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Bentley Mulsanne

La limousine par excellence est la Rolls Royce Phantom. Mais une challenger de grande taille lui a tenu tête de 2009 à 2020, c’est la Bentley Mulsanne.

Tandis que pendant près de 67 ans Bentley ne vivait que dans l’ombre de Rolls-Royce, son propriétaire, elle reprit son envol avec la Continental GT en 2002, mais ce n’est qu’en 2009 que la marque signe son grand retour. Filière ultra-luxe de Volkswagen, Bentley ne comptait pas encore de vraie limousine. Faute avouée à moitié pardonnée, voilà la Mulsanne. Et c’est elle qui fait office de voiture chic dans le garage. Véritable automobile de superlatifs, la Mulsanne est une voiture comme le monde n’en a que trop peu compté. Nous avons pu faire un tour à son bord.

Apercevoir une Bentley tient déjà du miracle. A part dans les grandes voire très grandes villes, une Bentley est un véhicule rare. Alors pouvoir s’en approcher pendant aussi longtemps, c’est au-delà du miracle. De plus, ce n’est pas une Continental GT ici mais bien une Mulsanne, la limousine en provenance directe de Crewe. Ce nom a été choisi en référence à la ville de Sarthe, qui a donné son nom au virage de la fin de la ligne droite des Hunaudières. Et, comme Bentley a gagné à 6 reprises sur les terres Sarthoises, quoi de plus normal que de nommer sa limousine ainsi. La Mulsanne en impose. De par sa calandre, ses gros phares ou, tout simplement, ses dimensions. Avec 5,58 mètres de long dans sa version normale – une version longue existe, avoisinant les 6 mètres… – et 1,93 mètres de large, son charisme est tout trouvé.

Le modèle ici présent est unique en Europe. Sa teinte, d’un blanc somptueux, soulignée par endroits d’éléments argentés, qui ne sont pas en aluminium ou en chrome mais bien en argent brossé, infiniment plus lourd mais infiniment plus beau, lui sied à merveille. Le haut de la calandre est surplombé d’un B ailé, le logo de la marque. Une option excédant 4000€. Cela peut paraître cher, mais compte tenu du prix de base de la voiture, c’est rien. A sa sortie, la Mulsanne était affichée à un peu plus de 300.000€, une note qui peut s’envoler très vite avec les innombrables options proposées par la marque. Elle peut sembler excessive, chère, horriblement tape-à-l’œil, mais il suffit de prendre la clef en main, de s’approcher de la voiture, d’appuyer sur le petit bouton de la poignée – en argent brossé s’il vous plaît – et de l’ouvrir pour oublier tous ces chiffres.

Les portes sont lourdes, mais quoi de plus normal ? En effet, la Mulsanne veut concurrencer la Rolls-Royce Phantom et, à ce titre, elle se doit de proposer un confort sonore au même niveau sinon mieux. Et pour cela, mettre de l’isolant phonique dans les portières semble être l’une des solutions. Et puis, ceux qui s’installent à son bord n’ont que faire du poids des portières, un voiturier se charge toujours de les ouvrir à leurs places. La première chose qui saute aux yeux quand on pénètre dans cette voiture est l’omniprésence des matériaux nobles. Je me souviens avoir lu, regardé des documentaires, des articles, des photos des essais de limousines comme les Rolls ou les Bentley me disant toujours que ce doit être absolument inouï à l’intérieur. Je ne m’attendais pas que ce soit à ce point-là. Le bas de la portière est souligné par le nom de la voiture, Mulsanne.

Pas une once de plastique à l’horizon, simplement des éléments ou recouverts de cuir ou moulés en argent brossé. Le ciel de toit est en cuir, bien sûr, mais il paraît être d’une épaisseur gigantesque. Pas de tapis de sol en cuir ici, mais de la moquette de moutons, issu d’élevages appartenant à Bentley. C’est aussi une option, à 1.700€, mais qui n’existe pas ailleurs, sinon chez Rolls. Le volant est gigantesque mais permet de bien prendre en mains le navire qu’est la Mulsanne. Le GPS n’est déjà plus une option chez Bentley avec ce modèle, alors qu’il l’est encore sur bon nombre de voitures d’aujourd’hui. Il peut d’ailleurs se retourner pour exhiber le matériau choisi pour la planche de bord, car les écrans ne sont pas toujours les éléments les plus élégants d’un habitacle.

Derrière le volant, des compteurs à aiguilles trahissent l’âge de la voiture. Pourtant, c’est bien plus haut de gamme qu’un affichage analogique. Parmi ces compteurs, il y a celui de vitesse à gauche et le compte-tours à droite. Même si, devant nous, le capot ne contient pas de moteur diesel, la zone rouge débute à 4.500 tours. Pourquoi ? Pour ne pas que le moteur ne rugisse trop haut et qu’ainsi il ne casse pas les oreilles de ses occupants. Nous verrons ensuite qu’il n’y a, de toutes façons, pas besoin d’aller aussi haut pour se mouvoir. Passons à l’arrière, pour découvrir les meilleures places d’une limousine. C’est en ouvrant ces portières que l’on comprend la raison de l’empattement géant, de 3,27 mètres. Ce ne sont plus des sièges mais de véritables fauteuils qui nous accueillent.

La porte refermée, deux boutons m’attirent. Ils sont numérotés, 1 et 2. Cela veut dire que deux programmes de positions des sièges peuvent être mémorisés par la voiture. Mais où sont les boutons pour modifier cette assise ? Les deux sièges ou plutôt fauteuils, peuvent être séparés, lorsque le siège central est inoccupé, par un accoudoir central d’où l’on modifie l’assise. Chauffés, ventilés, ils savent recevoir, aussi bien que TMP Cars. Juste devant, une tablette en bois peut être rabattue, tandis qu’à nos pieds se trouvent toujours les tapis de moutons. Tapissé de cuir des sièges au toit en passant par les portes, la Mulsanne ressemble plus à un grand salon qu’à une vraie voiture tant l’espace aux jambes est important. Et il existe une version longue ?

La même réflexion me vient à l’esprit lorsque nous attachons nos ceintures pour aller faire un tour avec. A l’avant, le capot moteur de près d’un mètres quatre-vingts s’anime. Il cache un joyau mécanique qui, pourtant, n’est pas le plus noble des moteurs de limousine. C’est un V8 biturbo qui officie dans cette limousine, alors que sa rivale Phantom utilise un V12 atmosphérique. Fort heureusement, la cylindrée est respectée. Le 6 trois quart, ou 6,75 litres, développe ici 512 chevaux, ce qui représente une cinquantaine de chevaux en plus qu’une Phantom. L’avantage de la suralimentation n’est pas tant la puissance que le couple, qui s’établit ici à 1020 nm, contre 720 pour la Rolls. Surtout que la Mulsanne met à disposition cette valeur dès 1.750 tours/minute. Ainsi, pas besoin d’aller bien plus haut que 2.000 tours pour rester digne sur la route.

Les premiers tours de roues s’effectuent d’abord sur une chaussée dégradée. Sans surprise, la Bentley gomme ces irrégularités pour nous laisser terminer notre nuit à l’arrière. Lorsque l’accélération est franche, la voiture se cabre, et plonge lors des longues phases de freinage. Le propriétaire du garage, Marat, nous confie d’ailleurs qu’il trouve la technologie de freinage sous dimensionnée ici. Sans doute. Cela dit, la Mulsanne reste un beau, très beau bébé. Avec tous ses éléments de confort, elle affiche une masse à horrifier les ingénieurs de chez Lotus. La balance affiche 2585 kg en ordre de marche. Il faut ajouter à cela les passagers, les potentiels bagages, et la troisième tonne s’affiche vite… De ce fait, son comportement n’est pas très sportif. Sa direction légère ne permet pas de savoir où l’on pose exactement les roues, mais cela nous est égal : la Mulsanne privilégie le confort aux sensations de conduite. Sur ce point, il semble que Bentley a rendu une copie parfaite. Enfin, presque parfaite.

Seul un grief pourrait être retenu, celui des passages de vitesses. C’est à cette époque que l’on commençait à associer des moteurs toujours plus gros à des boîtes automatiques, pas toujours exemptées de défauts, souvent rugueuses. Mais la rugosité n’a pas lieu d’être dans une Bentley. La boîte qui lui est associée propose 8 vitesses et fait savoir, parfois, le moment où elle passe le rapport supérieur. Rien de bien grave, car à l’arrière, on s’endort bien vite… Le retour dans le garage se fait en marche arrière, l’occasion de constater que l’écran du GPS n’a pas pris de rides, et qu’il est de meilleure résolution que certains actuels.

Approcher une limousine était déjà un rêve de gosse. Pouvoir monter dans une limousine également. Par le passé, j’ai eu la chance de rentrer dans une BMW Série 7 ou dans une Mercedes Classe S, mais la Bentley est au-dessus. En termes de qualité de fabrication, elle est très nettement au-dessus. Le détail qui tue, la qualité du cuir, jusque dans la partie du tableau de bord qui est cachée par la portière lorsqu’elle est fermée. Un souvenir inoubliable, à l’image de la journée.

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis diplômé en journalisme automobile en 2023.

Une réponse sur « Bentley Mulsanne »

[…] Elégance, un mot que l’on associe très souvent à une marque en particulier : Aston Martin. Point d’Aston ici, mais une Bentley pour nous consoler. Pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit de la Mulsanne, la limousine de la marque. Avec ses proportions démesurées, elle est loin d’être la citadine idéale. Par contre, pour les longs trajets en-dehors des villes, il n’y a pas grand-chose de mieux. Ce modèle est sorti de l’usine en 2011 et est unique en Europe. Vous la vouliez ? Trop tard, elle est déjà vendue. Mais nous avons fait un tour pour vous. Lire plus. […]

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