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Lanzante Limited

Certains artisans ne font pas de bruit, font leurs affaires de leur côté sans rien demander aux autres, promettent monts et merveilles, sans qu’il n’y ait de résultats réels. Lanzante Limited ne fait clairement pas partie de cette catégorie. Discrets oui, mais pas timides. Voyons ce qu’ils ont réalisé depuis leur création.

Dans les années 1970, Paul Lanzante décide de monter son écurie pour préparer des voitures pour la compétition, aujourd’hui détenue par son fils Dean. Lanzante Motorsport est créé en 1983. Elle est intéressée en 1995 pour engager une McLaren F1 GTR pour les 24h du Mans, et convainc son sponsor Kokusai Kaihatsu Racing d’y participer. Elle aligne le numéro 59 sur la ligne de départ avec derrière son volant Yannick Dalmas, Masanori Sekiya et Jarvi Järvi Letho. Ce numéro 59 remporte cette 63ème édition devant la Courage numéro 13 et 3 autres McLaren F1 GTR. Fort de cette expérience, Lanzante se lance dans d’autres projets, et notamment celui d’homologuer des pistardes. Il ne suffit pas d’installer une plaque d’immatriculation sur une voiture pour qu’elle soit homologuée, et Lanzante s’en occupe pour vous. En particulier si vous êtes propriétaire de McLaren.

La McLaren P1 est loin d’être une nouveauté. Sa présentation date de près d’une décennie. Le concept-car P1 a été présenté en 2012, et la version définitive l’année suivante, avec cette promesse : construire la première supercar hybride de la planète. La P1 reprend le châssis et le moteur de sa petite sœur MP4-12C. Elle rigidifie le châssis Monocell I, si bien que la marque change son nom dans la P1 pour Monocell II. Le moteur, lui, reste le V8 3.8 biturbo, lequel troque les deux turbos qui donnaient une puissance de 600 chevaux à l’époque dans la berlinette pour arriver à 737 chevaux grâce à deux plus gros turbos. Mais, qui dit hybride dit moteur électrique. Avec une batterie logée dans le plancher, la P1 installe ingénieusement un moteur électrique dans le moteur. Pour faire simple, un turbo a un temps de réponse relativement important, et plus le turbo est gros, plus le temps est long. Alors, pour combler ce temps, McLaren fait intervenir la fée électricité justement à ce moment de charge pour compenser cette arrivée de puissance trop brutale. Si bien que, ainsi dotée, la P1 affirme disposer de 916 chevaux, de 900 nm de couple, le tout envoyé seulement aux roues arrière. Le poids est maîtrisé, avec 1395 kg sur la balance.

En 2015 sort le premier exemplaire client, quelques semaines avant sa rivale Porsche 918 Spyder. Car oui, la P1 sort pile au bon moment, alors que la sphère automobile attendait un nouveau triptyque qui les fasse rêver, Porsche, McLaren et Ferrari décident de sortir des supercars hybrides, avec cette même promesse : on fait la meilleure, la plus rapide. La bataille des chiffres peut durer longtemps. Le 0 à 100, le 0 à 200, le 0 à 300, la vitesse maxi, sur le papier, elles font jeu égal à peu de choses près. Le principal est qu’elles nous fassent rêver, et c’est le cas, grâce à des lignes splendides, des performances stratosphériques, des moteurs géniaux… En bref, la P1 arrive à point nommé, et montre que non, hybride ne rime pas forcément avec ennui. Limitée à 375 exemplaires, la P1 connut une version ultra-limitée, la GTR, qui se débarrasse de l’homologation route. Le moteur grimpe à 1000 chevaux, le poids reste à peu près le même, les pneus deviennent slicks, et la voiture extrême, encore plus. Mais dans le même temps, une entreprise spécialisée dans la compétition automobile s’intéresse de très près à cette P1, peut-être voit elle en elle l’héritière de la McLaren F1, qu’elle a bien connu…

C’est alors qu’ils s’intéressent à la P1. Et plus principalement, à la P1 GTR. Ils veulent en faire une voiture de route. Basée sur la P1 GTR, de 1000 chevaux, seulement 6 exemplaires de P1 LM, pour Lanzante Motorsport, verront le jour, pour la modique somme de… beaucoup. Sachant qu’une P1 GTR coûtait déjà plus de 2 millions d’euros… Mais la P1 LM n’est pas qu’un objet d’exception comme il en existe d’autres. Elle va plus loin, et même jusqu’à proposer des performances tout à fait hallucinantes. Certes basée sur l’excellente P1 GTR, il a fallu revoir beaucoup d’éléments pour lui donner l’homologation. L’aileron arrière est revu, la partie avant également, l’intérieur semble directement repris de la GTR, avec un volant au nombre de fonctions infini. Tous ces petits changements mis bout à bout permettent d’avancer un appui majoré de 40% d’après la marque. Sachant qu’une P1 normale disposait déjà de 600 kg d’appui aérodynamique à 250 km/h, celle-ci en aurait donc plus de 840, minimum ! Cela fait parler la poudre, puisque la P1 LM a été envoyée sur le Nurburgring, et y a signé un temps de 6’43’’20, encore aujourd’hui, le record. Cela force le respect…

En 2018, un richissime client du Moyen-Orient veut une P1 GTR différente. Déjà qu’il n’y en a pas beaucoup, il en veut une différente. Alors, Lanzante s’attèle à la tâche, et allonge l’arrière de l’hypercar, en s’inspirant des F1 GT des années 90, et se paie le luxe de devenir homologuée route. Voilà la genèse de cette P1 GT, un hommage direct et flagrant à la mythique F1. Présentée au Festival of Speed de Goodwood de la même année, la P1 GT sera finalement construite à 4 exemplaires. Mais Lanzante ne s’arrête encore pas. En 2020, elle présente une nouvelle série spéciale baptisée P1 GTR-18. Seulement 6 exemplaires seront construits, avec autant de livrées différentes rappelant celles des McLaren F1 de course en Endurance dans le championnat GT1. Leur chiffre 18 est en référence à l’année du début du projet, 2018. Vous trouverez ci-contre une P1 GTR-18 et une P1 GT de passage au Mans.

Lanzante aime la P1, c’est le moins que l’on puisse dire, et va le montrer, une nouvelle fois, au Festival of Speed de Goodwood 2022.

La dernière McLaren P1 est sortie d’usine il y a bien longtemps, comme ses concurrentes. Mais il lui manquait une déclinaison… Porsche a sorti sa 918 Spyder seulement en décapotable, comme son nom l’indique. Ferrari a surfé sur la demande pour proposer 200 exemplaires de sa LaFerrari Aperta, plus 9 réservés à l’usine, en supplément des 499 exemplaires du coupé (plus un vendu au profit d’une association). Mais McLaren n’a pas fait de P1 Spider. Qu’à cela ne tienne, Lanzante va la faire ! Ils ont dû se faire des cheveux blancs chez Lanzante. La P1 était dessinée comme un coupé, dès le début, et à aucun moment il n’était prévu d’en faire un spider. Entre autres difficultés, il y a eu le refroidissement du moteur. La P1 normale laissait entrer de l’air dans son moteur par une prise d’air sur le toit, reliée directement au moteur. Avec la nouvelle carrosserie Spider, cette entrée d’air n’avait plus lieu d’être. Le résultat reste magnifique, à la hauteur des espérances, peut-être même encore plus beau que l’original. On ne peut que féliciter Lanzante d’avoir réussi ce tour de force, qui ne sera fabriqué qu’à 5 exemplaires.

Pour célébrer les 25 ans de la première victoire de la McLaren F1 aux 24h du Mans 1995, Lanzante prépare un petit cadeau. Ou plutôt, 7 cadeaux. Un pour chaque jour de la semaine. Seulement des McLaren extrêmes, avec la livrée noir avec quelques touches de gris. Le numéro de la voiture victorieuse, numéro 59, se retrouve sur les portières de chaque voiture, et le badge LM25 en amont des roues arrière. Les voitures qui peuvent recevoir cette livrée anniversaire sont les Senna, Senna GTR, 765 LT, 765 LT Spider, 600 LT et 600 LT Spider. Le 7ème modèle ? Nul ne sait. En complément de la livrée extérieur, l’intérieur s’inspire aussi de la F1 GTR de 95, avec un volant en Alcantara, des finitions inspirées et exquises, ainsi que des jantes 5 branches. Pour obtenir cette livrée, il suffit d’être propriétaire d’une de ces 6 voitures, de toquer à la porte de Lanzante et de débourser près de 160.000€.

Le pire, c’est qu’il ne s’arrête pas à McLaren et s’ouvre également à d’autres marques. Ou plutôt, pour l’instant, à une autre marque, un artisan, Pagani. Connu pour concevoir des voitures extrêmes, magnifiquement assemblées, toujours en fibres de carbone, les Pagani sont des œuvres d’art. Si la plupart roulent sur route ouverte, certaines ne sont vouées qu’à rouler sur circuit, comme les Zonda R, Revolucion, l’Imola ou la toute nouvelle Huayra R. Lanzante s’attaque désormais à cela : homologuer la Zonda Revolucion, à peine homologuée sur tous les circuits (son échappement est trop libre). Le chemin sera sûrement long, mais la destination n’en sera que plus belle ! Merci Lanzante Limited de nous faire tant rêver, de nous émouvoir à coup de voitures uniques en leur genre.

Crédits photos : Turbo.fr ; Netcarshow ; motorlegend.com ; automotivexpress.fr ; @nfr_on (Instagram).

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis étudiant à l'ITM Graduate School au Mans, avec pour objectif de travailler dans le domaine de l'automobile.

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