
Eux, ils sont pourtant en marge non pas que de la société, mais aussi de la production automobile. Quand la mode est aux SUV urbains, donc de plus en plus petits, Rolls-Royce commercialise un paquebot nommé Cullinan. Les berlines ne se vendent plus ? Qu’à cela ne tienne, deux des cinq modèles de la gamme sont des berlines. Que dis-je des berlines… des limousines oui ! Car même la plus petite limousine, la Ghost, est plus longue qu’une limousine chez les autres constructeurs – notez qu’on ne parle pas ici de concurrents, Rolls-Royce étant tellement à part. Mais il leur manquait un badge sportif. Enfin, sportif, disons plutôt dynamique. C’est avec le coupé, Wraith qu’est arrivée cette inscription. La Wraith est une tentative de la marque d’amadouer les plus jeunes. Aussi, elle a droit au V12 six trois/quart dans sa version la plus puissante, 632 chevaux. Une puissance très confortable, à mettre en comparaison également avec le couple, qui dépasse les 850 nm.

Affublée du Black Badge, les lignes chromes se parent de noir, et le comportement devient non pas plus sportif mais plus dynamique. Ensuite, le Black Badge est arrivé sur le cabriolet Dawn, qui n’avait droit, dans sa version normale, qu’au V12 de 571 chevaux. Mais avec le Black Badge, il atteint 600 chevaux ! Même chose pour le Cullinan. Le plumage est plus sportif, mais le ramage reste digne de Rolls-Royce, c’est-à-dire rien d’autre que calme et volupté… Wraith, Dawn, Cullinan, il manque un modèle qui ne connait pas encore de variante Black Badge. Pas un mais deux modèles, puisque ni la Phantom ni la Ghost n’ont de versions « audacieuse. » Le tort est réparé, à la Ghost d’y avoir droit !

La Phantom est un modèle à part, tant dans la production automobile actuelle qu’au sein même de la gamme Rolls-Royce. C’est le plus vieux modèle de la marque, avec huit générations au compteur. Modèle à part, alors traitement à part. Alors, pourquoi faire comme toute la gamme ? Pourquoi mettre une version Black Badge comme tout le reste du marché ? Ce serait un sacrilège !

La Rolls-Royce Ghost, on vous l’a déjà présentée. Mais désormais elle connaît une version plus « audacieuse » comme le dit la marque. Ou « Bold » pour Shakespeare. Présentée sur Internet, la nouvelle Black Badge annonce la couleur avec une robe… noire. Comme quoi elle ne trahit pas son badge, à l’inverse des Mercedes AMG Black Series qui n’ont jamais été présentées en noir. Sa face avant, toujours aussi statutaire, gagne en agressivité, avec cette couleur noire courant le long de la calandre jusque sur le pare-chocs. La calandre justement, parlons-en. Vue en option sur le BMW X6, son lointain, très lointain cousin, la calandre peut s’illuminer. Un peu too much pour certains, il faut se dire aussi que depuis une quinzaine d’années, les voitures se distinguent grâce à leurs signatures lumineuses. Aussi, pas de problèmes. Le Spirit of Ectasy devient noir, pour accentuer la sportivité. Plus agressive, en tous cas pour l’avant.

Qu’en est-il du reste de la carrosserie ? Elle reste sobre, même s’il faut avouer que sa robe noire lui donne un look assez sombre, peut-être trop. Heureusement, pour égayer tout cela, Rolls Royce a décidé de rehausser un peu le ton avec des touches de couleur disons… osées. La couleur choisie pour la voiture de présentation est un bleu turquoise qui suit toute la ligne de la voiture. Elle s’invite également sur le centre des roues, ainsi que sur les étriers de freins. Car les Black Badge se voulant être plus sportives, il faut bien que le look aille avec. Aussi, les étriers de freins sont donc plus visibles qu’auparavant. Entre les deux roues, deux portes de chaque côté ne demandent qu’une chose : s’ouvrir pour dévoiler un habitacle au-delà de l’imaginaire…

Les portes avant s’ouvrent « normalement, » tandis qu’à l’arrière, elles reprennent l’ouverture de « porte suicide » pour faciliter l’accès à bord. Définitivement, la meilleure place dans une Rolls, c’est à l’arrière. Mais il serait fâcheux de ne pas voir ce que donne une Rolls quand on tient sa barre. Car, qui dit Black Badge dit aussi puissance et comportement plus dynamique. Le V12 gagne un peu de puissance, pour pointer à 600 chevaux et 900 nm de couple. Elle bénéficie d’un châssis permettant la transmission et la direction intégrale, ce qui est plutôt rassurant avec une voiture de plus de 5 mètres de long !

L’habitacle de la voiture de présentation se pare de bleu turquoise, identique aux signatures extérieures. La finition semble être sans reproches. La couleur peut paraître un peu trop présente, puisqu’elle recouvre le tableau de bord et les sièges, mais une voiture de présentation doit montrer ce que la marque sait faire. Version un brin plus sportive, de la fibre de carbone trouve une petite place à l’intérieur de ce modèle. Il peut être, bien entendu, remplacé par des boiseries de toutes sortes. Autrefois une demande d’un seul et unique client, le plafond illuminé par des milliers de petits diamants est devenu une simple option, initiée sur la Wraith. Aujourd’hui, elle est disponible sur toute la gamme, hormis le cabriolet Dawn.

S’il est une marque qui sait faire des voitures spéciales, c’est bien Rolls Royce. De la Wraith à la Phantom, chaque Rolls est unique. Et pour cause, lorsqu’un client passe commande, il a le choix entre 44.000 teintes. Pire encore, il est possible de faire une Rolls biton, avec deux teintes. Il est également possible de faire broder son nom de famille sur les sièges, de mettre le blason d’une grande famille sur le tableau de bord… Tout est possible ! Deux limites : l’imagination du client, et son portefeuille. Le plus difficile est, vous en conviendrez, d’avoir le deuxième élément. Personnellement, ma Rolls est déjà dans mon esprit. Et vous ?