
Le nom de Classe E remonte à 1984, avec la série 124. Une berline, rien de plus classique, à la bonne époque où les véhicules hauts sur pattes servaient réellement à escalader les montagnes et pas seulement les gendarmes couchés ou les trottoirs. Quatre décennies ou presque plus tard, il en résulte que les innovations d’hier sont devenues des compagnons d’aujourd’hui, là où on ne pensait pas. Le téléphone portable, une option signe d’un grand luxe dans des voitures haut de gamme, devient notre meilleur ami aujourd’hui. Si bien que même les plus petits modèles neufs vendus actuellement sont compatibles avec nos portables… Quant à la télévision, devenue à la fois plus grande et moins épaisse, voilà qu’elle s’invite à l’intérieur de nos voitures… Où va le monde ? Pas vers le plaisir de conduite. La Classe E, puisqu’il est question de cette automobile dans cet article, prend ce chemin de la moindre perte de temps, où il faut faire un maximum de choses dans un minimum de temps. Certains appellent cela de l’efficience, d’autres l’évolution.
La Classe E 2023, ou W214 pour les intimes, reprend le flambeau de la précédente mouture née en 2016. Et, une fois n’est pas coutume, les différences sont plutôt nombreuses entre le modèle sortant et l’inédit. D’abord, la face avant. Deux styles de calandres sont disponibles. En Avant-garde, l’Étoile trône en plein centre ; en Exclusive elle siège au-dessus du pare-chocs… ah la belle époque. Qu’importe le choix, les phares rejoignent cette calandre, imitant ainsi les modèles EQ. De profil, on reconnaît immédiatement une berline, et pour la première fois sur ce type de gamme chez Mercedes, les poignées de portes peuvent devenir affleurantes, en option. En ce qui concerne l’arrière, il reçoit un nouveau dessin intérieur pour les feux, avec des triangles. Ces deux feux sont également joints par une barre noire. Le long porte-à-faux arrière laisse à penser un grand coffre : 540 litres. Et encore, car en version hybride, l’espace fond à 370 litres. En parlant de chiffres, les mensurations de la nouvelle Classe E suivent la tendance infernale à l’inflation : toujours plus ! Longue de 4,95m, elle hérite d’un empattement de 2,96m. Elle est large de 1,88m et haute de 1,47m.


Large, longue, haute, dotée d’un important empattement… l’intérieur risque d’être aussi vaste. Bingo ! Et il est également plus technologique que jamais. L’interface numérique MBUX, fierté de la marque, est reconduite ici. Il peut n’être qu’un écran central au milieu, en complément de l’inconditionnel rectangle derrière le volant, ou alors une immense dalle qui s’étend du centre de la voiture jusqu’au passager, qui reçoit un écran. Un mot sur cet écran. Le passager peut regarder ce qu’il souhaite, de passer du temps sur les réseaux sociaux à jouer à un jeu vidéo ou regarder des vidéos. Et évidemment, il se pourrait que le conducteur puisse tourner ses yeux vers cet écran plein de vie. Or, l’habitacle est doté d’une caméra qui fixe le conducteur et s’aperçoit si ce dernier regarde ailleurs, ou change de conduite. Si tel est le cas, l’écran du passager baisse en luminosité pour qu’il devienne invisible au conducteur. Au passage, cette dalle destinée au passager ne s’allume que si le siège en face de lui est occupé. Sinon, il n’arbore qu’un élégant design.
L’ambiance dans la voiture est très futuriste, et la taille ou le nombre des écrans n’y sont pas les seuls coupables. Il y a aussi l’éclairage. Du haut du pare-brise jusqu’aux portières et jusqu’à souligner l’écran, l’éclairage d’ambiance ponctue les sons joués par les haut-parleurs. Si le rythme est rapide, des changements de couleur s’opèrent. Et inversement si le rythme ralentit… Le son est, une fois de plus, confié à Burmester, qui utilise ici le système Dolby Atmos et un son Surround 4D. Ce système compte 21 haut-parleurs. Suffisant pour devenir sourd ! Mais également pour profiter d’un voyage, ou d’être plus zen… grâce au pack Energizing optionnel. Energizing Confort soulage les personnes stressées lors des voyages par des massages, la diffusion de sons apaisants, etc. Tandis que Energizing Coach propose des exercices de respiration pour diminuer le stress, et d’autres exercices. Pour se sentir comme chez soi, même en voiture, Mercedes propose ce qu’elle appelle la fonction Routine qui, à termes, combinée à une intelligence artificielle, fera tout ce que vous faites d’habitude à son volant. Comme, lorsque vous arrivez à votre travail et que vous devez passer le badge, elle ouvrira automatiquement la fenêtre…


Nous infantiliserait-on ? Chut ! Il ne faut pas le dire. D’après les metteurs au point, c’est davantage une aide qu’un ennemi. Pour ceux qui perdent toujours leurs clefs, mais pas leurs portables, ils seront heureux de savoir que la Classe E, avec le Pack Confort, dispose de la technologie Keyless Go, qui ne nécessite plus d’avoir sa clef physiquement. Directement intégrée à l’iPhone ou à l’Apple Watch – il n’est rien dit sur les systèmes Android -, il suffit de s’approcher de la voiture avec l’un de ces éléments et la voiture s’ouvrira. Il est même possible de la partager avec 16 personnes. Autre pack indispensable pour les accros de la technologie, le Pack Divertissement, intégrant la 5G à l’habitacle de la nouvelle Classe E. Ou encore cette caméra selfie intérieure qui permettra de participer, à l’arrêt bien sûr, à des réunions directement dans la voiture.
Loin, devant le conducteur et derrière l’étoile, sous le capot donc, sont cachés des cylindres. Et, signe des temps, tous les moteurs de la Classe E sont des 4 cylindres 2.0 combinés à un alterno-démarreur de 17kW, soit 23 chevaux. En version 200, la berline dispose de 204 chevaux et 320 nm de couple. En version 220d, disponible en 4Matic en option, la puissance baisse à 197 chevaux et le couple grimpe à 440 nm. En 300e, l’hybridation arrive. Disponible en 4Matic en option, la puissance cumulée atteint 313 chevaux, 204 thermiques et 129 électriques, pour un total de 550 nm de couple. En 400e, où le 4Matic est obligatoire, la puissance passe à 381 chevaux (252+129) et 650 nm. Le moteur électrique permet de rouler sans émission pendant plus de 100 km et à une vitesse maximale de 140 km/h.


Pour perdurer sur un tel segment, et avec une concurrence redoutable qui vient de se renouveler, la Classe E doit bénéficier d’un dynamisme unique. Elle fait confiance pour cela à un essieu avant à 4 bras et un arrière à 5 bras. Elle garantit ainsi une filtration et un dynamisme uniques. Elle peut être munie du Pack Technique comprenant une suspension pneumatique Airmatic avec amortisseurs ADS+ et 4 roues directrices. La suspension pneumatique permet à la Classe E de gommer toute notion de roulis et assure de garder la même garde au sol quelles que soient les conditions. Les quatre roues directrices tournent ici jusqu’à 4,5° dans le sens inverse des roues avant jusqu’à 60 km/h, permettant de descendre le rayon de braquage de 90 cm. Au-delà, l’empattement déjà énorme garantira une stabilité extrême.
Pour une grande routière, elle en a tous les arguments. La nouvelle Classe E se destine à une clientèle fortement portée sur la technologie, la facilité de conduite. Comme toujours finalement, l’exact opposé vient de Munich, avec la nouvelle Série 5. L’inévitable confrontation entre les deux modèles risque d’être, plus que jamais, intéressante.
