Catégories
Nouveautés

Mercedes EQS

Le monde de l’automobile thermique perd peu à peu du terrain au profit de l’électricité qui propose plusieurs avantages, comme celui d’être moins cher en utilisation. Mais aussi d’être silencieux. S, comme silence…

Est-ce vraiment pour cela que Mercedes a nommé sa grande berline luxueuse Classe S ? Peu importe, ce n’est pas ce qui nous intéresse. D’ici 2039, la marque à l’étoile va devenir neutre en rejet de carbone. Une bien triste nouvelle pour les moteurs AMG, peu à peu poussés vers la sortie, mais une bien triste nouvelle également pour l’histoire automobile, puisque Mercedes-Benz est l’une des premières – si ce n’est la première – marque automobile du monde. C’est Gottlieb Daimler, qui a donné son nom au groupe auquel appartient Mercedes, qui a créé, en 1886, le moteur V2 à allumage à brûleur et Carl Benz qui a créé, la même année, le véhicule que l’on considère comme la première voiture, le Dreirad. Et dire que cette marque historique dans le monde du thermique va passer à l’électrique… Mais plutôt que de pleurer sur l’avenir, restons dans le présent pour voir ce que va être l’électrique du futur selon Mercedes : l’EQS.

Les lettres EQ désignent toutes les motorisations contenant une batterie. Le CLA 250e que nous avons essayé arborait sur les ailes le badge EQ Power, pour montrer qu’il était hybride. Mais les Mercedes qui portent les lettres EQ auxquelles on ajoute une lettre supplémentaire, A ou C ou S désormais, sont des voitures 100% électrique. EQS, comme Classe S électrique. Sauf que c’est mal connaître Mercedes, qui ne négocie pas le virage de l’électrique comme Peugeot, puisque chaque modèle EQ a droit à une calandre très spécifique, contrairement aux électriques du Lion qui ne font qu’arborer du bleu sur la calandre. L’EQS a été totalement redessiné par rapport à la Classe S nouvelle génération. Signe ostentatoire par excellence mais qui fait toujours son petit effet, l’étoile sur le capot disparaît sur l’EQS, pour l’aérodynamisme. En effet, tout élément qui tend à perturber le flux de l’air fait perdre de précieux kilomètres d’autonomie à toute électrique. Et comme l’autonomie est le nerf de la guerre… Pour reprendre sur le design de la berline électrique, j’ai beau chercher… je ne trouve pas. Non, exceptés les logos sur la calandre et sur le coffre, tout est différent entre nos deux protagonistes. La calandre reprend les codes des différents concepts que la marque nous a présentés ces dernières années. J’en veux pour preuve le concept ci-contre, la Mercedes-Benz Vision AVTR Concept. Présenté en 2020 lors du CES de Las Vegas, il arbore à peu de choses près la même calandre que l’EQS. Ou bien est-ce l’inverse… Le profil fait plus penser à un coupé 4 portes qu’à une berline luxueuse. Et pour cause : les coupés 4 portes ont une ligne plus aérodynamique, donc consomment moins d’énergie. Toujours le même argument. Mais, à mon sens, et cela n’engage que moi, la partie arrière, très remontée, ne donne pas beaucoup d’élégance à ce véhicule… Peut-être aussi que son élégance m’est remise en question à cause de sa robe biton, mais j’ai un problème avec cette voiture… Espérons que la réalité me donne tort. L’arrière comprend un bandeau de feux à led qui n’est pas sans rappeler l’e-tron GT, l’une de ses concurrentes. Une grande berline qui se doit d’accueillir comme il se doit plusieurs passagers, non ?

Oui, et plutôt deux fois qu’une, voire quatre, puisque l’habitacle propose deux rangées de sièges. Ici, pas question de parler de banquette rabattable 2/3-1/3. Ce sont de vrais beaux sièges bien molletonnés. Suivant le jeu des options, longue comme le bras, le siège du milieu pourra, à coup sûr, disparaître au profit d’un véritable tunnel qui fera figure de mur de Berlin entre le passager arrière droit et celui de gauche. Mais, déjà, en configuration cinq places la séparation est large. Surtout, une tablette tactile est proposée, pour régler la climatisation, le chauffage etc. Cela va sans dire que les passagers arrière de ce style de voiture ne peuvent se plier en deux pour atteindre les aérateurs à une longueur de bras… L’habitacle semble sublime, extrêmement bien fini, très sobre dans cette configuration blanche. Un brin luxueux mais juste ce qu’il faut. Pas trop technologique, juste ce qu’il faut enfin, si l’on reste à l’arrière… Parce qu’à l’avant, ce n’est pas la même limonade… Lorsque j’étais petit, on m’a toujours dit qu’il ne fallait pas que je regarde la télévision trop près. Mais je m’approchais quand même. Puis, à force, je suis devenu myope. Est-ce le sort réservé à tous ceux qui regardent les écrans trop près ? Si tel est le cas, alors le conducteur de l’EQS risque de perdre très vite en vision…  

Mercedes-Benz EQS intérieur

La planche de bord entière a été dessinée d’un seul trait. C’est un bloc, un bloc noir contenant des écrans. Trois écrans. Le plus grand, au milieu, mesure 17,7 pouces et, en face du passager et du conducteur, deux écrans de 12,3 pouces chacun. Ils sont reliés les uns aux autres par un élégant bandeau noir, ce qui donne l’illusion d’avoir une immense tablette tactile de 141 cm, alors que non… Baptisé MBUX, ce module rassemble – encore heureux – toutes les informations essentielles – si ce n’est plus – à la conduite de la grande berline. Voilà pourquoi nous trouvons moults caméras tout autour de la voiture : lorsqu’elle navigue à vue dans des rues étroites, les caméras envoient directement un signal à la voiture et, sur l’écran, le conducteur pourra voir comment il s’en sort. Qu’il est loin le temps où les Mercedes-Benz n’avaient le GPS qu’en option…

L’EQS est donc une berline luxueuse de dimensions extrêmes – plus de 5,2m de long, 1,9m de large – mais a-t-elle toutes les qualités pour être une Mercedes aussi technologique qu’elle le dit ? Et est-elle une vraie alternative aux Tesla ?  

La réponse vient de la commande vocale de Mercedes elle-même. Une vidéo devenue virale montre un propriétaire de Mercedes-Benz Classe A demander à sa voiture ce qu’elle pense de Tesla, et elle de répondre « sûrement la même chose que vous, sinon vous ne seriez pas là ». Il est intéressant de voir que Tesla n’est pas la seule marque à narguer ses concurrentes et aussi de voir que Mercedes a préenregistré cette réponse est tout à fait drôle.

Outre ce gag, plutôt drôle, la question se pose réellement. Nous savons d’ores et déjà que Tesla est le maître en ce qui concerne l’autonomie mais, question sensations au volant, cela laisse à désirer. Car, à force de vouloir à chaque instant distraire ses occupants, ou au moins les occuper, elle en perd la notion de voiture qu’elle se doit d’être. Sur ce point, l’EQS peut tirer son épingle du jeu. D’ailleurs, comme il porte la lettre S, EQS sait recevoir. Prenons l’exemple du Pack Premium Plus ou, du moins, de l’une de ses caractéristiques. Lorsque le propriétaire s’approchera de sa voiture à environ 6 mètres, les poignées de portes sortiront de leur espace dédié et, une fois qu’il ne sera plus qu’à 1,5 mètre, la porte s’ouvrira d’elle-même. Une fois à bord, la fermeture se fera « sans effort » nous assure la marque. Via l’écran MBUX, le conducteur pourra également ouvrir les portes arrière. C’est beau la technologie… Sinon, le conducteur peut être galant et sortir de la voiture pour ouvrir la porte. Mais la galanterie se perd, paraît-il…

J’arrête de vous faire attendre. Nous sommes tous d’accord que l’électrique peut être l’une des solutions pour le monde de demain. Encore faut-il que nous puissions et la brancher facilement et l’utiliser comme une voiture « normale ». Sur ces deux points, l’EQS semble bien armé. Son autonomie, basée sur les normes WLTP, atteindrait 770 km dans la meilleure version et dans des conditions optimales, valeur obtenue grâce notamment au Cx record de 0,20, simplement hors du commun. Et, sur les bornes fournissant 200 kW, la voiture pourrait gagner 300 km autonomie en seulement 15 minutes. Les chiffres sont prometteurs, mais nous avons, je pense, tous déjà fait l’expérience avec nos outils informatiques : les brancher trop longtemps, ou trop peu, détériore la batterie. Aussi – et ce n’est pas une critique contre l’EQS mais envers toutes les électriques – je ne me sens pas encore en confiance avec cette motorisation. Cela n’engage que moi.

La berline électrique luxueuse d’après Mercedes-Benz donne un souffle de fraîcheur sur le marché de l’électrique. Enfin, lorsqu’un écolo voudra une voiture électrique, il ne se tournera plus uniquement vers Tesla. L’EQS est un modèle intéressant, que je suis impatient de voir. D’ici 2022, la gamme EQ de Mercedes-Benz comptera huit voitures. Nous avons déjà vu EQA, EQB, EQC, EQV, désormais EQS. Il en manque encore trois. Alors, à bientôt.

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis diplômé en journalisme automobile en 2023.

Laisser un commentaire