
Enfin de la nouveauté chez Lamborghini ! La vieille Aventador avait encore de beaux restes mais la concurrence s’armant de plus en plus… Sa longévité est rare dans le monde de l’automobile, avec plus de 13 ans de carrière ponctués par des mises à jour plus ou moins profondes. Une chose est sûre, l’Aventador restera dans les anales. Un V12 atmosphérique, une boîte simple embrayage, un design digne d’un avion de chasse qui était souvent accrochée sur les murs des chambre d’adolescents. Un véritable collector. Mais voilà, il faut bien passer le flambeau. En l’occurrence, laisser la place dans la gamme à une toute nouvelle automobile, baptisée Revuelto. Un nom tiré, évidemment, de celui d’un taureau de combat, mais aussi d’un verbe espagnol signifiant brouillé ou retourné. Alors, serions-nous en tout retournés en conduisant la Revuelto ?
Une chose est sûre : on se retourne sur elle quand elle passe à côté de nous ! Enfin de la nouveauté chez Lamborghini du côté des V12 de série ! Nouveauté… disons que la Revuelto est le résultat de plusieurs mélanges. Nous retrouvons à la fois de la Sian et de la Countach dans la silhouette de la voiture, de l’Aventador lorsqu’on la regarde de haut… Mais le résultat est là, et il est spectaculaire. Sant’Agata Bolognese s’est forgée une réputation de voitures aux lignes tendues, torturées. Et la Revuelto ne renie pas ses origines. Ses phares adoptent le design en Y cher à la marque, une forme que l’on retrouve un peu partout sur la voiture, à l’instar des nervures sur le capot plongeant. Les surfaces vitrées rappellent inévitablement la précédente mouture à V12, l’Aventador.


Les arches de roues adoptent une petite échancrure qui laisse respirer les freins, comme la dernière 911 GT3 RS. Derrière, l’air est guidé vers des entrées béantes qui conduisent à la salle des machines. Avec ses hanches proéminentes dessinées par ces entrées d’air, la Revuelto semble prête à bondir, même à l’arrêt. Une énergie se dégage de cette voiture, même à l’arrêt. En passant à l’arrière, la Lamborghini arbore un diffuseur proéminent et deux fins feux en… Y ! Au milieu de cette face arrière, deux sorties d’échappement. C’est bon signe pour la suite… Un petit coup d’œil plus haut, et la cathédrale mécanique se dévoile. Mais chut, c’est pour plus tard ! En attendant, il est temps d’ouvrir les fameuses Lambo Doors, ou portes ciseaux.
Les Lamborghini difficiles à vivre appartiennent au passé. Aujourd’hui, les clients veulent des voitures plus faciles d’accès, utilisables sans trop de contorsions ni de mise en danger à chaque pression sur l’accélérateur… Il en va de même pour l’accueil à bord de la Revuelto. Deux incontournables sièges baquets sont séparés par un tunnel central, comme toujours, proéminent. Il accueille un écran vertical de 8,4 pouces, qui s’accompagne d’un écran horizontal de 12,3 pouces en guise de tableau de bord pour le conducteur ainsi que d’un écran pour le passager de 9,1 pouces. Plus high-tech que jamais la Revuelto ! Les plus grandes personnes seront ravies de la hausse de 26mm en garde au toit et de 84mm en profondeur pour les jambes, pour les deux occupants. Pour le reste, on reste dans du Lamborghini comme on le connaît, à savoir de l’Alcantara à profusion égayé par des touches de couleur identique à la teinte extérieure. Comme dans l’Aventador avant elle, la Revuelto réveille son moteur par un bouton caché sous une gâchette rouge. Comme dans l’aéronautique. Un moteur thermique donc ?


Le V12 L539 de l’Aventador n’a pas fait long feu. 13 ans après son arrivée, il laisse place à cet inédit L545. Il reprend la cylindrée de 6.5 litres et l’angle d’ouverture à 65° du précédent V12. Pour le reste, Lamborghini annonce de la performance et du bonheur. Le V12 délivre un couple de 725 nm à 6.750 tours/minute, ce qui est déjà haut perché. Les cylindres continuent leurs courses pour atteindre une vitesse de 9.250 tours et libérer, enfin, les 825 chevaux ! Et il reste encore 250 tours/minute pour les mélomanes. Plus puissant que jamais, le V12 est également plus léger que le précédent, avec une valeur de 218 kg, contre 235 avant. Le taux de compression monte aussi, à 12,6:1. Là, le Nirvana existe bien, l’Aventador peut être mise à la porte, on ne l’entendra plus. Oui mais, la Revuelto accueille pour la première fois sur une Lamborghini de série l’hybridation… Avant de hurler et de quitter l’article, laissez-moi vous en dire un peu plus à son sujet.
L’électricité s’invite sur le train avant pour compenser la possible inertie du moteur… et aussi pouvoir être homologuée ! Le V12 n’est pas lié aux roues avant, il ne livre sa puissance qu’aux roues arrière. Les roues avant reçoivent un moteur électrique de 110 kW (150 chevaux) et 350 nm chacun. Sur le papier, le train avant doit donc absorber 700 nm de couple et 300 chevaux. De plus, les moteurs ne pèsent pas très lourds, seulement 18,5 kg chacun. Ils sont reliés à une batterie de 3,8 kWh mesurant 1,55 mètres de long, 24 cm de large et 30 cm de haut. Elle récupère l’énergie de la régénération aux freinages mais aussi en la rechargeant sur une borne de 7 kW. Dans le premier cas, seulement six minutes sont nécessaires. Dans le second, une demie heure. Comme si deux moteurs ne suffisaient pas, un troisième rejoint la course, directement dans la nouvelle boîte de vitesses.


Le porte-étendard de Lamborghini passe enfin à la boîte double embrayage. Compacte, elle est plus légère et plus rapide que celle de la Huracan, alors qu’elle reçoit un rapport supplémentaire. Comme toujours chez Lambo, elle adopte une position transversale, pour garantir l’équilibre des masses de la voiture. Le poids de cette boîte est annoncé à 193 kg, une valeur plutôt élevée mais qui s’explique par la présence du moteur électrique de 150 chevaux et 150 nm de couple. Placé au-dessus de la boîte, il sert à mettre en mouvement le moteur et à donner l’énergie aux moteurs électriques avant. Il peut aussi propulser la voiture, lorsque le mode de conduite P3 est utilisé, l’équivalent du tout électrique pour Lamborghini.
Qu’il va être difficile de voir rouler une Lamborghini sans bruit… Pour avoir déjà vu une Ferrari 296 GTB manœuvrer en silence, l’expérience est déroutante, croyez-moi ! Toujours est-il que, si on veut garder ces moteurs thermiques, ce passage hybride est obligatoire. Et il sert la performance. L’Aventador n’arrivait pas à descendre en-dessous des 2,8 secondes pour le 0 à 100 km/h – ce qui est déjà un temps honorable. Mais la concurrence, avec moins de motricité et en trichant pour l’arrivée de la puissance, réussit à descendre au même niveau, sinon à faire mieux. La Revuelto abat cet exercice en 2,5 secondes. La concurrence, où ça ? Chez Ferrari, bien sûr, avec la SF90 Stradale ! Mais ici, le son est atmosphérique… La course continue jusqu’à une vitesse maximale supérieure à 350 km/h. Pour atteindre une telle vélocité, Lamborghini a soigné l’aérodynamique de sa nouvelle mouture.


Des flaps à l’avant jusqu’à l’aileron, vous vous doutez bien, tout a été pensé et repensé dans les moindres détails. Prenons l’aileron. Selon le mode de conduite, il est fermé, ou ouvert pour améliorer la traînée ou augmenter l’appui. Avec tous ses éléments aérodynamiques actifs, la Revuelto annonce une traînée réduite de 61% et un appui majorée de 66% par rapport à la dernière évolution de l’Aventador Ultimae. En virages, là où l’appui est intéressant pour passer le plus vite possible, les propriétaires seront ravis de trouver des barres antiroulis rigidifiés de 11% à l’avant et 50% à l’arrière. Ce n’est pas rien… En revanche, pour qui veut aller chercher les chronos, le poids risque de poser problème… Si Lamborghini se targue d’atteindre avec ce modèle le rapport poids/puissance le plus bas de son histoire pour une voiture de série, avec un joli score de 1,75 kg/ch, une simple multiplication par la puissance – ou un coup d’œil sur la fiche technique, plus fiable – donne une masse de 1772 kg à sec sur la balance !
La rivale principale, la SF90 Stradale, accuse un quintal de moins, minimum ! Là, Lamborghini semble être dépassé… Pas la même philosophie, me répondrait-on. Et ce n’est pas tout à fait faux. Reprenons quelques éléments, notamment les modes de conduite. Car n’oublions pas que la Revuelto doit pouvoir rouler sans problème. Au total, suivant les configurations de chaque modes de conduite, entre Città, Strada, Sport et Corsa, il y a dans chaque modes, plusieurs sous-paramètres à choisir… ce qui donne un total de 13 modes différents… En mode Città, la Lamborghini se mue en électrique, pour une dizaine de kilomètres, et laisse son aileron rangé. En Strada, la puissance disponible atteint 886 chevaux. Puis 907 équidés en mode Sport. Pour atteindre, enfin, dans le mode Corsa, l’écurie totale de 1015 chevaux. Pour passer la puissance au sol, Lamborghini a trouvé Bridgestone sur sa route, qui a confectionné des Potenza Sport de 265/35 ZRF20 à l’avant et 345/30 ZRF21 à l’arrière. En option, des runflats augmentent la taille des jantes d’un pouce à l’avant et à l’arrière, et le train arrière reçoit un élargissement de 10mm.


Puisqu’on parle de taille, restons-y. La Lamborghini Revuelto atteint une longueur de 4,95 mètres pour une largeur supérieure à 2m sans les rétroviseurs ! Ce profil ramassé s’explique aussi par sa faible hauteur de 1,16m et son empattement, étiré à l’extrême à 2,78m. Un design agressif, massif que les futurs propriétaires se feront une joie d’habiller de différentes teintes. Mieux encore, pour ne pas avoir la même que le voisin, le département Ad Personam est reconduit. Pour une personnalisation digne de ce nom. Après tout, vu le tarif, il y a peu de chances de trouver deux configurations identiques… Non communiquée pour le moment, l’addition de la Revuelto devrait dépasser celle déjà salée de l’Aventador S, de 281.000€.
Photos : Lamborghini Media Center