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Alfa Romeo Junior

Il aura fallu attendre, non pas mille ans mais longtemps avant qu’Alfa n’investisse ce segment des SUV urbains. Là où le design joue gros, où le prix importe aussi beaucoup. Est-il suffisamment armé pour mener cette bataille ?

Alfa Romeo Tonale

Quand le cœur d’un passionné bat pour Alfa Romeo, on le dit Alfiste. Quand on lui parle de sa marque, il peut parlementer pendant des heures au sujet des lignes exquises des petits coupés, des excellents cabriolets, des glorieuses sportives… Giulia, TZ2, 8C (des années 30 hein, pas celle sur base de Maserati GranTurismo), de V6 Busso, de 33 Stradale… En bref, parler de tout ce qui fait d’Alfa Romeo une marque automobile passionnelle. Que dis-je, peut-être la plus passionnelle, la plus passionnante de toutes. Aucun passionné ne déteste, n’exècre Alfa Romeo. La marque bénéficie d’une aura particulière que ni les modèles manquant de piquant, ni le manque de fiabilité n’ont entachée. La Giulia QV nous a réjouit, le Stelvio réconcilié avec l’idée d’un SUV sportif qui privilégie l’arrière… Et puis, nous voici en 2024. Les SUV sont légions, davantage encore ceux qualifiés « urbains », qui grossissent autant que la grenouille vers le bœuf. Tant et si bien… Et nous voilà en 2024 avec un marché quasi-saturé, aux dimensions toujours plus extrêmes, et aux propositions frisant le ridicule par moment. (Pourquoi diable payer autant pour une voiture de ce gabarit ???)

En misant gros, les marques espèrent gagner autant sinon plus. Alors, ils auraient tort de se priver d’investir ce marché, puisqu’une clientèle existe. Et Alfa Romeo, jalouse du succès de ses marques sœurs du groupe Stellantis, de l’investir aussi.

Je vous présente l’Alfa Romeo Junior (Milano). Un petit SUV de 4,17 m de long, 1,78 de large et 1,5 de haut. Un véhicule aux courbes généreuses, dessinant la ligne de vitre au rythme du passage des roues arrière. De grosses roues de 18 à 20 pouces inscrivent la voiture dans son segment des SUV. Voilà pour la présentation générale. Ensuite, les choses se gâtent à entendre nombre d’Alfistes… La face avant peine à ressembler aux précédentes œuvres de la marque. L’élégance et la pureté de la Giulia semblent bien difficile de convenir à un tel gabarit. Aussi, le Junior décide seul de son destin stylistique, que voici. On y découvre un scudetto (la calandre iconique) disponible en deux finitions. Le Leggenda arbore la signature de la marque reprise de celle des années 20-30, en toutes lettres, en diagonale. Le Progresso inscrit le symbole du serpent directement dans la face avant. Plutôt sympa… Les phares semblent reprendre le dessin des Renault Talisman, avec la forme de C. Pour l’identité Alfa, on distingue les trois pointes de lumière dans la partie supérieure. Même combat à l’arrière, où le serpent s’invite sur le montant D. Puis, un arrière-train à la signature à trois feux, ces derniers étant reliés par un bandeau noir. Le style de ce dernier, descendant aux extrémités, rappelle la Maserati Grand Sport, ou la plus récente Alfa Romeo Giulia SWB Zagato.

Alfa Romeo Milano
Alfa Romeo Milano Intérieur

Le coffre s’ouvre sur un vaste espace de 400 litres, joli chiffre compte tenu des dimensions du véhicule. Les photos sont très sombres et les teintes intérieures aussi, ce qui rend la lecture de l’habitacle assez difficile. Alfa ne réinvente pas la roue, ou la jante du volant, ce dernier conserve sa forme ronde, parfaite, mais multiplie ses boutons sur ses branches horizontales. Sobre, classique, Alfa précise qu’il est relativement petit, pour une meilleure prise en main. L’écran d’affichage arbore des compteurs à aiguilles numériques, mais ça fait la blague. Pour le reste, le Junior pioche dans la banque d’organes du groupe Stellantis. Sur le tunnel central, les mêmes boutons qu’une Citroën C5 X ou une Peugeot 408 guident la boîte de vitesses, sélectionnent les modes de conduite, allument les moteurs, desserrent le frein de parking… L’écran central largement orienté vers le conducteur change certes la couleur d’ambiance, mais le système interne et sa taille de 10,25 pouces rappellent à qui appartient Alfa Romeo… En revanche, malgré la couleur sombre, les matériaux semblent bel et bien changer d’une marque à l’autre. Les sièges paraissent les plus sportifs du catalogue de marques de l’immense groupe. Et les buses d’aération en forme de Quadrifoglio mettent l’accent sur l’identité d’Alfa.

Une Alfa se doit d’être stimulante, agréable, très plaisante à conduire. Et, si une panne survient, qu’on puisse l’observer sans s’en lasser. Sur ce dernier point, nous vous laissons seuls juges. D’un point de vue technique, il est temps de vous parler d’elle, dans les grandes lignes. Le Junior repose sur la base technique du Peugeot 2008. Elle dispose donc d’un châssis multi-énergies, capable de rouler en électrique ou en hybride. En l’occurrence, la version Ibrida confie son sort à un 3 cylindres 1.2 fonctionnant selon le cycle Miller et utilisant un turbo à géométrie variable. Ce 3 pattes reçoit l’aide d’une batterie 48V et d’un moteur électrique de 21 kW/29 chevaux directement dans la boîte de vitesses à double embrayage et 6 vitesses. Sous le pied droit, 136 chevaux transitent par les roues avant, ou vers les quatre roues prochainement dans la version Q4. Ou alors, l’Elettrica compte sur la batterie de 54 kWh de dernière génération capable de couvrir 410 km en une charge et d’encaisser jusqu’à 100 kW de puissance de charge, pour passer de 10 à 80% en 30 minutes. En version classique, elle aura 156 chevaux (comme un E-2008). Mais en version Q4, qui arrivera prochainement, la puissance atteindra 240 chevaux et transitera donc par les deux essieux (ça, le SUV français n’y a pas droit).

Alfa Romeo Milano
Alfa Romeo Milano

Le Junior semble être le seule de son segment à proposer une transmission intégrale. Est-ce vraiment utile ? Passons ça sous silence pour continuer sur l’aspect sportif. Le Junior a été mis au point par l’équipe auteure de l’excellente Giulia GTA. On va peut-être se montrer curieux alors ! La direction serait la plus directe du segment, et son petit volant risque bien d’aider au comportement sportif. En version Veloce, la hauteur de caisse s’abaisse de 25mm, les barres antiroulis bénéficient d’un calibrage plus sportif, les disques de freins grimpent à 380mm et sont pincés par des étriers à 4 pistons… Un différentiel Torsen termine la panoplie pour garantir une motricité sans faille aux roues de 20 pouces. En plus du choix difficile (?) de la motorisation à réaliser, trois packs d’options existent. Le Techno mise sur la technologie embarquée (même si toutes les finitions bénéficient de la conduite autonome de niveau 2). Le Premium préfère le confort quand le Sport se résume à son nom. Et le prix dans tout ça ? Pour une fois, il est dévoilé directement. La Milano démarre à 31.000 € dans sa plus basse finition et avec le plus petit moteur hybride. Pour qui veut acheter le premier modèle électrique de série de la marque, il faudra sortir 40.500 € de sa poche, sans oublier les options.

« Le Junior (La Milano) redéfinit les canons de beauté dans le segment » dit Alfa Romeo. En quelques sortes, oui. Les goûts… les couleurs… Au moins, elle ne laisse pas indifférent ! Son tarif semble assez salé. Qu’en sera-t-il de l’avenir, quand on pense à Lancia qui joue à peu près dans la même cour, qui appartient au même groupe, et à Peugeot qui veut monter en gamme aussi… Ne risquent-elles pas de se cannibaliser ?

Alfa Romeo Milano Scudetto Progresso
Alfa Romeo Milano Scudetto Progresso
Alfa Romeo Milano Scudetto Leggenda
Alfa Romeo Milano Scudetto Leggenda
Alfa Romeo Milano
Alfa Romeo Milano

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis diplômé en journalisme automobile en 2023.

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