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Alfa Romeo Tipo 33 Stradale

Certaines marques automobiles ont des détracteurs. Certains jugent les amateurs de BMW comme des fous du volant, or l’écrasante majorité ne sait même pas combien de cylindres sont cachés sous le capot. Certains voient en Lamborghini une marque de flambeurs. Certains voient en Porsche le choix si facile… Mais il y a une marque, une et une seule pour laquelle tous les passionnés s’accordent à dire qu’elle a la plus belle histoire, c’est Alfa Romeo.

dessus avant Alfa Roméo Tipo 33 Stradale

Son histoire ferait rougir Ferrari. Et justement, leurs histoires sont liées. Avant de faire cavalier seul, Enzo Ferrari, El Commandatore comme on l’appelle, courrait en Alfa Romeo, avant la guerre. Puis, en 1947, il fonde son écurie, la Scuderia Ferrari. Et on connaît la suite. Alfa Romeo s’est un peu perdu aujourd’hui… Aux côtés de l’élégante berline Giulia, nous retrouvons deux SUV. Question passion, on repassera. Les lois de la rentabilité… Mais par le passé, Alfa brillait. C’est même elle qui a remporté les deux premiers championnats de Formule 1, en 1950 et 51, avec Giuseppe Farina et Juan Manuel Fangio comme pilotes. Puis, elle se retira de la course, pour se concentrer sur les voitures de route. Indépendamment, une officine nommée Autodelta travaille sur des Alfa Romeo de route pour les rendre plus sportives, plus compétitrices. Ainsi naquissent les Giulia GTA, les TZ. Créée en 1963, cette entreprise intéresse Alfa pour son ambition et pour son expertise. Car elle a un projet derrière…

arrière Alfa Roméo Tipo 33 Stradale

Dans les années 60, le président de la marque songe justement à un retour aux affaires sportives, notamment en Endurance. Cela se concrétise en 1964 avec l’acquisition d’Autodelta par la firme de Milan. Autodelta a nommé un certain Carlo Chiti en tant que président. Ce nom ne vous dit sûrement rien, mais il était un fameux ingénieur, ancien de chez Ferrari, parti en même temps que M. Bizzarini, qui en ont eu assez des états d’âme d’Enzo. Pour les lignes, Alfa s’est tourné vers Franco Scaglione, jeune designer de talent. Le projet est alors nommé Tipo 33, ou Type 33, et devra courir en Endurance dans la catégorie des Sport Prototypes en cylindrée de moins de 2 litres. Si tel est le vœu du règlement…

face Alfa Roméo Tipo 33 Stradale

Moins de deux litres, Alfa opte pour un V8, atmosphérique s’entend la suralimentation n’était pas encore d’actualité. Sa cylindrée ? 1995cm3. Ça colle aux demandes. A l’époque, et comme le soulignait l’ingénieur Gordon Murray il y a peu, les motoristes devaient faire le choix d’avoir soit une bonne vitesse de pointe, une bonne puissance et des réactions immédiates, soit un moteur coupleux, mais pour la progressivité… Pour répondre au premier choix, il fallait opter pour un petit moteur, et pour le second choisir une plus grosse cylindrée. D’où les moteurs américains très coupleux mais finalement pas si performants… Donc ce moteur italien, de moins de 2L, n’offre pas beaucoup de couple. L’aiguille du compte-tours doit aller chercher 7.000 tours pour délivrer ce couple de 200 nm. Pied toujours au plancher, et le cadran d’afficher 8.800 tours, 1.200 avant la zone rouge, pour obtenir les 230 chevaux de la version de route. En version de compétition, la puissance grimpe de 30 chevaux.

flanc Alfa Roméo Tipo 33 Stradale

Malgré cette puissance modeste, l’Alfa réussit à atteindre les 260 km/h en pointe. En accélération, elle ne traîne pas, avec un 0 à 100 km/h effacé en 5,5 secondes. Vous l’aurez compris, pour atteindre de tels chiffres avec ce moteur, il faut un bon travail aérodynamique et un poids minimal. D’extérieur, la Tipo 33 se dessine tout en courbes. Scaglione signa là une sublime œuvre, pleine de délicatesse, de finesse qui cache le jeu de la sportivité de la voiture. Pour la masse, la Tipo 33 a surveillé sa ligne. Chaque élément est pensé pour ne pas qu’il pèse trop lourd, évidemment. La boîte de vitesses par exemple, une Coletti à 6 vitesses, est l’une des plus légères du marché. Et, à l’inverse la Ford GT contemporaine, elle n’a pas à être très grosse puisqu’elle n’a pas à digérer les montagnes de couple du moteur américain. De fait, l’Alfa de route s’annonce avec une masse de 700 kg à vide. Inimaginable aujourd’hui…

Sa présentation a lieu en 1967 à Monza, pour une première participation sur circuit avec la Tipo Corsa le 16 mars de la même année. Malheureusement, ses débuts en compétition feront état d’un problème de… fiabilité. En bonne italienne qui se respecte… Toutefois, elle marque les esprits et continue de hanter les rêves de gosses. Et pour cause. Comme dit précédemment, et en parallèle de sa carrière en compétition qui durera près d’une décennie, la Tipo 33 s’est illustrée aussi sur route, avec la 33 Stradale (route en italien). Pensant pouvoir en vendre une trentaine, Alfa s’est résigné à n’en produire que 18 « routières », et encore. Car seuls 13 exemplaires trouveront le chemin de la route. Les cinq autres ne seront que des châssis sur lesquels les plus grands bureaux de design se pencheront. Ainsi, Gandini, Giugiaro, Pininfarina et Bertone dessineront une vision chacun de cette Tipo 33. Avec plus ou moins de réussite, selon les goûts de chacun…

dessus Alfa Roméo Tipo 33 Stradale

Faite uniquement de courbes, l’Alfa Romeo Tipo 33 Stradale fait rêver, encore aujourd’hui. Elle fait rêver les frustrés d’antan qui la voyaient dans les journaux d’époque et qui ne pouvaient pas la conduire, et ne le peuvent toujours pas. Elle fait rêver également ceux qui ne l’ont jamais vu rouler en vrai, qui ne l’ont vu qu’à l’arrêt, qui ne connaissent que son histoire, son empreinte dans l’histoire automobile. Une si belle trace de son passage sur Terre… Si les rumeurs disent la vérité, il semblerait qu’une hypercar électrique soit dans les cartons de la marque, et qu’elle pourrait s’inspirer de la 33 Stradale. Qu’importe la puissance électrique qui donne la migraine ou les performances stratosphérique, je préfèrerais toujours aller chercher les 200 nm de couple de l’ancienne que de ne faire qu’appuyer sur un interrupteur. Et je pense ne pas être le seul…

Photos : fcaheritage.com

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis diplômé en journalisme automobile en 2023.

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