore et éclairée par 22 leds. Les phares amincis rappellent l’exclusive Boat Tail et les plus « conventionnelles » BMW Série 7 nouvelle génération. La ligne fastback étant la plus aérodynamique, elle est reprise ici pour augmenter l’autonomie électrique, nous y reviendrons. Les feux arrière, eux, sont simplistes et dessinés de telle manière à ce qu’ils ne dénotent pas selon les couleurs de carrosserie, qu’importe le choix.

Rolls-Royce Spectre 3/4 arrière
Rolls-Royce Spectre tableau de bord

Accéder à l’habitacle se fait, fort heureusement, par des portes « suicides ». Et un écrin de luxe nous saute aux yeux. Tout n’est que luxe. Des cuirs les plus épais dans les teintes les plus exclusives qui soient aux bois les plus précieux de l’arbre préféré du propriétaire, tout est possible. En bonne contemporaine, Spectre se met à l’instrumentation digitale. Peut-être trop… Pour la première fois, les cadrans derrière le volant sont digitaux, il est donc possible de mettre n’importe quelle couleur en fond, ce qui était impossible auparavant. L’habitacle compte quatre vrais sièges ne souhaitant qu’une chose : être occupés pour voyager. Du ciel de toit aux portes (en option), des milliers de leds incrustées éclairent l’habitacle. De quoi se laisser aller confortablement jusqu’à destination. 

Utiliser de la fibre de carbone serait trop grossier dans une Rolls. Les ingénieurs préfèrent l’aluminium, bien plus élégant. La structure elle-même est donc en aluminium, intégrant les batteries sous le plancher. Les chiffres qui suivent seraient difficiles à digérer pour une sportive, mais il s’agit-là d’une Rolls, donc pas de problème. Les batteries ajoutent déjà 700kg à la voiture, qui n’est pas une plume. Dans la version d’homologation, Spectre n’accuse pas encore les 3 tonnes, mais s’en rapproche dangereusement : 2975kg. Donc en fait, si, elle les atteint avec ne serait-ce qu’un chauffeur au volant… Pour autant, et malgré cette masse stupéfiante, Spectre annonce une autonomie supérieure à 500 km, avec une puissance de 585 chevaux et un couple de 900 nm. 

Rolls-Royce Spectre places arrière
Rolls-Royce Spectre profil

Ce modèle électrique est-il sorti trop tôt ou trop tard ? Comme annoncer plus haut, Rolls s’était déjà essayé à l’électrique avec un concept-car, alors même que les Renault Zoé étaient tout juste assemblées, les Tesla encore inconnues, et les tentatives isolées de voitures électriques ne se vendaient pas. Depuis, nous l’avons vu, les voitures électriques plaisent de plus en plus. Porsche s’y est mis, avec l’aide de Rimac, et réussi. Pour autant, Rolls n’est pas en retard, ni trop en avance. Elle ne s’est pas mis à l’hybride, alors que Bentley l’a fait. Mais Rolls préfère passer à l’électrique, avec Spectre, sans pour autant y aller tête baissée sans y réfléchir, sans préparation.

La mise au point a demandé près de 2,5 millions de kilomètres, dans des environnements allant de -40 à 55°C. Évidemment, comme tout le monde, je pleure la disparition des moteurs thermiques d’anthologie, dont fait partie ce V12 6.75 litres. Mais, finalement, si Spectre perd en noblesse mécanique, c’est indéniable, la motorisation électrique semble toutefois en certaine adéquation avec la proposition de Rolls-Royce : faire des voitures de luxe silencieuses. Plus d’éventuels bruits de transmission, de moteur, de vibrations, plus rien de tout cela, avouez que c’est en adéquation avec la philosophie Rolls. Côté noblesse, j’admets, on ne fera jamais rien de mieux qu’un V12, et la motorisation électrique n’arrivera jamais à la cheville d’un tel monument mécanique. Mais en restant simplement pragmatique, en tentant de voir le verre à moitié plein, souhaitons une bonne route à ce long coupé. 

Rolls-Royce Spectre porte ouverte
Rolls-Royce Spectre porte ouverte

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis étudiant à l'ITM Graduate School au Mans, avec pour objectif de travailler dans le domaine de l'automobile.

Une réponse sur « Rolls-Royce Spectre »

Laisser un commentaire