
Alors que Ferrari célèbre ses 75 ans cette année, voilà qu’elle nous présente une voiture qui ne peut être qu’au cœur des débats. Mais, en se plongeant un peu dans l’histoire, on se dit que, finalement, ce SUV n’est en réalité que la transposition de la première volonté d’Enzo Ferrari à notre époque… Je m’explique. En 1947, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Enzo Ferrari reprend les rênes de son écurie de course, la Scuderia Ferrari. Sur piste, les voitures siglées du Cheval Cabré sont irrattrapables. Que ce soit la 125S ou celles qui viendront après, les 166 et consœurs, elles marquent les esprits et l’histoire avec : Ferrari et la course sont réunies pour le meilleur et pour le pire. Mais, pour espérer continuer de participer à des compétitions automobiles de renom, El Commendatore s’est résout à fournir des châssis de 166 de course à des carrossiers pour qu’ils les habillent élégamment. Les voitures de route servent finalement à assurer la pérennité de Ferrari en compétition. Du moins, au début. Aujourd’hui, les voitures de route sont plus éloignées de leurs homologues de course qu’avant, mais la volonté est la même : la vente des voitures de route permet de renflouer les caisses et de continuer de jouer aux avant-postes sur les plus beaux circuits du monde. Et, même si Ferrari n’a jamais autant vendu de voitures que ces dernières années, battant annuellement le record de l’année précédente, la tentation de l’argent « facile » engendré par les SUV est grande. Et ce, même si Ferrari a déjà une « familiale » dans sa gamme, la GTC4 Lusso – et sa version T, à turbo. Ce modèle ne se vendant pas autant que voulu, il est poussé vers la sortie par… le Purosangue.
Rien, absolument rien, ne laissait présager un tel design. Alors, oui, en effet, le Purosangue est une vraie Ferrari puisqu’il ne partage rien avec personne, il part d’une feuille blanche. On est loin, très loin de ce qu’a fait Lamborghini avec l’Urus. Propriété du groupe Volkswagen, ce dernier a utilisé toutes les dernières avancées technologiques de chaque marque du groupe. Quelques idées de Porsche, de Bentley, d’Audi, en y incorporant une petite touche bestiale à la Lambo et hop ! Voilà l’Urus. Mais, au fond, on sait ses origines allemandes. Alors que le Purosangue, dans ses gênes, il est un vrai Ferrari. Nouvelle plateforme, nouveau design. Il reprend les codes de la dernière GT de la marque, la Roma, avec ces nouveaux phares. La signature lumineuse arrière est tirée de la berlinette hybride 296 GTB. Le profil reprend, normalement, les proportions des autres Ferrari. Le capot est anormalement long pour un SUV, et l’arrière semble un peu étriqué. La raison se trouve dans quelques lignes. De pare-chocs à pare-chocs, le Purosangue mesure 4,97 mètres, soit près de 15 cm de moins qu’un Urus. La largeur est de 2 mètres et la hauteur de presque 1,6 mètres. L’empattement dépasse légèrement les 3 mètres, dans lesquels il faut loger… quatre portes. Il s’agit du premier SUV et premier quatre portes de la marque. Enfin, quatre portes… dont deux antagonistes. Il faut donc ouvrir la porte avant pour ouvrir la porte arrière et enfin accéder aux places arrière.


Rien ne va plus… une Ferrari quatre portes… et quatre places… Mais quelles places ! Et quel habitacle ! En rentrant dans le Purosangue, on entre dans un SUV différent. L’aspect sportif Ferrari se mêle au luxe, comme la GTC4 auparavant. Mais ici, l’aspect technologique atteint des sommets. Le conducteur habitué des Ferrari basses, assis certes plus haut que d’habitude, retrouvera vite ses aises. Et pour cause, l’habitacle devient 100% digital, comme la SF90 Stradale. Mais, à l’inverse de cette dernière, le Purosangue est un véhicule familial. L’écran devant le passager, initié dans les grandes GT 812 Superfast et GTC4 Lusso, gagne encore en importance, en largeur, pour atteindre 10,2 pouces. Le passager est donc totalement immergé dans la conduite, avec le même poste finalement que le conducteur, à ceci près qu’il manque le volant et les pédales à l’un d’eux… A l’arrière, les places semblent accueillantes. Les quatre sièges sont indépendants et réglables électriquement. Oui, à l’arrière aussi. Ils peuvent s’incliner et sont également chauffants, le tout commandé par une molette au milieu des accoudoirs centraux avant et arrière. Petit privilège pour les occupants des places avant : les sièges sont massant, avec 10 coussins, 5 types de massages et 3 niveau d’intensité. Le système audio est en provenance de Burmeister, le plus puissant jamais installé dans une Ferrari. De quoi voyager en étant choyé… Mieux encore, le Purosangue se dit respectueux de l’environnement, avec près de 85% des garnitures intérieures du modèle de série – sans option – en matériaux recyclés. Respectueux de l’environnement, vraiment ?
Rien que le moteur, s’il vaut le détour pour un passionné, fait rager les écolos. Pourquoi donc ? Parce qu’il s’agit d’un moteur d’une cylindrée de 6.5 litres, un atmosphérique, un V12, l’un des derniers du genre. Le même qu’on retrouve dans une 812 Superfast. Mais la configuration est ici différente. Moins voué aux sorties circuits qu’aux longs voyages, le Purosangue a demandé des modifications à ce précieux moteur. Ainsi, dès 2.100 tours/minute, 80% du couple est disponible, soit l’équivalent de 573nm, afin que le SUV siglé Ferrari ne se fasse pas déposer à chaque sortie de péage. Puis, en jouant avec l’accélérateur, l’aiguille atteint 6.250 tours et le moteur délivre son couple maxi de 716 nm. 1.500 tours plus tard, à 7.750, la puissance prend le relais pour fournir aux roues 725 chevaux. Il reste alors 500 tours jusqu’au rupteur, avant de passer le rapport suivant, et reprendre de plus belle. La boîte de vitesses est identique à celle des 296 GTB et SF90 Stradale. Ce qui laisse présager une future version hybride. Elle comporte deux embrayages et huit vitesses, qui passent en un éclair, ou plus rapide encore.


Rien d’autre sur le marché des SUV ne fournit un tel sourire. Il est le SUV de toutes les distinctions. Seul SUV sportif avec un moteur atmosphérique. Seul SUV sportif avec un V12 atmosphérique. Il prend même le record à Aston Martin du SUV de luxe le plus puissant du marché ! Mais est-il performant ? Héritant des dernières technologies développées par la marque, le Purosangue promet une santé de fer. Le 0 à 100 km/h demande 3,3 secondes, et le doublé depuis l’arrêt 10,6 secondes, d’après la marque. Une GTC4 Lusso V12 demandait un temps de 3,4 secondes pour le 0 à 100 km/h. La vitesse maximale serait supérieure à 310 km/h, preuve que le Purosangue a passé du temps en soufflerie. Pour le freinage non plus, le Purosangue ne semble pas démériter. En piquant le système brake by wire de la 296 GTB, un système de frein sans lien mécanique mais seulement grâce à des petites puces électroniques, le SUV serait capable de s’arrêter en 32,8m après être lancé à 100 km/h et le 200 à 0 en seulement 129 mètres ! Comment est-ce possible ?
Rien d’autres que les lois de la physique. Les ingénieurs ont réussi à intégrer les dernières avancées aérodynamiques de la marque, comme les entrées d’air actives, les ailerons, les ailettes, les échancrures dans le capot… Le châssis, en aluminium, permet d’abaisser le poids de la voiture, et aussi son centre de gravité, ce qui augure un bon comportement routier. Il n’est pas radin non plus en ce qui concerne les technologies avancées. Il hérite du système de transmission semi-intégrale de la GTC4 Lusso, qui ne distribue de la puissance à la traction qu’en cas d’extrême urgence. Les quatre roues directrices sont également empruntées à la GTC4, avec quelques améliorations apportées sur les SF90 Stradale et 812 Competizione. ABS dernière génération, contrôle de trajectoire, de roulis… Tout ce qu’il faut pour qu’il soit suffisamment agile pour mériter le logo Ferrari. D’autant que la répartition des masses est alléchante : 49/51. Le moteur étant très reculé derrière les roues avant et la boîte de vitesses à l’arrière. Mais justement, quel est le poids ? Aïe ! Le plus optimiste des poids, celui sans les pleins, avec les options les plus légères, est de 2033 kg.

Rien n’est moins lourd sur le segment des SUV sportifs. Et comme il semble le mieux né de sa catégorie, longue vie au Purosangue ! Même si je préfère quand même un petit DBX…

Une réponse sur « Ferrari Purosangue »
[…] de sport du passé. La Pura Vision prend la forme d’un cross-over aux lignes proches d’un Ferrari Purosangue. Ses lignes spectaculaires réussissent à gommer ses dimensions. Large, il semble dominer la route […]