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Mazda MX-30

La différence comme référence.

Il ne se passe pas une semaine sans qu’un SUV ne fasse pas parler de lui. La planète du SUV grossit de plus en plus dans la galaxie de l’automobile. Galaxie perturbée depuis quelques temps par une motorisation qui a fait son retour voilà près de 10 ans, l’électrique. Marier parfaitement SUV et électrique, toutes les marques rêvent de réussir ce tour de force. Un nouvel habitant arrive, avec une proposition totalement unique.

Mazda, c’est le vilain petit canard de l’automobile. Il faut faire du downsizing pour baisser les émissions polluantes ? Non, nous on va continuer sur l’atmosphérique. Les concurrents arrêtent peu à peu d’assembler des petits roadsters ludiques ? Pas nous, on persiste et on signe avec la MX-5 ND, déclinée également en RF, avec un toit « en dur ». Un vilain petit canard, très plaisant, qui adopte une tout autre philosophie que ses concurrents. Quand tout le monde se tourne vers l’électrification de masse, Mazda sort le moteur répondant au doux nom de SkyActivX, un moteur essence qui fonctionne et consomme comme un Diesel. Intéressant n’est-ce pas ? D’autant que seul Mazda a réussi, Mercedes s’y étant cassé les dents. Mais ce n’est pas ce fabuleux moteur qui nous intéresse ici.

Nous avons essayé pour vous le dernier Mazda MX-30. Vous n’en avez jamais entendu parler ? Vous ne l’avez jamais vu ? C’est tout à fait normal, il est tout nouveau. Présenté en octobre 2019, et devant être livré dès le mois de septembre 2020, la crise sanitaire a tôt fait de retarder sa sortie sur nos routes. Le fait est qu’il est désormais dans nos concessions et, force est d’admettre que Mazda voit le monde d’un œil différent.

D’extérieur, le MX-30 ne ressemble à rien de connu. Pas même aux autres réalisations de la marque. Enfin si, une. De profil, vous ne trouvez pas qu’il y a peu d’espace pour les portes arrière ? C’est tout-à-fait normal, puisque le SUV adopte des portes antagonistes, en hommage à la fabuleuse Mazda RX-8. Plus proche de notre époque, la BMW i3 partage le même fonctionnement. Les portes antagonistes obligent, pour aller à l’arrière, d’ouvrir la porte avant. Stylistiquement, c’est très réussi. De plus, il n’y a pas de montant entre les places avant et arrière, ce qui améliore l’accès à bord. La praticité cependant n’est pas le fort de ce type d’ouverture, puisque le ou les passagers arrière doivent faire ouvrir la porte à ceux de devant. Mais c’est ce qui fait son charme, auquel j’adhère totalement. La face avant diffère totalement des autres SUV de la marque. Original, tel est le maître-mot de ce SUV.

Comme tout bon véhicule « propre », le Mazda MX-30 n’utilise pas de matières animales dans son habitacle. Exit alors le cuir. Mais comment recouvrir le tableau de bord ? Avec de la matière synthétique pardi ! Pour le mur de Berlin qui sépare les deux sièges avant, le liège est légion. Du liège ? Eh oui, parce qu’avant d’être une marque automobile, Mazda faisait des bouchons en liège. Un hommage bien venu à ses racines. Un retour aux sources. D’autant que notre modèle d’essai est une édition spéciale, pour le centenaire de Mazda.

Trois écrans ornent l’habitacle, dont un seul est tactile, celui de la console centrale. L’accès à l’arrière, pour un gabarit comme moi, est facile. Pas la peine d’avancer le siège avant ni de le basculer. Accoudoirs à gauche comme à droite qui tombent parfaitement sous la main, ou sous le coude, l’accueil est parfait. Peut-être est-ce pour compenser le faible espace vitré ? En effet, l’ouverture antagoniste ne permet pas un espace vitré important. Impossible également d’ouvrir les fenêtres. Quant à la rétrovision que ces espaces permettent, elle est quasi nulle. Mais, encore une fois, le charme opère, parce qu’on se sent dans un véhicule tout à fait anticonformiste. Comme si, dans un combat au sabre laser, vous arriviez avec un couteau de cuisine parfaitement aiguisé.

Nous disposons du MX-30 pour une durée – temps – indéterminée mais la distance permise par la batterie ne nous permet pas de faire des folies. Le centre-ville d’Arnage est en travaux. Il nous faut pourtant passer par là pour que notre photographe nous montre l’étendue de son talent. Et puis, par la même occasion, nous verrons la qualité d’amortissement du SUV. Bien sûr, j’ai déjà essayé des véhicules hybrides, DS7 Crossback E-Tense, Mercedes CLA 250e, BMW i8, mais jamais de véritables 100% électrique. Pas eu l’occasion, ni l’envie véritablement. Il faut bien une première fois à tout. Premier engagement sur la route, dans le silence le plus total. Personne ne parle, radio éteinte, nous entendons seulement le bruit des batteries qui se mettent en route. Sûrement pour nous rappeler qu’on est en train d’accélérer. A peine 200m plus loin, voilà la route en travaux. Toute cabossée, pleine de trous, obligé de monter sur le trottoir pour laisser les voitures qui viennent en face : la route ne lui a laissé aucun répit. Assez raide à notre goût, l’amortissement, s’il ne nous a pas fragilisé les lombaires, ne les a pas épargnés pour autant. Voyons comment il s’en sort sur une route moins bosselée. La route qui mène au virage d’Indianapolis, où nous avons pris les photos, comprend une partie de la piste des 24h du Mans. Sur un tel billard, le MX-30 s’en sort très bien. Au rond-point, obligés de prendre à gauche, nous ne décelons pas de roulis. Impressionnant au vu du gabarit de l’engin. Merci les amortisseurs. Une fois arrêté, un deuxième défi s’offre à moi : sortir de ces places arrière. Toujours aucun problème. Suis-je en train de tomber amoureux ?

Finalement curieux de voir ce que ça donne au volant, un SUV électrique, je m’y installe. Comme pour le CLA, il me faut le temps d’apprivoiser les commandes, de régler le siège… Et c’est parti. L’affichage tête haute s’immisce dans mon champ de vision, mais ce n’est pas pour me déplaire. Il s’avère au contraire plutôt utile. L’absence de nuisance m’impressionne, nous sommes pourtant en face du circuit Bugatti où un roulage est en train de s’effectuer. Et rien, aucun bruit. Le volant, très étroit, est un régal à utiliser. L’accélération fulgurante dont j’ai tant entendu parler n’était pas perceptible ici, l’autonomie étant trop faible. Cependant, elle demeure très correcte. Le freinage est exempt de reproches. Le roulis n’est toujours pas perceptible.

Allez, toute bonne chose à une fin. Retour à la concession, dans un silence absolu et à une allure de sénateur. A l’avant comme à l’arrière, on est bien reçu. Même si fabriqué avec des matériaux de récupération, l’habitacle est très flatteur à l’œil. Sur le siège derrière le chauffeur, notre photographe s’amuse avec les boutons destinés à faciliter l’accès aux places arrière. Ceux-ci peuvent faire avancer/reculer et incliner le siège. Etonnamment, ce système n’a pas de sécurité enfant. Ainsi, même en roulant, il est possible de déranger le chauffeur. Mais toute personne normalement constituée ne s’amuse pas à déranger le conducteur, si ce n’est avec cette fameuse phrase « on arrive quand ? ». D’ailleurs, nous voilà à la concession.

Court échange avec le vendeur, qui nous rassure quant à la réussite de ce modèle, autant stylistique que commerciale. Destiné à un usage plutôt urbain, le Mazda MX-30 propose jusqu’à 260 km d’autonomie. Cela peut paraître peu par rapport aux ambitieuses autonomies de Tesla, dépassant les 600 km. Mais le choix de la marque japonaise se défend. En effet, pour faire des longs trajets, de bout en bout de la France, un véhicule thermique, voire hybride, reste le meilleur choix. Un véhicule électrique est intéressant en zone urbaine mais, au-delà, son autonomie chute rapidement, et devient un choix moins judicieux. Autre raison, la batterie de 35,5 kWh de ce SUV, contre plus de 50 pour ses concurrents, lui permet une masse bien inférieure. La marque annonce environ une tonne et demie. Cela peut paraître élevé, mais ses concurrents pèsent souvent un quintal minimum de plus. Sur la balance, ça fait la différence. Light is right, encore et toujours…

La magie a opéré. La philosophie Mazda m’a toujours plu, et sa vision de l’électrique ne déroge pas à la règle. Reste que le nombre de bornes demeure un problème. Mais sa proposition se tient. Ses multiples clins d’œil au passé, son look affirmé, tout ça me fait vibrer. Et comme si ça ne suffisait pas, Mazda a annoncé que le moteur rotatif allait faire son retour sous forme de prolongateur d’autonomie à son SUV électrique. RX-8 + MX-30, une bien belle équation. Proposé à partir de 34.400€, ce MX-30 m’a tapé dans l’œil. Pour le même prix, vous pouvez avoir également un MX-5 neuf très attachant qui me fait envie aussi. L’un a un malus, l’autre un bonus. Quel choix faire ?

Nos sincères remerciements à la concession Mazda d’Arnage qui nous a prêté ce véhicule.

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis étudiant à l'ITM Graduate School au Mans, avec pour objectif de travailler dans le domaine de l'automobile.

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