
D’abord, allons en 2005, date à laquelle la « baby DB9 » est sortie : la V8 Vantage. Perte de longueur, mais pas d’élégance. La longueur de la bête ne dépasse pas celle d’une Mégane ! Question habitabilité cela dit, en perdant des centimètres, elle a aussi perdu les places arrière. Elle ne se vit qu’à deux, mais ce n’est pas plus mal. Imaginez. Vous, un éventuel passager ou passagère, un V8 atmosphérique, une boîte manuelle, propulsion, aussi long qu’une berline compacte, sur les petites routes de campagnes. Vous vous voyez ? Moi, oui ! Son V8 produisait alors 385 chevaux. Une petite GT somptueuse, l’œuvre de M. Henrik Fisker, avec un moteur qui l’est tout autant. Jusqu’en 2017, la petite Aston a connu des évolutions. Des hausses de puissance, des versions plus folles, des versions de course. Nous pouvons citer la N400 qui, comme son nom l’indique, a été mise au point sur le Nurbürgring, et développe 400 chevaux. Il y a eu la version roadster également, désirable à souhait pour un usage purement GT, mais très lourde. Au fil du temps, la boîte automatique est arrivée. Mais les premières étaient plutôt rugueuses. La Vantage se dégustait alors mieux en boîte mécanique. Une version cela dit a bousculé les codes, en 2009.

La légende raconte que le directeur d’Aston Martin a demandé à ses ingénieurs de mettre le moteur de la – grande – DB9 dans la – frêle – Vantage, c’est-à-dire un V12 sous un capot habitué à accueillir un V8. Une belle histoire, qui se voudrait vraie… Il ne la voulait que pour lui, appréciant son design et son gabarit, par rapport à celui, plus gros, de la grande GT. Alors, les ingénieurs l’ont fait. D’abord présentée en concept dans les salons automobiles, elle fut commercialisée ensuite. Elle développait 517 chevaux dans sa première série. Puis, le 6 litres a été remanié pour sortir 573 chevaux ! Pour distinguer une Vantage V12 d’une V8, il faut soit l’entendre, un V12 chante autrement plus aigu qu’un V8, soit regarder le nombre d’ouvertures sur le capot. S’il y en a deux, c’est la V8, s’il y en a quatre, c’est la V12. Facile, non ? Et, bien évidemment, elle connut des versions encore plus délurées.

Le roadster, déjà désirable en V8, l’est encore plus en V12 dès 2012. Ah et, je ne vous ai pas dit, elle aussi était disponible en boîte manuelle ou automatique. Ça donne envie. Cette même année 2012, la planète automobile a vu l’arrivée de la Vantage Zagato, ou comment sublimer un dessin déjà sublime. Merci le concours d’élégance de la Villa d’Este. Il y eut également la GT12, en 2015, version pistarde homologuée de la Vantage V12. Ici, c’est boîte auto, ou rien. Mais ce n’est pas grave, on s’en contentera !

D’ailleurs, la GT12 a donné ses appendices aéro à sa petite sœur la V8, devenue GT8. Enfin, pour un dernier tour de piste, des versions spéciales sont arrivées. En 2017, en hommage à la Vantage V600 des années 90, qui était une Vantage avec 600 chevaux sous le capot, Aston Martin a décidé de réitérer ce qui était un exploit à l’époque dans la petite Aston. Limitée à 12 coupés et 12 roadster, les V600 s’arrachent. Pour avoir pu en approcher de près – merci les 24h du Mans – la V600 est tout simplement folle, surtout pour une Aston.

Il y a eu aussi la Vantage AMR, et AMR Pro, des versions de piste, arborant les couleurs AMR, Aston Martin Racing. Les concurrentes de la Vantage ont déjà connu deux remplaçantes. Esthétiquement, elle n’a pas vieilli, sauf que point de vue prestations sportives, elle n’est plus vraiment au niveau. Il faut dire que la plateforme accuse près de quinze ans. Mais comment remplacer une œuvre d’art ?
Il faut que tout change pour que rien ne change dit la formule.

C’est en 2016 qu’Aston Martin prend un nouveau virage, et visage. Son fer de lance, la DB9, tire sa révérence pour laisser la place à la DB11 – la DB10 était la voiture de James Bond dans Spectre. Tout a changé, presque rien n’est commun. Pourtant, cette identité Aston demeure. Fini de jouer aux poupées russes, place à la nouveauté. Et la DB11 reste élégante, tout en étant racée. Impressionnante. Elle annonce le renouveau d’Aston, qui assure que la gamme va être renouvelée, et que chaque année, un nouveau modèle arrivera, pour remplacer un ancien. 2017 sous le signe de la Vantage.

On l’attendait. On l’attendait depuis l’annonce de la DB11. On l’attendait depuis que la marque a dit que la DB10 était inspirée de la Vantage nouvelle génération. On l’attendait depuis que la marque a signé avec AMG pour le partage des moteurs. On l’attendait, et elle est arrivée. Une chose est sûre, il est impossible de se tromper de génération de Vantage ! L’élégance de la GT de 2005 a disparu pour laisser place à l’agressivité de la sportive. Pour les uns, c’est un déchirement de voir une Vantage troquer sa beauté pour de la sportivité pure, pour d’autres, c’est un souffle enfin expiré. Enfin. Enfin, la Vantage devient une vraie sportive. Déjà, stylistiquement, il n’y a pas à douter, et pourtant on reconnaît un certain trait digne d’Aston. A commencer par sa calandre, de la même forme que les autres réalisations de la marque, le chrome en moins, la sportivité en plus. Même de profil, l’actuelle Vantage ne ressemble plus à l’ancienne. Est-ce une Aston ? Il suffit d’ouvrir la porte pour savoir si c’est bien une Aston Martin ; elle se lève pour ne pas frotter les trottoirs. Ingénieux. C’est un coupé deux places qui se veut sportif et qui l’assume, du bout du pare-chocs à l’aileron en queue de canard. Aileron qui a tant fait parler. Sert-il à quelque chose ? Est-il élégant ? Comme toujours, sur les réseaux sociaux, les haineux s’en donnent à cœur joie. Mais après l’avoir vue en vrai, la nouvelle Vantage est sublime.

Si l’ancienne était résolument GT et peu enclin à faire de la piste, la nouvelle semble prête à en découdre. Derrière la béante calandre se cache la salle des machines, partagée avec la Mercedes-AMG GT S. Il s’agit donc d’un V8 4 litres de 510 chevaux et 685 nm de couple. La boîte de vitesses est également identique à sa cousine germaine, une double embrayage à 7 rapports. Autant dire un bond dans le temps par rapport à l’ancienne ZF qui officiait sur les Vantage d’avant. A l’intérieur aussi, ça transpire la touche allemande, l’info-divertissement étant, lui aussi, partagé. Beaucoup d’allemand dans une Britannique, mais c’est pour la bonne cause : le renouveau d’Aston.

La Vantage a été mise au point par des pointures, notamment un ancien de chez Porsche, qui travaillait sur la 911. La Vantage demeure toutefois une pure propulsion à moteur avant, tandis que la 911 pouvait être propulsion ou quatre roues motrices, avec un moteur en porte-à-faux arrière, derrière les roues. Une différence d’architecture moteur influe sur le comportement routier. Lorsque le moteur est à l’avant, la voiture aura un poids important sur son train avant, qui doit faire tourner la voiture. Ainsi, au volant, elle sera moins sportive – en théorie. Dans la nouvelle Vantage, le sous-virage ne peut être effacé. Mais il n’est pas gênant pour autant. De plus, c’est une propulsion, donc les virages se négocient en regardant par la portière ! Bien sûr, il ne faut faire cela que sur route fermée, ou circuit. La Vantage n’est plus qu’une GT comme sa devancière, elle est bien plus sportive. Certes, elle pèse plus de 1730 kg, soit le poids d’un BMW X3, mais elle distille des sensations différentes et bien venues sur le segment. Un bol d’air frais tout droit sorti de Gaydon. Elle ne peut que subir la comparaison avec la 911, parfaite en tout, mais, à mon sens, trop parfaite et moins belle de génération en génération. La Vantage, sans perdre de sa superbe, a réussi à signer une œuvre d’art.
Comme sa devancière, elle va continuer de se bonifier avec le temps.

Environ un an après avoir présenté la Vantage « normale », la marque propose la Vantage AMR. Seulement 200 exemplaires pour ce coupé magnifique facturé 30.000€ plus cher que la Vantage d’origine. Pourquoi ? Laissons planer le suspense. Les teintes peuvent être très différentes des livrées d’origine, surtout pour les 59 dernières AMR, qui recevront la livrée de la DBR1 victorieuse en 1959. Trêve d’attente. La vraie raison pour laquelle l’AMR demande une augmentation d’environ 20% c’est pour la boîte de vitesses. Alors que la Mercedes AMG GT S – et les autres versions aussi – ne jurent que par l’automatique, Aston Martin a demandé à Graziano, spécialiste italien, la mise au point d’une boîte mécanique pour faire honneur à ses origines. Chose demandée, chose réalisée. Pour assurer la fiabilité du couple moteur/boîte, le couple s’est vu diminuer de 60 nm, soit 625, soit une valeur plus que suffisante pour laisser des traces partout où on démarre. La présence de cette boîte justifie-t-elle vraiment cette hausse de 30.000€ ? Oui, et non. Oui, parce qu’en plus, vous faîtes baisser le poids de 95 kg. Oui, parce que Porsche l’a fait avec la 911 R, et que cela a marché. Non, parce que cette boîte manuelle arrivera en option sur la Vantage dès la fin de l’assemblage de la version AMR. Mais, encore une fois, la 911 R s’est vendue comme des petits pains, et la GT3 boîte méca n’a pas fait perdre de valeur à la R. Cela ne dépend que du point de vue de chacun, mais les livrées des AMR promettent d’être sublimes…

Trois ans après la présentation du coupé, le roadster est arrivé. La perte du toit en dur pour une capote en toile et tout ce qui s’ensuit (ajout de renforts, du mécanisme) a coûté 60 kg d’après la marque. Comme sa sœur avec le toit, elle bénéficiera de la boîte à poigne. Mais, vous ne voyez pas quelque chose de différent par rapport au coupé ? Non ? Sa calandre peut-être ? Avec la Vantage Roadster, Aston Martin donne le choix entre deux styles de calandre. La calandre sportive, celle inaugurée par la Vantage en 2017, ceinte de noir, ou la calandre plus GT dans l’âme, avec le retour du chrome. Pour être honnête, j’ai eu du mal à me faire à cette calandre tant j’appréciais celle du coupé. Mais, avec le temps… Comptez plus de 158.000€ pour ce roadster.

Pour la sortie du 25ème film James Bond, No Time To Die, ou Mourir peut attendre pour les moins bilingues d’entre nous, Aston a dévoilé un duo exclusif, Vantage et DBS Superleggera James Bond Edition. La Vantage adopte une fixation pour les skis à l’arrière, et la teinte rappelle celles d’anciennes versions hommage. Limitée à 100 exemplaires. L’édition a bel et bien vu le jour. Le film, lui, on l’attend toujours…

La nouvelle saison de F1 a commencé le week-end dernier, avec une victoire de Lewis Hamilton. Mais la course en elle-même ne nous intéresse pas ici, Aston Martin n’ayant pas particulièrement brillé lors de cette course. Concentrons-nous plutôt sur les Safety Car de la course. Exit les Mercedes AMG GT R et C 63 AMG Break, faites place à la Vantage et au DBX. Pour fêter cette participation, la marque a mis au point la F1 Edition. La puissance se voit augmenter à 535 chevaux, sans pour autant améliorer les performances d’accélérations, toujours de l’ordre de 3,6 secondes. Destinée aux pilotes, cette version arbore un pack aérodynamique inédit sur la nouvelle Vantage, avec un aileron et des ailettes sur l’avant. Vous l’aurez remarquée, la calandre présentée est celle du Roadster. Mais il lui sied finalement très bien. Le toit est en fibre de carbone. Elle sera disponible en trois teintes, Aston Martin Racing Green, Jet Black et Lunar White. Elle pourrait être vendue en coupé et en roadster. Mon choix est fait.
C’est vrai, l’Aston Martin Vantage chante allemand, elle parle allemand à l’intérieur. Mais son design est britannique à 100%. Ce mélange des genres ne me dérange pas le moins du monde. Si l’AMG GT S est très efficace et plutôt réussie, la Vantage ajoute une alternative. Et si elle n’arrive pas à battre la 911, elle a le mérite d’essayer. Bravo Aston Martin, pour cette sublime auto.