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La Renaulution

Révolutions

Renault, en voilà une marque âgée ! La marque est née en 1898. Mes années de mathématiques me permettent donc de dire que Renault a 123 ans. Et ces dernières années, même ceux qui n’aiment pas les voitures ont entendu parler de cette marque…

Carlos Ghosn, avouez que vous avez entendu parler de cet homme d’affaires ces trois dernières années. Nous n’allons pas rentrer dans les détails, mais disons que le PDG de l’Alliance Renault-Nissan n’était pas tout blanc… Carlos Ghosn devient une grande personnalité de Renault-Nissan dès 2001. Et jusqu’en 2018, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes sous son commandement. Il enchainait les succès. Chez Renault, c’est lui qui a dit oui aux trois dernières Clio, au Captur, aux Twingo etc. Et c’est aussi sous son commandement que la marque a relancé la marque Alpine, en 2012, charmé par le projet de Carlos Tavares, passé chez PSA en 2016, devenu Stellantis il y a peu. Mais avec le scandale de 2018, plus personne chez Renault ne voulait en entendre parler, et plus personne n’est à la tête de l’Alliance franco-japonaise. Ce furent d’abord plusieurs dirigeants qui ont pris la place d’un seul. Mais il fallait bien quelqu’un pour diriger tout le groupe. Ils sont allés chercher l’homme d’affaires italien Luca De Meo, qui a lancé le projet d’une nouvelle 500 chez Fiat. Une bien bonne idée ! Alors on peut lui faire confiance ?

Au départ, je me disais « mais oui ça va le faire ». Et puis la Renaulution est annoncé. Comme toujours, il y a des rumeurs avant les annonces. Et malheureusement, elles étaient fondées… Certaines me sont égales, d’autres non… D’abord, les marques qui vont constituer le plus gros des ventes.

Nous avons, sans aucune surprise, Renault. Attention : les modèles les plus vendus et iconiques actuellement vont bientôt prendre leurs retraites. Twingo, Espace, Scénic vont prendre la porte de la sortie. Qui pour prendre leur place ? Personne. Luca De Meo veut inverser les plans pourtant établis depuis bien longtemps par la marque. Le nouveau PDG souhaite faire monter en gamme Renault, ce qui signifie une hausse du prix. Au revoir aussi les véhicules sportifs. Avec l’arrivée de la Clio V, la gamme Renault Sport ne comptait plus que la Mégane R.S., une belle représentante de la gamme. Les variantes sportives des modèles Renault seront badgées Alpine, mais ça, ce sera pour plus tard. Aujourd’hui, les Renault jouent sur tous les terrains, ou presque, de la micro-citadine Twingo au grand SUV Koleos, en passant par les gammes intermédiaires.

Demain, avec le plan Renaulution, la gamme se découpera, grosso modo, en deux parties égales : 7 voitures 100% électriques, et 7 voitures plus « conventionnelles », se positionnant sur les segments C et D, soient les compactes et les berlines. Par ailleurs, le groupe annonce que sa marque phare électrifiera toute sa gamme, ainsi la moitié sera 100% électrique, et l’autre à un plus faible pourcentage. Et ce, d’ici 2025.

Donc, d’ici 4 ans, Renault changera du tout au tout, et ce n’est pas pour nous déplaire. D’autant que le plan n’a pas l’air d’être mauvais. Parmi les voitures électriques, l’une sera une réinterprétation de la R5 d’antan. Le concept présenté allie assez bien les lignes originelles en y ajoutant les dernières technologies de la marque. Ce projet de relancer un ancien modèle à fort succès n’est pas sans rappeler la FIAT 500… Et Luca De Mao, dans sa grande volonté de tout changer, a débauché le designer en chef de Peugeot, Gilles Vidal, pour porter main forte au grand gourou du design du Losange, Laurens Van Den Acker. Une bien bonne idée tant les dernières réalisations du Lion portent en elle un caractère évident, dont manque certaines Renault.

Pour revenir à la montée en gamme de Renault, le nouveau PDG a annoncé un nouveau My Link, la future plateforme d’info divertissement des réalisations du Losange. En l’annonçant, Luca De Meo a précisé le fait que « Renault sera le premier constructeur automobile à proposer des services Google sur des véhicules grand public ». Impressionnant. Nous verrons dans le futur si c’était la voie à suivre. Cependant, je ne peux m’empêcher de penser aux précédents essais de la part de Renault de monter en gamme, et même de proposer des voitures de luxe : VelSatis, AvanTime – qui n’a désormais jamais aussi bien porté son nom – et plus récemment la ligne Initiale Paris, initiée par l’Espace et la Talisman. Résultats de ces tests ? Infructueux, voire pire. Espérons seulement que cette fois-ci, ça marchera…

Qui a déjà cherché à acheter une voiture sans se ruiner a dû lire des avis sur les Dacia, à raison. C’est même son leitmotiv. Renault a joué gros et a réussi un coup de poker incroyable avec Dacia. Nous sommes en 2004 et voilà qu’arrive sur le marché une berline, pas très belle, pas très sophistiquée, pas très grande, et terriblement accessible : voici la Logan. Depuis, la marque low-cost compte 5 modèles différents et a vendu, à ce jour, 7 millions d’exemplaires dans le monde ! Avec la Renaulution, Dacia s’est rapproché de Lada, pour diminuer les coûts au minimum. Pour ce faire, alors qu’aujourd’hui les différents modèles sont basés sur 4 plateformes, voilà que demain elles ne seront plus qu’une. L’achat malin à son maximum. Aux 5 modèles déjà présents sur le marché, nous en accueilleront 4 prochainement. Au printemps prochain, nous verrons arriver sur les routes le SUV urbain électrique le moins cher d’Europe, le Dacia Spring. Et les trois autres ? Ils seront présentés et commercialisés d’ici 2025, mais nul doute qu’ils seront abordables, tout en proposant moultes qualités. Ce qui nous amène à la présentation du futur porte-étendard de la marque low-cost, dévoilé sous forme de concept comme la R5 précédemment vue.

Vous le trouvez gros ? C’est normal, il l’est : 4m60 de long, ce qui équivaut au segment C. Et son nom renvoie à son format maximaliste, Bigster. Séparons-le en deux mots. Big, même si mon anglais ne s’est que très peu amélioré, je peux vous le traduire, ça veut dire gros ; ster, ça ne veut rien dire, mais il nous renvoie au Duster, et nous savons qu’il fait partie des SUV. S’il n’est qu’un concept pour l’instant, le Bigster devrait bientôt sortir, tant il a l’air d’être bien réalisé. Ses proportions exagérées lui confèrent un look de baroudeur assez sympa, notamment avec cette nouvelle signature lumineuse, plus « techno » que les anciens phares.

En quelques sortes, Dacia monte en gamme, tout en restant low-cost. Vous suivez ? Les investissements dans le domaine de la technologie de Renault commencent à être rentables. Ainsi, ils incorporent toutes les technologies déjà utilisées et connues dans les Dacia. Acheter une Dacia n’a jamais été une aussi bonne idée.

Vous l’avez lu et vu, la fée électricité est l’avenir. Du moins, c’est ce que les Etats et plusieurs marques automobiles pensent. De ce fait, les grandes villes songent à interdire leur accès aux voitures thermiques au profit des voitures électriques. Renault a pensé à ça, et va lancer une nouvelle marque : Mobilize.

La mobilité urbaine, revue et corrigée par Renault. Mobilize souhaite refaçonner l’utilisation des voitures, avançant plusieurs arguments pas idiots. Ils affirment que la voiture classique n’est pas utilisée souvent, reste 90% du temps à l’arrêt, tout en perdant de sa valeur. Pour cela, ils ont décidé de créer cette marque de voiture en autopartage, allant de véhicules pour une ou deux personnes, que nous allons vous présenter plus tard, aux véhicules avec chauffeur, ou encore des véhicules de livraison. C’est-à-dire tous les engins motorisés qui bouchent les rues de nos grandes villes. Pas si bête… Enfin, oui et non disons. Certains ont déjà essayé de s’y lancer, dans la mobilité urbaine électrique en autopartage, sans pour autant réussir à 100% leurs paris. Je pense notamment à l’Autolib, à Paris. Les utilisateurs ne faisaient pas forcément attention à ces voitures, particulièrement à l’intérieur, où l’état de l’habitacle pouvait laisser à désirer. La flotte d’Autolib s’est, depuis, dissoute et nous pouvons en croiser dans toute la France. Maintenant, ce sont les trottinettes électriques qui pullulent dans nos grandes villes… Mais c’est un autre débat. Aussi, pourquoi se lancer dans cette course à la mobilité urbaine alors qu’elle n’a pas totalement fonctionnée ? D’autant que Renault avait lancé un engin à quatre roues destiné à ce type de mobilité, en 2011, et ne s’est pas bien vendu…

Oui, mais ça, c’était avant. Le Twizy sort alors qu’on en est encore qu’au balbutiement de l’électrique. Pensez donc : à la sortie de le Twizy, Tesla n’était qu’une pseudo-marque qui, comme Fisker avant elle, devrait glisser la clef sous la porte dans les années à venir. Il est loin ce temps… Aujourd’hui, Fisker est bien mort, même si Karma prend un petit peu son flambeau, Tesla se porte à merveille, et le Twizy est sur le déclin. Comme quoi… Pourtant, elle proposait une vision de la mobilité intéressante. Il pouvait accueillir jusqu’à deux occupants – même si, c’est vrai, celui derrière le siège conducteur croit qu’il est puni tant il n’est pas forcément bien installé, mais ce second siège pouvait être remplacé par un coffre de 110 litres avec la version cargo – une bouille originale, une autonomie très correcte pour une électrique de 2011, surtout destinée à la ville : jusqu’à 120 km. A ce jour, les Twizy ne courent plus les rues, alors que les Tesla… Mais qu’importe, puisque Mobilize continue de croire au concept et pense même qu’il est sorti trop tôt. Et c’est avec le prototype dévoilé en même temps que les deux précédemment présentés que Mobilize redonne vie au Twizy, avec le EZ-1 Prototype. La réinterprétation du modèle Renault, à la sauce Mobilize, et à l’ère 2021. Aussi court et proposant les mêmes atouts que le Twizy, EZ-1 Prototype va encore plus loin. A l’heure où le recyclage prend une place de plus en plus importante, la version finale du quadricycle biplace se composera de 50% d’éléments recyclées. Et à la fin de sa vie, 95% de ses composants seront recyclés. De bien belles valeurs.

Mobilize propose une vision intéressante, mais est peut-être encore en avance. L’avenir nous dira si c’est un pari réussi, ou non, mais le projet est solide.

Il m’en a fallu du temps pour avaler cette annonce… Alpine devient une marque de voitures électriques. NON !!! Les rumeurs étaient donc fondées ! Pourquoi ??? Je m’emporte encore… Excusez-moi…

La renaissance de la marque n’était déjà pas gagnée lorsqu’en 2012, Renault annonce, par le biais du concept A110-50, la renaissance de la marque dieppoise. Pour ce faire, ils ont passé des accords avec Caterham, pour leur expertise en matière de voiture légère. Pas bête. Mais ce mariage, qui avait pourtant annoncé l’arrivée d’un bébé proche du concept Aeroseven chez les britanniques, fini en divorce en 2014. Dès lors, nous croyions la renaissance d’Alpine placé dans l’icône corbeille de l’écran d’ordinateur. Que nenni. Voilà qu’on nous annonce que l’Alpine des années 2010 verra bien le jour. Appuyons sur avance rapide. Et c’est alors qu’en 2017, au Salon de Genève, nous voyons l’A110 dans sa forme définitive. Nous ne pouvions, pour l’heure, que nous délecter de ses superbes proportions, de sa masse plus que contenue, de sa puissance amplement suffisante, et de son design à tomber. Viennent les essais, et ce qu’on pensait être un pari risqué, sûr à 90% échoué, s’avère être une réussite totale. Point d’avis négatif, la nouvelle A110 reste fidèle aux caractéristiques de l’A110 d’antan. Retour vers le futur, nous voilà donc en janvier 2021, et les annonces du futur d’Alpine. Accrochez-vous…

Actuellement, la marque ne compte qu’un seul et unique modèle : l’A110, décliné en version Pure, Légende et S, pour plus de sportivité. Dans les années à venir, le coupé sera accompagné d’une compacte sportive du segment B et d’un cross-over du segment C, totalement électriques. Les dirigeants rassurent les amoureux de la marque en assurant que le plaisir de conduite sera là. D’ailleurs, vous noterez l’utilisation du mot cross-over, et non SUV. Quelle est la différence ? D’après le designer en chef, Anthony Villain, un cross-over est plus sportif, moins gros et pataud qu’un SUV. Nous verrons cela lors de la présentation de celui-ci, mais faisons-lui confiance : il a dirigé le travail pour l’A110. En plus de ces deux futurs modèles, l’A110 deviendra, aussi, électrique à 100%. La marque nous rassure encore, en annonçant collaborer avec Lotus, dont le leitmotiv est, rappelons-le, « light is right », léger c’est mieux, grossièrement. Eh oui, le futur de Lotus sera électrique, lui aussi… Adieu les Elise, Exige et Evora aux 4 et 6 cylindres rageurs et bonjour – et pas bienvenue – à l’Evija, l’hypercar électrique de 2000 chevaux. Reprenons le cas Alpine. S’ils ont décidé de travailler avec Lotus, c’est qu’il y a une raison.

J’aimerais leur faire confiance, mais j’ai quand même peur. Passons aux annonces un peu plus réjouissantes. Renault Sport, voitures et compétitions, et Alpine ne feront plus qu’un, tout en conservant les mêmes personnes et la même philosophie qu’avant. Dès lors, les futures Renault sportives, si jamais il devait y en avoir, seront badgées Alpine, et l’écurie de Formule 1 deviendra Alpine F1, avec Fernando Alonso et Esteban Ocon en pilotes. La marque au A sera toujours présente en rallye, et en endurance, puisqu’elle sera présente à la prochaine édition des 24h du Mans. Luca de Meo continue sur sa lancée d’investissements, et prévoit que, d’ici 2025, Alpine sera rentable, tout en investissant dans le sport automobile.

Ça me fait terriblement mal de savoir que Renault veut faire de ma marque française préférée une marque de sportives électriques. Mais c’est dans l’ère du temps. Ce qui me rassure, c’est le professionnalisme des designers, des ingénieurs, des essayeurs et de tous les autres métiers, qui composent les équipes d’Alpine. Ils ont signé l’une des plus belles voitures de ces dernières années, et l’une des meilleures réussites de ces dernières années. Alors, faisons leur confiance.

Le groupe Renault continue sur sa lancée de l’électricité. Ils sont leader, avec la Zoé, et ont donc une certaine avance sur ce domaine. Cependant, avec toutes les études menées sur le propos de la soi-disant propreté de la motorisation électrique, leur futur n’est-il pas compromis ? D’autant que les bornes de recharge ne sont toujours pas légion dans nos villes. Le futur nous dira si le chemin pris par le groupe est le bon. Cela étant dit, Luca De Meo semble y croire dur comme fer, alors faisons lui confiance, même si cela me crève le cœur. Je songe sérieusement à mettre de l’argent de côté dès maintenant pour m’acheter une A110 Pure. Allez, encore 55.000€ et elle sera à moi !

Sources : site Renault Presse, l’Argus.

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis diplômé en journalisme automobile en 2023.

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