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Pagani Utopia

Son maître est Leonardo Da Vinci, le célèbre génie italien. Comme lui, il considère que chaque chose doit être à la fois belle et fonctionnelle, que « les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail ». Lui désigne Horacio Pagani. Fondateur de la marque éponyme, il est l’auteur de trois modèles à part entière. Après la Zonda, sortie en 1999 qui séduit encore les foules, et la Huayra, sortie en 2011 qui s’est vendue comme des petits pains, voilà venir celle qui se faisait encore appeler C10 il y a quelques jours. Désormais, elle se nomme Utopia. Et nous allons vous la présenter.

Pagani Zonda HP Barchetta

Pour beaucoup, Pagani est inconnue. Et c’est bien triste, car ce petit artisan dessine parmi les plus belles voitures du monde. Les matériaux de pointe se conjuguent aux facéties les plus folles pour une finition impeccable. Fibre de carbone par-ci, cuir haut de gamme par-là. Dès la présentation officielle de la Zonda C12 au salon de Genève de 1999, Pagani a fait office de maître-étalon dans le monde de la supercar. Le menu est alléchant. La coque et la carrosserie sont en fibres de carbone, car Horacio Pagani a appris à façonner et utiliser ce matériau dès le début des années 80 quand il était chez Lamborghini. Le moteur chante allemand, il provient de Mercedes, et se couple à une boîte manuelle. La finition est tirée au cordeau, rien ne dépasse, rien n’est mis de travers. Elle est exemptée de reproches. Tout au long de sa vie, la Zonda s’améliore. La Zonda S, la Zonda F, la Zonda R, les Zonda 760, les Roadster… Toujours proposées à des prix faramineux mais toujours en adéquation avec la proposition : vous n’aurez pas la même voiture que votre voisin, soyez-en assuré. La Zonda termine, officiellement, sa vie lors de la présentation de la Huayra. Cette dernière se met au biturbo pour respecter les normes, la boîte passe à l’automatique avec tringlerie apparente. A l’exception de ces deux éléments importants, la Huayra ne change rien à la recette du succès de la Zonda. Et la suite s’annonce grandiose, avec la BC, la Roadster, la BC Roadster, puis, récemment, la Huayra R. Malgré ce cocktail alléchant, la Zonda est encore très demandée, et il arrive très souvent que des énièmes versions de Zonda soient présentées alors que la Huayra est censée avoir pris sa place sur les lignes de montage… Qu’importe. Zonda comme Huayra sont des réussites. Alors, qu’attendre de la nouvelle mouture ?

Un rêve, ni plus ni moins. Et tel est le choix de son nom. L’Utopia est à l’origine le titre de l’œuvre littéraire de Thomas More écrite en 1516. Il y décrit une société imaginaire idéale. Un rêve irréaliste qui nomme parfaitement cette Pagani. Elle reprend le meilleur des deux précédents modèles, de la Zonda sa finesse et de la Huayra son avancée technologique. Elle les mélange et en ressort alors toute la quintessence de la beauté. Au total, ce sont plus de 400 dessins, six années de gestation, et plusieurs maquettes pour rendre compte de l’efficience aérodynamique de l’œuvre. L’inspiration est venue directement des années 50-60, l’époque où les carrosseries étaient avant tout dessinées par des artistes sans notion d’argent ni de sécurité… Epoque durant laquelle Horacio Pagani a grandi. Pour autant, ils n’ont pas voulu tomber dans le néo-rétro, mais plutôt rester dans leur ligne de conduite : l’intemporel.

Pagani Utopia nom
Pagani Utopia 3/4 arrière

Les lignes arrondies sont loin de convenir à cette époque où la mode est aux arêtes marquées. L’Utopia souffle un vent de fraîcheur. Mais elle n’en oublie pas ses racines et réussit à allier la beauté, la finesse aux dernières technologies initiées dans la Huayra. Ainsi, la voiture se dote d’un splitter actif à l’avant, d’ouvertures permettant une meilleure pénétration dans l’air. Ce dernier trouve toujours un chemin où passer, preuve que les ingénieurs et designers de chez Pagani ont pensé à tout. De profil, le dessin est toujours fin, élégant. Détail qui tue : les lanières en cuir pour fermer les ouvrants… Ou les rétroviseurs, d’un somptueux… A l’arrière (ma partie préférée) le mélange Zonda-Huayra fait encore mon bonheur. De la première elle reprend la disposition des feux et de la seconde le fonctionnement des ailerons actifs. Une fois encore, l’air est choyé avec une place toute faite entre les arches de roues et la fin du pare-chocs… Lequel compte encore et toujours ces quatre sorties d’échappement, signe que le moteur a besoin d’expirer.

Et comment ! Si la voiture reste intemporelle, elle reste une automobile sortie dans les années 2020. Ainsi, le moteur est suralimenté. Mais quel moteur… Il s’agit de la même base moteur que la Huayra, le fameux V12 6.0 AMG, commandé spécialement pour la marque et fournit seulement à Pagani. Lequel développe ici une puissance encore jamais vue dans une Pagani. Cette immense pièce en fibre de carbone et titane – nous y reviendrons – cache une cathédrale capable de délivrer 864 chevaux à 6.000 tours/minute. Le couple dantesque de 1100 nm est disponible dans une plage très étendue de 2.800 à 5.900 tours/minute. La zone rouge, elle, s’établit à 6.700 tours, soit 200 tours supplémentaires par rapport aux modèles précédents. Cela laisse coi. Les chiffres d’accélération ne sont pas (encore ?) divulgués, mais nul doute que nous ne serons pas déçus.

Pagani Utopia V12 AMG
Pagani Utopia intérieur

Déçus, nous ne le sommes pas non plus lorsqu’on ouvre la porte en élytre de l’Utopia est que l’on scrute la planche de bord. Comme pour l’extérieur, c’est du pur Pagani. Et comme pour l’extérieur, je ne pourrais me lasser de tourner autour… Tout n’est que matériaux précieux. Rien n’est laissé au hasard. Les ajustements sont parfaits… L’aluminium poli se mêle au cuir somptueux. Les sièges, réglables manuellement, donnent envie de grimper à bord et d’enchaîner les kilomètres. Et, quelle bonne surprise de ne pas voir d’énorme dalle numérique au centre du tableau de bord ! Car, une nouvelle fois, telle est la volonté de la marque de faire de chacune de ses réalisations une icône intemporelle. Si pas d’écran, alors l’habitacle ne vieillira pas. En réalité, un seul existe, il se place derrière le volant et affiche les données importantes au conducteur, telles que la vitesse, le mode de conduite utilisé, la pression des pneus… Le strict minimum. Conçue pour nous dépayser, l’Utopia réussit son tour de force. Également dans son choix de transmission.

Deux boîtes sont proposées, toutes deux en provenance de l’équipementier X-Trac. L’une est une boîte automatique robotisée à simple embrayage et triple disque, comme la Huayra. Ce choix s’explique par la volonté d’Horacio Pagani de vouloir intégrer le conducteur à la conduite, qu’il sente la voiture vivre. Loin de la rapidité d’une double embrayage, cette boîte semble toutefois convaincre l’homme à la tête de l’officine, et cela suffit pour qu’on lui fasse confiance. L’autre choix réside dans… une boîte automatique. A la demande générale, ou majoritaire, de ses clients qui demandaient une telle boîte dans la Huayra, Horacio Pagani se plie aux exigences et propose une boîte mécanique. Mécanique ou automatique, l’une comme l’autre sera placée en position longitudinale, afin d’équilibrer les masses, et auront à passer aux roues les valeurs stratosphériques du moteur que nous avons vues précédemment.

Pagani Utopia tringlerie de boîte
Pagani Utopia vue de haut

Pirelli a été choisi pour concevoir ces gommes capables de faire adhérer l’Utopia. Une tâche complexe sans aucun doute. A l’avant, les roues forgées en provenance d’APP Tech s’entourent de gommes de 265-35/21 et à l’arrière de 325-30/22. L’Utopia semble prête à se dégourdir les jantes sur le goudron des plus prestigieuses pistes de la planète. Pour cela, Pagani a également mis au point une suspension dernier cri, initiée sur la Huayra R. Comme la nouvelle Porsche 911 GT3, il s’agit d’une double-triangulation, permettant une direction plus précise et un appui majoré. Les amortisseurs semi-actifs sont conçus, là aussi, pour le circuit, mais restent à l’aise sur la route, grâce aux différents modes de conduite. Enfin, au rayon des freins, Pagani fait confiance à Brembo. Comme de coutume, on parle ici de freins carbone-céramique, qui permettent en principe de garantir des distances de freinage records et une constance absolue. Pour l’Utopia, les disques avant mesurent 410mm et comptent six pistons, contre 390mm et 4 pistons à l’arrière. Et comme Horacio Pagani ne veut pas perdre ses clients, certaines aides à la conduite sont intégrées, comme un ESP calibré en collaboration avec Bosch. De même, l’Utopia a passé toutes les homologations nécessaires, afin de garantir la sécurité à bord de ses voitures.

Mais une Pagani ne serait pas une Pagani si elle n’était pas légère. Une fois de plus, il serait plus rapide de faire l’inventaire de tous les organes qui ne sont pas en fibre de carbone que l’inverse, tant le composite s’invite dans l’hypercar. Le châssis est fabriqué par Pagani avec un mélange qui n’existe que là-bas. En réalité, plutôt deux mélanges de deux types de fibres de carbone et titane, d’un côté le Carbo-Titanium HP62 et de l’autre le Carbo-Triax HP62. Des noms de vaisseaux spatiaux pour une voiture spéciale. Toujours est-il que, sur le papier, ça fonctionne très bien, puisque la rigidité en torsion serait majorée de 10,5%. Grâce aux avancées technologiques de la marque, les besoins en composants de la carrosserie, en fibre de carbone, ont été diminués de 20%, de quoi faire de petites économies de kilogrammes. Revenons deux petites lignes au moteur. Ce V12 de 6 litres de cylindrée a fait un petit régime aussi, pour n’afficher que 262 kg sur la bascule. Soit un cinquième du poids total. Car cette bête surpuissante, surcoupleuse, intemporelle (ou anachronique) ne pèse que 1280 kg à sec. Le rapport poids/puissance descend alors à moins d’1,5 kilogrammes par cheval. Hâte de la voir !

Pagani Utopia arrière

Troisième œuvre, et, sur le papier, encore un sans faute de la part de Pagani. Seulement 99 exemplaires de cette Utopia coupé vont être fabriqués, avec de nombreuses variantes, à n’en pas douter, dans les années à venir. Toujours plus puissante et plus légère, on se demande où il va s’arrêter… Espérons une chose : que cela dure.

Pagani Utopia portes ouvertes
Pagani Utopia portes ouvertes

Par Iwen

Passionné d'automobile de toutes époques, je suis diplômé en journalisme automobile en 2023.

2 réponses sur « Pagani Utopia »

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