
Le Kadjar semblait être sorti deux à trois ans auparavant. A l’extérieur, si l’on passe sur le logo, on pourrait croire qu’il ne s’agit pas d’une Renault, tant il n’y a aucun élément stylistique de la marque. Pourtant, la Renault Talisman et sa signature lumineuse était dans les starting blocks. Et à l’intérieur, le terme austère lui sied à merveille. Pas de couleur, un écran petit et pas très ergonomique. Heureusement, Renault a bien compris que le Kadjar n’était pas une réussite. Il faut dire qu’il était basé sur le Nissan Qashqai, premier du nom. Son cycle de vie de 6 ans terminé, le Kadjar est (enfin ?) poussé vers la sortie pour laisser le champ libre à l’Austral. Un nouveau venu mieux armé que son prédécesseur ?

Il fait partie de cette « nouvelle vague », nouvelle gamme promise par Luca De Meo lors de la Renaulution. Plus haut de gamme mais toujours à l’écoute des besoins de la population, comme le récent Arkana. Renault a brouillé les pistes, on ne savait pas à quoi s’attendre avec son Austral. Camouflages de qualité, ils gommaient les lignes du futur SUV de la marque. Cela cache-t-il du nouveau ? Disons qu’on s’attendait à plus de… nouvelles lignes. Il s’éloigne du Kadjar pour se rapprocher du 3008 en termes de silhouette, avec notamment cette partie vitrée qui reprend le dessin de celle du Peugeot. Rien de mal à cela, puisqu’il s’agit d’une référence. Cela dit, on attendait une certaine originalité… Concernant les optiques, on retrouve les signatures lumineuses de la marque, avec cette forme en C à l’avant et ces deux barres leds à l’arrière qui tentent de se toucher… en vain. Sur ce point, il est à remarquer qu’un certain soin au détail a été apporté. C’est visible sur l’intérieur des optiques. Un élément change également, le logo. Lors de cette conférence Renaulution, la marque a promis un nouveau logo symbolisant sa nouvelle volonté, la nouvelle voie qu’elle veut suivre. Plus high tech, cet inédit double losange inspiré de celui imaginé par Vasarely en 1972 trône désormais fièrement en lieu et place de celui en chrome qui n’avait eu de cesse, depuis 2005, de grossir et de grossir encore. Un autre élément grossit, les roues. Austral laisse le choix entre 4 tailles, du 17 au 20 pouces. Une taille qui n’est pas sans rappeler la récente Mégane E-Tech 100% électrique ou même le dernier Renault Scénic.

Comme ces derniers, le Renault Austral fait partie de ces « voitures à vivre ». Pas simplement une voiture avec quatre roues et un moteur, mais qui veut offrir des sensations et un environnement qui invite au voyage, à passer des bons moments à son bord. Pour mériter ce titre, il faut savoir recevoir. L’habitacle reçoit alors toutes les attentions. D’immenses écrans orientés vers le conducteur lui transmettent les informations nécessaires à la conduite. Baptisée OpenR, cette nouvelle interface numérique est composée de 2 écrans, l’un de 12,3 pouces juste en face du conducteur et un autre de 12 pouces, positionné verticalement. Pourtant dépourvue de « casquette », la marque nous assure que les informations seront lisibles malgré les éventuels rayons de soleil. A la différence des premières tablettes du constructeur, les mises à jour des écrans se feront régulièrement et sans avoir à passer chez le garage Renault. En effet, Open R Link reçoit les services de Google comme Maps, Google Assistant pour l’aide main libre et Google Play pour les applications à bord. Selon les versions, un affichage à tête haute nouvelle génération s’invite, uniquement visible par le conducteur, d’une taille de 9,3 pouces. Entre les deux sièges avant, un espace de recharge à induction déjà vu sur les Arkana et Captur est de la partie.

Mais il n’y a pas que les écrans dans la vie, il y a aussi la vie à bord, le partage avec la famille. Pour partir en voyage justement, l’Austral peut compter sur une carrosserie 5 portes avec un coffre permettant un volume de chargement allant de 500 à 1525 litres une fois la banquette arrière rabattue. Cette dernière se plie de la manière 2/3-1/3, comme bon nombre de ses rivales. Elle peut également coulisser sur 16 centimètres pour laisser, au choix, plus de place pour le coffre ou aux genoux. Dans ce dernier cas, cet espace entre l’assise et le siège avant atteint 27,4 centimètres d’après la marque. En cumulant les espaces de rangement à l’arrière et à l’avant, la voiture propose un espace d’environ 35 litres. Concernant le système audio, Austral tourne le dos à Bose pour s’orienter vers Harman Kardon, à l’instar de BMW. Est-ce pour monter en gamme ? Sans doute, d’autant que l’habitacle suit cette envie. Des inserts en carbone, en Alcantara, en plaqué noir ou en bois véritable sont disponibles en option. Austral inaugure également une nouvelle finition.

Avec le concept Initiale Paris de 2014, Renault souhaitait montrer qu’elle pouvait proposer un haut de gamme à la française. Les dernières technologies au service de la France, en quelques sortes. Scénic, Espace, Talisman, Koleos, Captur et Clio ont reçu cette finition, sans que cela inquiète les premium allemands… Malgré l’arrêt des développements des Renault Sport, une finition haut de gamme et sportive nommée R.S. Line apparaissait sur Captur, Arkana et Clio. La présentation est soignée, mais le comportement sportif n’y est guère présent… R.S. étant de l’histoire ancienne, c’est désormais à Alpine de montrer ce que la France fait de mieux en termes de voitures sportives. R.S. Line est remplacée par la finition Esprit Alpine. Des changements ? Pas dans le fond, mais plutôt dans la forme. Comme la R.S. Line, l’Esprit Alpine fait apparaître une lame aérodynamique inspirée de l’univers de la Formule 1 à l’avant. Des jantes de 20 pouces au design spécifique au modèle nommées Daytona sont de la partie. Les rails de toit sont en noir satiné quand les éléments décoratifs sont en noir brillant. La carrosserie se pare d’une teinte inédite et spécifique elle aussi gris de schiste satin. A l’intérieur, des surpiqûres bleues s’invitent, avec quelques touches du drapeau français. L’alcantara finit d’habiller l’habitacle, ainsi que les inscriptions Alpine sur les pédales et les seuils de porte.

La conduite se fait à deux ou trois pédales. En entrée de gamme, un 3 cylindres 1.2 de 130 chevaux sera en effet associé à une boîte manuelle sur l’Austral. Sans doute, cette configuration sera-t-elle trop légère et sûrement peu choisie. Heureusement, d’autres motorisations sont au programme. Aucun diesel n’est à prévoir, puisque l’Etat Français veut dire au revoir à ce carburant à l’horizon 2025. Alors, pour avoir, plus ou moins, les mêmes consommations qu’un diesel, il faudra se tourner vers l’hybride. Baptisée E-Tech chez Renault, cette technologie est convaincante. Ici, les deux moteurs joueront de concert pour offrir jusqu’à 200 chevaux. La batterie, placée à l’arrière, ampute le coffre de 75 litres. Il en reste tout de même 500, soit une valeur dans la moyenne de la catégorie. Le reste des motorisations, des 3 et 4 cylindres essence de 145 à 160 chevaux, sont tous associés à de la micro-hybridation. Celle de l’E-Tech n’est pas rechargeable, ainsi, nul besoin de brancher le SUV pour avoir le plaisir de rouler en électrique. Cette motorisation est associée aux aides à la conduite, comme les détections de panneaux. Associé au freinage régénératif réglable sur quatre niveaux (1 de plus qu’auparavant), un radar distingue un STOP d’un Cédez le passage pour utiliser au mieux le système. Au total, ce sont 32 aides à la conduite qui officient dans l’Austral. Parmi elles, le système 4 Control.

La direction intégrale, ou quatre roues directrices, existe depuis un certain nombre d’années. Les Honda Prelude, Nissan GT-R R34, BMW Série 8 E31 en bénéficiaient déjà. Renault s’y est intéressée en 2008 avec la Laguna coupé. Les roues arrière braquent dans le sens inverse des roues avant jusqu’à une certaine vitesse et dans le même sens au-delà. Pour avoir goûté à cette technologie sur la Talisman Estate, même sur une courte distance, je peux attester de ses bienfaits. Désormais, le programme 4Control en est à sa 3ème génération. Constamment amélioré, il permet aujourd’hui de faire braquer les roues arrière jusqu’à 5°, ce qui fait baisser le rayon de braquage à 10,1 mètres, soit le même qu’une citadine ! Paramétrable sur plus de 13 niveaux, les modes de conduite et le système 4Control sont prêts à en découdre. Concernant les modes de conduite, quatre seront proposés, Eco, Confort, Sport et Perso. Pour passer de l’un à l’autre, deux solutions au choix. Soit manuellement, en utilisant les boutons, soit avec la voix, et l’assistant Google.

L’extérieur n’est pas révolutionnaire, mais l’intérieur l’est bien plus. Pas seulement esthétiquement, mais techniquement aussi, le nouvel Austral semble bien armé pour espérer faire de l’ombre au Peugeot 3008. Et peut-être réconcilier les déçus du Kadjar ? Reste à voir son tarif…