
Détroit, berceau de l’industrie automobile américaine. Cette ville connue du monde entier a vu naître de nombreuses marques automobiles, notamment Cadillac. 6 associés donnent naissance à cette firme en 1902, rendant hommage au créateur de la ville de naissance de la marque, M. Antoine de Lamothe-Cadillac. Très vite, la marque grandit en popularité et attire les investisseurs. General Motors se porte propriétaire de Cadillac à partir de 1909, avec l’idée d’en faire la marque de luxe du groupe. Ainsi, les innovations de confort et les gros moteurs, sans oublier les détails clinquants – les chromes omniprésents ou les ailerons verticaux inutiles – intègrent d’abord des Cadillac avant de devenir légion et arriver sur les voitures moins haut de gamme. Cadillac représente le luxe à l’américaine. Elle continue aujourd’hui de proposer des voitures sur-motorisées, comme la CTS-V. Ou encore inadaptées à nos contrées, comme l’immense l’Escalade. En revanche, les finitions intérieures restent encore très « américaines », pas forcément excellentes. Le luxe ne qualifie plus totalement Cadillac. Enfin, c’est ce que l’on croyait.
Dans l’idée du luxe, il y a celle de l’innovation constante. Et en cela, Cadillac a beaucoup perdu ces dernières années. Mais, maintenant bien remise de la crise de 2008, elle souhaite retrouver le public qu’elle avait un siècle auparavant : les riches propriétaires. Avec cette nouvelle voiture dénommée Celestiq, la marque de Détroit retrouve le courage qu’elle avait pendant les années 50-60, à savoir celui de commercialiser des concept-car sur la route. Car la Celestiq ne changera que de simples détails pour porter une plaque d’immatriculation. Prochainement, la Terre pourra donc voir rouler cette automobile de 5,35 m de long et 2 m de large. Une silhouette élancée qui ne comporte que peu d’arêtes. À l’avant, la calandre Cadillac est reprise, extrapolée de tous les côtés. Les phares, ou plutôt les leds, soulignent les contours de l’identité stylistique de la marque. De profil, l’absence de poignées de portes étonne autant que la taille du porte-à-faux arrière. Un arrière également fortement travaillé avec des feux stop élégamment intégrés. On est très loin du cubique Escalade.


Les différences d’avec le SUV de la marque continuent à l’intérieur. L’habitacle nous baigne dans un luxe inouï et un équipement technologique dernier cri. Sur ce point, Tesla ne semble pas si en avance que cela. Un écran court le long de largeur de la voiture. Il mesure 55 pouces de diamètre ! Plus bas, un autre écran de 11 pouces trône au niveau du tunnel central. Luxe oblige, les passagers arrière ont aussi droit à une panoplie d’écrans. Au milieu des deux sièges, une dalle de 8 pouces est présente, tandis que chaque passager arrière a droit à un écran de 12,6 pouces. Le dessin du reste de la planche de bord est très américaine, très horizontal et vertical. Très peu de courbes. En revanche, l’habitacle est très lumineux. Pour plusieurs raisons. D’abord, d’un point de vue technologique, 450 leds attendent de s’allumer et de jouer 18 animations en fonction du mode choisi. Enfin, plus classique, un immense toit panoramique, le plus grand à ce jour, permet de laisser passer les rayons du soleil pour éclairer tout en filtrant les UV dans l’habitacle. Mieux encore, chaque passager aura droit à son degré de « teintage ». Proposer une telle technologie est une fierté pour la marque. Personnalisable d’un point de vue du siège, du toit panoramique, et autres réglages, la Celestiq le sera aussi d’un point de vue apparence. Il ne faudrait pas que votre voisin ait la même voiture que vous ! Cadillac le promet : il n’y en aura pas deux pareilles !
En tous cas, d’un point de vue personnalisation. Car sur le plan technique, c’est autre chose. Et, vous l’aurez sans doute remarqué, mais la Celestiq n’a pas de pot d’échappement. Normal : elle est électrique. Elle est la première de la marque. General Motors a conçu une nouvelle plateforme spécifiquement pour ses futurs modèles électriques. Ultium, c’est son petit nom, est modulable et peut accueillir le nombre de cellules qu’il convient à chaque voiture. En l’occurrence, la Celestiq choisit une batterie de 111 kWh qu’elle positionne de manière horizontale dans l’empattement de 3 m de la voiture. Deux moteurs électriques permettent à la voiture d’approcher la puissance de 600 chevaux et le couple de 870 nm. Chiffre important pour une voiture électrique, l’autonomie. Cadillac espère atteindre les 300 miles, soit 483 km. Il faudra donc recharger près de 10 fois pour parcourir toute la Route 66 ! Encore faut-il y trouver des bornes fonctionnelles… Sur ce point, la Celestiq pourrait recevoir jusqu’à 200kW de puissance, permettant ainsi à la batterie de récupérer plus de 120 km d’autonomie en 10 minutes.


Quant au confort, Cadillac a mis le paquet. Ultium permet d’intégrer tout ce que veut Cadillac pour son futur porte-étendard. Ainsi, elle installe des suspensions adaptatives et suspensions magnétiques, fierté du groupe. Ce dernier système est encore amélioré pour atteindre le niveau 4.0. Des barres anti-roulis actives grèvent les mouvements de caisse, un spoiler actif permet de maintenir un certain cap à haute vitesse. Les moteurs électriques distribuent leurs puissances aux 4 roues, qui sont par la même occasion directrices. Les roues arrière pouvant tourner jusqu’à 3,5° à l’inverse des roues avant. Si l’accélération du quart de mile n’a pas été divulguée, celle du 0 à 100 km/h l’est : 3,8 secondes. Un temps de CTS-V, mais sans le son. Enfin, quasiment. Car la voiture, en plus de recevoir 38 haut-parleurs à l’intérieur pour le confort auditif des passagers, installe 4 haut-parleurs à l’extérieur pour prévenir les piétons du danger qui rôde. On n’arrête pas le progrès…
Mais quand le verrons-nous, ce progrès ? Cadillac envisage de commercialiser ce véhicule à partir du mois de décembre prochain, à un tarif de 300.000 $. Le prix d’un look de concept-car sur route, et tout le luxe intérieur. Et d’un modèle d’avant-garde, qui espère renouer avec le luxe et le succès. Car à l’horizon 2030, Cadillac deviendra une marque de modèles 100% électriques. C’est tout le contraire de ce qu’elle propose actuellement en Endurance avec son prototype LMDh au son tonitruant. Cadillac joue sur les deux tableaux en même temps, et ce n’est pas pour nous déplaire !

