
Connaissiez-vous cette marque de voiture ? Petit rappel historique. En 1985, les frères Martin et Friedhelm Wiesmann décident de mélanger le style des roadsters anglais avec l’ingénierie allemande, le meilleur des deux mondes. C’est en 1988 qu’ils créent l’entité Wiesmann. Il faudra attendre deux ans, soit l’année 1990 pour que l’usine ouvre ses portes. Lorsqu’il est question d’imaginer le logo de la marque, les frères se mettent d’accord pour le gecko. Cet animal et leurs voitures partageront une caractéristique : les Wiesmann seront rivées à la route autant que le gecko. En 1993, le premier modèle est dévoilé, le roadster MF30. Il connaîtra un premier bain de foule au Grand Prix de Monaco la même année. Le style Wiesmann est déjà reconnaissable, avec un avant bombé et un arrière très Morgan. Du néo-rétro, pur et dur. Le nom vient des initiales des frères, auxquelles on ajoutera la cylindrée du moteur. Le premier étant un 3.0 d’origine BMW. La presse est unanime, elle l’adore ! BMW et Wiesmann signent un contrat en 1994 pour que Motorsport place ses moteurs sous les capots des roadsters.

Par la suite, la MF30 perd son 0 pour devenir MF3 et d’autres modèles arriveront. En 2005, elle commercialise son premier coupé, la GT MF4. Mécaniquement, c’est un V8 qui officie. Puis, au sommet de la hiérarchie, la monstrueuse MF5, et sa variante avec le toit GT MF5, accueillera un V10 atmosphérique, celui de la M5 E60. Lors du remplacement de cette dernière par la F10, la nouvelle M5 lui prêtera son moteur. Passant ainsi de 507 à 555 chevaux. La rigueur germanique associée au charme anglais, Wiesmann vivait vraiment à part. Vivait ? En 2008, l’usine changeait de ville pour Dülmen. Mais les difficultés financières pointent le bout de leur nez. En 2014, alors que la gamme est complète et intéressante, la clef glisse sous la porte, non sans larmes versées de mon côté. Il faudra attendre deux ans pour qu’on entende à nouveau parler de Wiesmann, en bien, avec son rachat par Contec Global. Ce conglomérat fondé en 1984 est orienté vers le développement des dernières technologies. En 2019, un premier teaser est dévoilé, et la marque commence à publier des photos sur ses réseaux sociaux. Projet Gecko. Mais la crise du Covid les a sûrement atteints, et ce n’est que cette semaine que la nouvelle Wiesmann est dévoilée. Certains vont apprécier, d’autres non.




Elle répond au doux nom de Thunderball. En Français, on le traduit par coup de tonnerre. Vous sentez le truc arriver ? Concentrons-nous sur le style d’abord. Sans surprise, et sans nous déplaire, la nouvelle Wiesmann fait… du Wiesmann. Ses rondeurs camouflent ses dimensions généreuses. Si sa longueur de 4,44 mètres et son empattement de 2,595 m sont loin d’être affolants, force est de constater que sa largeur de 2,21m avec les rétroviseurs ne lui permettront pas de se frayer un chemin partout ! Associez cette largeur à la faible hauteur de 1,285, et vous aurez des proportions de roadster digne d’une Wiesmann. Elle repose sur un châssis en aluminium, renforcé par endroits de fibres de carbone. Des précisions devenues presque la norme aujourd’hui… Que dire sur cette Thunderball ? Son profil semble s’être inspiré de la TVR Cerbera, avec cette ligne qui se dessine depuis le passage de roue avant jusqu’à la charnière de la porte. A l’arrière aussi, c’est dans le pur style Wiesmann. Et ce serait vous mentir que de vous dire que je ne suis pas heureux de revoir cette élégante typographie sur la partie arrière… Pourtant un détail m’interpelle. Eh oui, adieu pot d’échappement.

Car oui, pour survivre et espérer vivre longtemps, il faut se mettre à la page. Et pour espérer se faire connaître, à nouveau, autant avancer un élément de distinction. En effet, la Wiesmann Thunderball est le premier roadster électrique au monde. De quoi en être fier ? Evidemment ! Par bonheur, et contrairement à bien des marques, Wiesmann n’est pas tombé dans le piège des lobbies. L’habitacle est recouvert de cuir, de fibres de carbone. La réalisation est juste exemptée de défauts. La personnalisation est sans limite. Entre les deux seuls sièges, le tableau de bord accueille un écran digital, 21ème siècle oblige, et de nombreux cadrans au-dessus, car on reste dans une voiture néo-rétro à fond. Derrière les branches du volant, on distingue deux palettes. Pourtant, il s’agit d’une électrique. Mais comme la Honda e que nous avons essayée il y a quelques mois, ce système de palettes au volant permet de gérer, de jauger le freinage des moteurs électriques. Ce système compte cinq programmes personnalisables, que les propriétaires testeront sans aucun doute.

Au rayon des performances, la Wiesmann n’est pas du genre à lambiner. Déjà, c’est une électrique. De fait, et pour simplifier au maximum, il suffit de mettre des grosses batteries et des gros moteurs pour avoir une grosse puissance. Mais ce n’est pas du genre de cet artisan de proposer de telles autos. Elle se contente d’une batterie de 92 kWh, et même une de 83 qui arrivera en option à l’avenir. Laquelle est placée sur l’arrière de la voiture et qui n’alimente que deux moteurs électriques, un pour chaque roue arrière. Car la Thunderball reste une propulsion ! Une pure, une vraie, avec des pneus Michelin Pilot Sport 4S gros comme ça, 265/30 à l’avant et 305/25 à l’arrière, sur des jantes de 21 pouces. Avec une puissance de 671 chevaux et un couple de 1100 nm, le 0 à 100 km/h n’est qu’une formalité… En seulement 2,9 secondes.

Plus loin, le 0 à 200 km/h demande 8,9 secondes. Le poids étant surtout sur le train arrière, la répartition des masses est de 48/52%. La masse justement serait de 1775 kg, lourd pour une Wiesmann, mais dans l’absolu assez léger pour une électrique. Côté autonomie, on vise 500 km. C’est suffisant pour s’amuser sur les petites routes, non ? Elle accepte les charges sur des bornes de 300kW au maximum, autant que les 22 kW du domicile. La Thunderball répond à beaucoup de besoins de ses futurs propriétaires. Notamment celui de son habitabilité. A l’avant, le coffre propose 180 litres d’espace, et à l’arrière, une fois la capote en place, on parle de 125 litres. Au total, elle dispose d’un espace de rangement de l’ordre de 305 litres. Pas mal pour un roadster !

Wiesmann a voulu donner sa vision de la sportive de demain, tout en conservant son style d’un autre temps et sa conception très avancée mais actuelle. La Thunderball a pour objectif de faire aimer, de faire adhérer l’électrique aux plus réticents, en proposant une pure Wiesmann sur le plan de la conduite. Certes, le chant du V10 de la MF5 ne sera plus qu’un souvenir, mais le plaisir ressenti en cabriolet est sans commune mesure. Alors, nul doute que la Thunderball attirera quelques curieux. D’ailleurs, si parmi vous, certains sont tentés par ce beau roadster, Wiesmann accepte des précommandes. Côté tarif, rien n’est communiqué officiellement. Mais, compte-tenu des tarifs pratiqués par la marque à l’époque où les moteurs chantaient, nous jugeons l’addition à un tarif supérieur à 150.000€.