Catégories
Informations Nouveautés

Jaguar F-Type – F comme Fin

La F-Type… que d’amour pour cette auto… Belle à regarder. Sonore à en saigner. Historique à en pleurer… La F-Type sera bel et bien la dernière Jaguar de sport thermique.

Jaguar F-Type ZP Edition

Une nouvelle série limitée… et la F-Type s’en ira. Pour une dernière fois, la mythique Type E inspire les bureaux du marketing de Jaguar pour habiller la F-Type d’une livrée historique, et d’un nom idoine. La ZP Edition utilise le nom des premières Type E victorieuses très peu de temps après la présentation officielle du modèle original en 1961 dans des courses de côte. En la parant de couleurs élégantes arborant des cercles blancs sur les portières, la dernière F-Type devient plus exclusive… esthétiquement. En-dessous, elle reste une F-Type 2023, sans rien de bien nouveau. La ZP Edition se base sur la plus puissante des F-Type, la P575, forte de 575 chevaux et dotée de quatre roues motrices. Seulement 150 exemplaires de ZP Edition sortiront d’usine, avec une plaque numérotée, en Roadster et en coupé. Une triste fin pour un modèle qui a fait rêver une génération de passionnés, ma génération, avec une voiture excessive, parfois, mais attachante, toujours. 

Sous son long capot, la F-Type a connu 3 moteurs différents. Pensée comme une alternative à l’éternelle 911, la Jaguar devait donc proposer plusieurs niveaux de puissance. Les premières disponibles étaient les V6. D’une cylindrée de 3.0 litres, les 6 cylindres compressés disposaient de 340 à 380 chevaux, en V6 S, disponibles en boîte manuelle ou automatique, et seulement en propulsion ! Au-dessus, la V8 S toisait la gamme un moment, avec le V8 5.0 compresseur de 495 chevaux, qui obligeait le recours de la boîte automatique pour envoyer aux roues arrière l’équivalent de 600 nm de couple. Puis est arrivée la F-Type R. Le V8 passe à 550 chevaux, le couple à 680 nm, presque trop pour les pneus arrière, souffrant à chaque accélération… Après le passage express de la Project 7 à 150 exemplaires, débordant de joie, la F-Type reçut l’apport d’une version SVR, au look hérité de l’exclusif roadster et au moteur identique : V8 5.0 575 chevaux. Au contraire de l’édition limitée, la SVR s’octroie la transmission intégrale. Avec le restylage de mi-carrière, un 4 cylindres 2.0 turbo de 300 chevaux est arrivé. 

Jaguar F-Type V6
Jaguar F-Type SVR

Évidemment, il n’était pas le plus performant, loin de là. Le plus bestial de la gamme était, évidemment, le modèle R. Car lorsqu’il est sorti, la transmission intégrale n’était pas encore disponible. Dans les virages, le train arrière se montrait souvent baladeur, très baladeur. Dessinant de jolies virgules sur les plus beaux cols de montagne, la F-Type R était attachante, mais vite débordée une fois le chrono recherché. Sur ce point, la SVR s’améliore (un peu) elle qui reçoit le R de Racing de SVR. Plus de puissance, mais aussi deux fois plus de roues motrices, ça améliore les chronos… au moins sur les accélérations. Le problème principal de la F-Type n’a pas changé depuis sa naissance : son poids. Malgré l’usage intensif de l’aluminium, pour le châssis comme pour la carrosserie, la F-Type se rapproche plus du paquebot que de la ballerine. La SVR tutoie les 1800 kg, la F-Type R les 1750 kg. Finalement, le 4 cylindres devient un bon élève, en affichant qu’une masse légèrement supérieure à 1525 kg… Ou alors, le V6. Pour beaucoup, le V6 est l’entre-deux idéal. Poli quand il faut et joueur à la demande, le V6 avance l’avantage d’un poids plus proche de la version 2.0 litres que du V8. Et puis, historiquement, la Type E avait un 6 cylindres…

Sans surprise, la filiation entre la Type E et la F-Type se voit… directement. La légende raconte qu’un designer a imaginé sur son temps de pause ce qu’aurait été la Type E en 2010. Le résultat a donné naissance à un concept, le C-X16 présenté au Salon de Francfort en 2011. Un prototype avant-gardiste à l’époque, puisqu’il combinant un V6 et un moteur électrique, combinant une puissance proche des 500 chevaux. Jamais cette motorisation n’arrivera en série chez Jaguar… Dommage. En revanche, sa carrosserie est quasiment identique, et inspirée du mythique modèle de 1961. Un capot interminable qui débute par un nez plongeant. Un bouclier dessinant une bouche grande comme ça avec le logo en plein milieu. Le modèle hommage préfère l’agressivité à l’élégance. Le profil se complète d’une ligne pure, sans arêtes disgracieuses. Le train arrière, bombé, laisse présager un joli caractère, avec des roues aussi grandes. Les feux arrière arborent le même dessin que le précédent concept, la C-X75. Le seul élément qui n’a pas pris le chemin de la série est l’ouverture du coffre, avec des charnières sur le côté comme le coupé du XXème siècle. Avec le restylage de 2021, Jaguar a redessiné un bouclier, et les phares sont devenus horizontaux et plus verticaux.

Jaguar C-X16
Jaguar F-Type 2021

Un nouveau visage pour une fin de vie compliquée. Son âge est invisible. Seul l’habitacle et la taille et la position de l’écran peuvent dessiner quelques rides. Mais sa ligne n’a pas vieilli d’un pneu. Son nouveau regard n’a pas permis de relancer les ventes, ses performances devenant dérisoires. La F-Type a eu une vie interminable, 12 ans de carrière pour une voiture de sport, c’est trop. Les normes environnementales se durcissant, la F-Type a dû s’en accommoder. Avec le nouveau bouclier, le V6 a rejoint le cimetière. Le 2.0 est resté. Le V8 5.0 propose deux niveaux de puissances, P450 ou P575. Avec tous les équipements pour moins polluer, et espérer récupérer quelques parts de marché, la F-Type s’alourdit, encore et encore. Tant et si bien que la P575, ex-SVR, dépasse désormais les 1800 kg. Les performances demeurent, mais le charme se perd. La propulsion reste sur le 4 cylindres et la P450, cette dernière conserve le droit d’avoir la transmission intégrale. Pour célébrer ses 75 ans, Jaguar avait déjà réalisé une édition limitée, espérant redonner du souffle aux ventes de son coupé. Il n’en fut rien. La F-Type termine sa vie en P575 ZP Edition. 

Après l’assemblage des 150 exemplaires, la F-Type rejoindra la XK dans le cimetière des pachydermes automobiles : ces autos trop lourdes, mais attachantes. Après elle, Jaguar va devenir une marque 100% électrique, avec des modèles plus luxueux – visant une concurrence à Rolls-Royce… – mais plus de sport. On sait ce qu’on perd, on sait aussi ce qu’on gagne. Le futur n’inspire pas confiance…

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis diplômé en journalisme automobile en 2023.

Laisser un commentaire