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Lamborghini Aventador Ultimae

Le temps passe à une vitesse… Souvenez-vous, en janvier 2020, la Covid était encore masculine. Elle était loin… très loin de nous, et il nous était impossible de dire qu’elle allait nous atteindre aussi rapidement. Ni aussi longtemps… Plus joyeux maintenant, en 2011, au Salon de Genève, Lamborghini présentait un nouveau modèle.

C’est dans les vieux pots…

La marque au taureau naît en 1963 sous l’impulsion de Ferruccio Lamborghini après que Ferrari lui a dit qu’il ne savait pas conduire ses voitures. Vexé, il construit d’abord la 350GT, puis la Miura avec l’aide notamment de Bizzarini, un ingénieur vexé lui aussi des propos de Ferrari envers lui. La Miura avait un V12 atmosphérique de folie en position centrale arrière. Ce moteur se retrouvera dans les Countach, Diablo, et jusque dans la Murcielago, soit une longévité extrême pour un moteur. Mais, avec la remplaçante de la Murcielago, Lamborghini a développé un nouveau V12. Comme toujours, il se place en position centrale arrière. 6,5 litres de cylindrée pour 700 chevaux. L’Aventador jette alors un pavé dans la marre en proposant une puissance supérieure à tout ce qui roule sur Terre en 2011. Peu avant cette date, Lamborghini a été rachetée par Audi, qui introduit dans cette marque d’ultra sport la technologie de transmission intégrale. L’Aventador signe alors un 0 à 100 km/h en 2,9 secondes, soit presque une seconde de mieux que tout ce qui roule en vente libre. Mais, le temps passe. Et, pour rester à la page, l’Aventador s’améliore, petit à petit. En 2015 sort l’Aventador SV, Super Veloce, super rapide, forte de 750 chevaux et d’un aérodynamisme retravaillé avec un aileron fixe et un look encore plus méchant. En 2017, c’est au tour d’une version plus civilisée de la SV de faire son entrée. Nommée Aventador S, elle place le curseur de puissance à 740 chevaux. Encore plus extrême, la SVJ fait son entrée en 2019. Plus puissante et plus légère, elle détient même pendant un court instant le record du Nurburgring en 6’47’’. Peu avant Goodwood, Lamborghini présenta une nouvelle version.

Physiquement, l’Aventador ne m’a jamais plu. Trop exubérante, elle semble parfaite pour les individus en manque de… manque. Aucune courbe, aucune élégance. Elle n’est pas fine. Les designers semblent n’avoir eu de compas que pour les roues. La carrosserie ? Tout à la règle. En devenant S, le bouclier avant s’est vu modifié, pour plus d’agressivité. Les versions SV et SVJ sont plus extrêmes, avec des ailerons, de la fibre de carbone apparente, du carbone forgé etc. Le nom entier de la nouvelle venue est plus long que la déclinaison de tous les noms lors des mariages. Lamborghini Aventador LP 780-4 Ultimae et Roadster. LP c’est pour Longitudinal Position, le moteur est en position longitudinale arrière, de 780 chevaux, et quatre roues motrices. Ultimae, le petit nom de cette nouvelle grande voiture. Mais est-ce vraiment une nouveauté ?

Au départ, l’Aventador était présentée comme une mini-supercar. Des performances de supercars à prix plus accessible. Sauf qu’avec le temps, la concurrence s’est affutée, très rapidement. Et, finalement, les performances de l’Aventador sont d’un autre temps… Dix années, en automobile, qui plus est de sport, c’est long, très long. C’est pourquoi, en l’affublant de la lettre S, Lamborghini l’a dotée des roues arrière directrices. Transmission et direction intégrale, pour la faire devenir plus pointue, plus performante. Le coup de bistouri extérieur ne suffit cependant pas à faire oublier le poids des années. Et ce n’est pas en devenant Ultimae que les choses vont changer.

Par rapport à la S, elle gagne encore en agressivité en marquant plus ses lignes aérodynamiques. Les prises d’air latérales derrière les portes semblent s’être agrandies. Le bouclier avant est repris de celui de la S, mais y ajoute une légère touche de rouge. Agressivité oblige… Le profil, lui, ne change presque pas, hormis les lignes plus prononcées comme déjà expliqué plus haut. Si, de trois quarts avant, on peut la confondre avec une Aventador S, à l’arrière, il n’y a plus de doute possible. Il est repris entièrement de la SVJ, l’aileron en moins. Alors, est-elle plus proche d’une Aventador S ou d’une SVJ ?

Sur le papier, l’Ultimae est une SVJ sans aileron. C’est toujours le V12 atmosphérique de 6,5 litres de cylindrée. Les sorciers de Sant’Agata Bolonese ont réussi à trouver dix chevaux supplémentaires dans ce monument mécanique. Un miracle. Le poids, en revanche, n’est pas miraculeux puisqu’ils annoncent une masse de 1550 kg à sec pour l’Ultimae, soit 25 kg de plus que la SVJ, et de moins que la S. Faible prise de masse et faible augmentation de puissance : tout cela permet-il de faire de l’Ultimae une vraie nouvelle voiture ? En regardant de plus près le couple de la voiture, peut-être. L’Aventador S dispose de 690 nm de couple, tandis que la nouvelle venue en propose autant que la SVJ, soit 720 nm. Pour rappel, toute la cavalerie est envoyée aux quatre roues, ce qui signifie des chronos excellents. Du moins, on est en droit à s’attendre à des chronos excellents. Sur le 0 à 100 km/h, il n’y a pas beaucoup d’équivalents, puisqu’il ne demande que 2,8 secondes. Le poids des années commence à se faire sentir quand on regarde le temps mis pour atteindre la deuxième centaine, 8,7 secondes. Ce n’est pas un temps mauvais à proprement parler, loin de là. Je sais qu’il s’agit d’une voiture à moteur atmosphérique et que, dès lors, les accélérations ne peuvent être aussi foudroyantes que celles des suralimentés. Mais une McLaren 720S, sortie en 2017, forte de 720 chevaux et 770 nm de couple, en propulsion, ne demande que 7,2 secondes pour atteindre les 200 km/h… C’est vrai aussi que la 720S dispose d’une boîte à double embrayage, alors que la Lambo n’en compte qu’un seul. Chère Aventador, il serait temps de prendre ta retraite.

Et si, toutes ses différences, tous ses défauts qui sont autant de chance ne la rendait pas comme un mythe sacré ? Car, à l’heure actuelle, il n’existe que peu de V12 atmosphérique sans aucune assistance électrique. Oui, sa boîte est lente, donne des à-coups, les performances sont un peu « dépassées », sa masse est élevée et une Huracán, sa frangine moins puissante est finalement plus performante. Mais n’est-ce pas la raison d’être de l’Aventador, être à part dans la production automobile ? Et, par extension, la raison d’être de Lamborghini ? Pour la première interrogation, oui. Pour la seconde, non, la marque étant rentrée dans le rang du profit à tout prix en faisant l’Urus. L’Aventador a pour elle un charme unique, auquel je n’adhère clairement pas mais que je reconnais. Elle dispose d’un moteur à tomber, avec un son à faire se hérisser les poils des avant-bras, même si mon cœur penche plus pour celui de Maranello. Ultimae ou non, Roadster ou coupé, l’Aventador est un monument automobile. Peut-être est-ce un modèle qui viendra, dans les années à venir, à coter énormément. L’Ultimae, encore plus. Assemblée à seulement 350 exemplaires en coupé, et 250 en Roadster, l’Ultimae signe la fin d’une ère. Un jour, peut-être, ce paradis nous rouvrira les portes. En attendant, il va falloir troquer nos cylindres en rang d’oignons pour des moteurs à sonorité d’aspirateur.

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis étudiant à l'ITM Graduate School au Mans, avec pour objectif de travailler dans le domaine de l'automobile.

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